Nouveaux Collègues

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Bonjour ! Après 800 ans d'absence, je reviens (enfin) avec du bartheill ; en espérant que vous allez aimer et n'hésitez pas à commenter, positivement ou négativement <3 Love !

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Carte postale de Yann à Martin, juillet 2016

Bonjour Martin ! J'espère que tu vas bien et que tu t'amuse bien là où tu passes tes vacances. Je suis au Japon pendant tout l'été, et chose promise chose due, je t'envoie une petite carte postale pour te montrer que oui, c'est très agréable de passer son été au Japon. Je profite d'écrire cette carte pour te dire que j'ai eu Laurent au téléphone : pour la rentrée tu partiras normalement qu'avec un seul JRI. Enfin, on règlera tout ça en septembre, pas d'inquiétudes (tu vas te demander pourquoi je ne t'envoie pas d'e-mail, mais je t'avoue que je ne comprends rien à leur Wifi).

Passes d'excellentes vacances, à bientôt,

Yann Barthès, ton dévoué (nouveau !) patron qui même en vacances pense à la rentrée.


« Arigato gozaimasu* », dit Yann en souriant à la serveuse du café qui venait de déposer une tasse de thé brûlante sur la table. Il faisait une température élevée dans la petite ville japonaise, mais Yann donnerait tout pour pouvoir passer des années ici, dans cette bulle nippone qui le protégeait de l'ambulante agitation parisienne. Un petit tas de cartes postales reposait sur la table en bois clair, toutes achetées au même endroit mais composées de photographies différentes, représentant chacune une vue ou un quartier emblématique de Tokyo, que Yann avait quitté la veille. Bien qu'il adorait chaque recoin de la capitale, ce que Yann aimait faire, c'était de visiter une énième fois les petites villes aux alentours, et il finissait généralement dans le même café, à écrire des cartes postales qu'il envoyait à sa famille mais aussi à ses collègues.

Un nom de plus s'était rajouté sur la liste des destinataires cette année : Martin Weill. Ce reporter au visage timide mais aux arguments forts qui avaient su convaincre Yann et Laurent de l'embaucher, et qui avait fait perdre une demie-heure dans l'emploi du temps de Yann lorsqu'ils avaient discuté dans la simplicité du bureau de ce dernier, le jour de son entretien.

Peut-être que ce n'était pas pour éviter une réunion ennuyante que Yann s'était laissé emporté par la couleur indéchiffrable des yeux du jeune reporter, mais il avait préféré étouffer ce qui commençait à naître au creux de son estomac.

Et puis, de ce qu'il avait appris (non, Yann n'avait pas espionné les réseaux sociaux de Martin, ou bien un petit peu, mais tous les patrons font ça, non ?), le jeune reporter partageait déjà sa vie avec quelqu'un. Quelqu'un qui semblait presque fantomatique. Mais quelqu'un contre qui Yann ne pouvait rivaliser. Quelqu'un qui était une femme.

Mais Yann s'en fichait de la vie privée et amoureuse de Martin, car après tout, ce n'est que son employé, n'est-ce pas ?


SMS de Martin à Yann, août 2016

Salut Yann, je passe de bonnes vacances je t'en remercie. J'ai reçu ta carte postale du Japon avant-hier, et c'est vrai que je dois t'avouer que c'est très beau comme pays ! Cela ne m'étonne pas que tu ne comprennes pas leur Wifi, ça arrive à toute personne atteignant la quarantaine tu sais. Concernant le reportage en septembre, il faudrait que je vois avec toi et Laurent pour les hôtels et le budget qu'on aura, mais je pense que je viendrais aux bureaux fin août.

Bonne fin de vacances !


Martin reposa son téléphone sur la table basse du salon et s'empressa de rejoindre ses parents et sa sœur dans le jardin de la grande maison familiale, où il entendait déjà le doux chant des cigales. Il avait écrit ce SMS à la va-vite et en le relisant rapidement, il se demanda brièvement pourquoi le courant passait si bien entre Yann (qui était son patron) et lui ; jamais il n'aurait osé plaisanter de la sorte sur l'âge d'un de des supérieurs. Mais Yann restait Yann, et Martin savait pertinemment que ce jeu-là continuerait de plus belle à la rentrée, que ce soit dans l'intimité des loges ou dans la collectivité du plateau du Petit Journal.


« Ah Martin ! s'écria son père lorsqu'il vit son fils arriver près d'eux. On trinquait justement à ton nouvel emploi.

— Mais on l'a déjà fait quand on l'a appris papa, s'étonna le jeune homme en voyant – une nouvelle fois – ses parents sortir le champagne.

— Et alors ? On ne fête jamais assez une bonne nouvelle ! »


Martin rit, et s'assit à côté de sa sœur qui s'occupait d'ouvrir un paquet de biscuits apéritifs. Sa mère, quant à elle, s'éventait avec sa main et commençait à énumérer – une nouvelle fois – ses inquiétudes vis à vis des pays dangereux que Martin devra sûrement traverser (Laurent lui avait déjà parlé de la Syrie) et elle ne cessa de lui énoncer toutes les précautions qu'il devra prendre.


« Ne t'inquiète pas maman, je sais ce que je fais, et puis je ne serais pas tout seul, répondit le jeune homme, un brin agacé que sa mère le prenne toujours pour un enfant.

— Et puis, peut-être que Tintin va enfin trouver le grand amour grâce à ses voyages ! déclara sa sœur en lui faisant un clin d'œil pas du tout évocateur. »


Martin rit nerveusement (c'est toujours embarrassant ces discussions avec sa famille), c'est vrai qu'il n'était pas régulier dans ses relations. Il avait quitté sa dernière petite amie il y a quelques jours ; et il avait déjà oublié le motif.

Mais lorsque sa sœur prononça cette phrase, sans savoir comment ni pourquoi le visage de son nouveau patron, Yann, se dessinait devant ses yeux, comme une apparition fantomatique dont il était le seul à pouvoir distinguer.

Troublé, Martin but une gorgée de champagne et les fines bulles qui se brisaient contre son palais vinrent effacer peu à peu le visage de Yann, et les cigales semblèrent se taire un instant.


* « merci beaucoup » (japonais)

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Merci d'avoir lu ! <3 La suite arrive bientôt !

Cartes PostalesWhere stories live. Discover now