Chapitre 16 : Coronado

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Je m'étire longuement, et sentant l'appareil amorcer sa descente vers les terres, je suis les recommandations des hôtesses en redressant mon siège et en attachant ma ceinture.

Le regard perdu sur l'horizon, j'observe le sol se rapprocher lentement et les silhouettes informes se transformer en bâtiment. L'aéroport international de San Diego se dessine doucement dévoilant ses longues pistes d'atterrissage et de décollage.

L'avion se pose en douceur sur l'asphalte et après un freinage un peu brusque et quelques centaines de mètres au ralenti, nous somme enfin autorisé à quitter l'appareil.

Je bondis prestement de mon siège, évitant ainsi les voyageurs encombrés de bagages et non pressé de sortir.

Les contrôles de sécurité lors d'un voyage au sein du pays sont moins stricts et je sors rapidement du grand bâtiment de verre avisant déjà un taxi libre.

Je salue poliment le conducteur en m'installant dans le véhicule et nous échangeons quelques banalités sur les conditions de vol avant que je lui donne la destination à atteindre.

Je cale ma tête contre la fenêtre tout en continuant à discuter avec le chauffeur, qui passe les vingt minutes que dure le trajet à me parler de ses deux enfants, dont il est particulièrement fier, et du talent innée de la petite dernière pour danser affublé d'un tutu rose bonbon.

C'est quand je me retrouve devant la grande bâtisse blanche, au bout de son allée de cailloux tout aussi blanc, que je prends conscience de ne pas avoir vérifié qu'ils étaient bien présent.

Je parcours les derniers mètres me séparant de leur porte, le cœur battant à tout rompre, à la fois impatient et perturbé à l'idée de les revoir.

Le besoin de rejoindre ma famille était si fort que je n'ai pas pris la mesure du pas que je m'apprête à franchir.

Pour la première fois depuis Louis, c'est moi qui viens à eux. Moi, qui me suis évertué à les garder à distance, pendant toutes ces années, je reviens vers eux, pas seulement pour combler ma solitude, mais aussi et surtout parce qu'ils me manquent.

D'une main tremblante, j'appuie sur la sonnette activant la douce mélodie du carillon intérieur et respire profondément. J'entends alors les bribes d'une conversation et des pas qui se rapprochent.

Le soleil déverse ses rayons rougeoyant sur la ville alors qu'il disparaît lentement à l'horizon et moi, je tremble comme une feuille en plein mois d'octobre en attendant que la porte s'ouvre enfin.

Une clef qui tourne dans une serrure, un battant qui pivote sur ses gonds, puis un rai de lumière vient se dessiner sur le plancher du perron que je contemple avec application, tandis qu'une douce voix vient s'immiscer dans mes oreilles.

— Ty ?

Je relève le visage et c'est comme si le temps s'arrêtait. Mon regard se plonge dans celui ambre de ma mère. D'abord surprise, elle fronce un instant les sourcils avant de réaliser que je suis vraiment là, sur le pas de leur porte.

Elle s'avance vers moi et vient poser une main tremblante sur ma joue avec toute la tendresse dont elle dispose. Je remarque ses yeux brillant de larme avant de fermer les miens et de me lover contre sa paume réconfortante, appréciant ce contact si familier.

Je prends de lentes inspirations, pour tenter de faire refluer le flot de perles salées amassé sous mes paupières, respirant au passage le doux parfum floral que je reconnaîtrais entre mille.

Je l'entends soupirer lourdement, puis renifler discrètement, quand elle vient se plaquer contre mon torse son deuxième bras encerclant ma taille tandis que son visage se niche dans mon cou.

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