Chapitre 1 - partie 3

8 0 0
                                    


            David et elle passèrent en cinquième et Michaël en troisième. Hervé n'était plus au collège et Alicia l'oublia d'autant plus facilement.

Le passage de Michaël en troisième était difficilement pour Alicia. Et plus la fin de l'année approchait, plus c'était dur car chaque jour passant diminuait ses chances. Cependant, elle restait consciente que l'examen était important pour lui et que pour rien au monde il ne laisserait une fille lui enlever ses chances de le réussir. Leur timidité respective était telle qu'aucun des deux n'osa faire le premier pas envers l'autre. Durant toute l'année scolaire, ils n'échangèrent pas un mot : regards furtifs et sourires étaient leurs seuls moyens de communication. N'ayant aucune expérience dans le domaine de la séduction, elle n'osa pas essayer un seul des conseils qui lui étaient prodigués.

A la fin de l'année, pendant une heure de permanence, une surprise attendait Alicia alors qu'elle jouait aux cartes avec trois camarades. Joëlle et elle contre Virginie et Laetitia. Cette dernière ayant découvert leur signe de reconnaissance, Alicia et Joëlle durent changer de signe.

Adossée contre une fenêtre, Alicia exposait son idée à Joëlle, assise sur une table face à elle, qui l'écoutait avec attention tout en regardant dehors de façon distraite. Voyant le regard de sa complice se faire plus insistant et plus intéressé par ce qu'il y avait à l'extérieur qu'à ses explications, Alicia se retourna en se demandant ce qui pouvait l'intéresser autant puis elle vit Michaël. Depuis un mois que les troisièmes avaient la possibilité de travailler leurs examens chez eux, Alicia avait presque oublié le visage de Michaël. Elle fondit en le voyant, mais ses traits tirés lui firent mal au cœur. Elle aurait aimé passer sa main sur ce visage qui la faisait tant craquer, lui enlever cet air fatigué d'un geste tendre et amoureux. Mais au moment où elle se rendit compte que la séduction et la tendresse ne s'apprenaient pas, elle savait qu'elle n'avait alors plus aucune chance.

Pendant le jeu, Alicia se mit à rêver. Joëlle la tira de son rêve en lui demandant :

— Raconte un peu, ça a l'air intéressant.

— Tu veux vraiment que je te dise ?

— Et moi aussi ! s'exclama Laëtitia. On est tes amies et des amies se doivent de tout partager. Peines, chagrins, joies et surtout les rêves et les bonheurs, alors dépêches-toi !

— Et bien voilà. Une semaine avant de partir pour l'Italie, j'ai rêvé que Michaël venait aussi. Nous étions assis sur les marches d'une église. Il avait l'air... préoccupé, dit-elle pensive. Songeur vraiment dans ses pensées.

— Un peu comme tout à l'heure ? demanda Joëlle.

— Un peu, oui.

— C'est vrai qu'être sérieux avec toi c'est pas facile alors... pensif, il a dû jouer la comédie, non ? fit Virginie.

Brusquement, Alicia se tourna vers Virginie et lui fit comprendre que si ça ne l'intéressait pas elle pouvait toujours partir.

— Il faisait chaud et nous étions assis sur des marches à l'ombre d'une église. Il y avait un parterre de fleurs tout autour de nous. La majorité était rouge mais il y avait des petits groupes de fleurs jaunes qui coupaient. L'ensemble était très joli.

Ses trois camarades échangèrent un petit regard : elle était vraiment amoureuse. Ses propos, la façon dont elle s'exprimait et ce regard perdu indiquant qu'elle était entièrement repartie dans son rêve ne laissait pas de place au doute.

— A un moment, il se retourne vers moi, l'air grave. Il me prend les mains, les caresses, les regarde comme pour y puiser du courage. Il relève lentement la tête, me regarde droit dans les yeux, et là... là il me dit : « Ali... je t'aime ».

— Et qu'est-ce que tu lui as répondu ? demanda Laëtitia.

— Rien.

— Qu'est-ce qui s'est passé après ? insista Joëlle.

— Ma mère m'a réveillée, répondit-elle déçue.

A la mine qu'elle faisait, les trois filles éclatèrent de rire. La sonnerie retentit peu de temps après. Ensemble, elles se dirigèrent vers le garage à vélos et attendirent le surveillant. Mais aujourd'hui, elles n'étaient pas pressées de partir. Une bonne atmosphère régnait entre elles et aucune n'avait envie de la briser en quittant les autres, cependant, arrivées au portail, elles durent se résigner.

Durant les vacances, Alicia apprit que Michaël avait réussi ses examens et qu'il était admis au lycée Toulouse-Lautrec. Elle fut heureuse pour lui mais était déçue. Même sans lui parler, tant il était encore au collège, elle pouvait le voir et l'entendre. Car bien sûr, elle se débrouillait pour passer à côté de lui deux ou trois fois par récréation sans oser lui parler malgré les conseils de Nathalie, une camarade commune qui le connaissait depuis la maternelle et qui était présente à la piscine ce fameux jour de juin.

En septembre, Alicia passa en quatrième ainsi que David et son meilleur ami, Christophe Mimolette, un grand brun aux yeux verts. Ils furent tous les trois dans la même classe. Alicia devint amie avec une jeune rouquine qui répondait au nom de Céline Alibert.

Après un mois et demi passé avec Alicia, Céline se décida enfin à lui confier son secret. Aussi, un soir en rentrant à la maison, elles en parlèrent. Devant ce trait de confiance, Alicia fit de même et lui raconta son début «d' histoire » avec Michaël, ou du moins ce qu'elle ressentait pour lui, dans les moindres détails.

Le mois de janvier approchait à grands pas, amenant avec lui l'anniversaire d'Alicia. Ses parents étant d'accord, elle organisa une surprise partie dans la salle à manger. Elle avait invité entre autres Céline, David et Christophe. Eux trois seulement savaient en quel honneur cette boum avait lieu. Sachant que David et Christophe étaient des amis du fameux Michaël, et qu'Alicia en était amoureuse depuis longtemps maintenant, Céline alla trouver les garçons et leur demanda de l'amener le jour de la fête. Christophe fut d'abord contre cette idée, mais David l'avait adoptée. Sachant que le jeune homme gardait un bon souvenir de la journée passée avec cette fille pleine d'entrain, il décida de tenter le coup en lui en parlant. Mais n'étant sûr de rien, il demanda à Céline de ne rien dire à Alicia, ni même de lui laisser sous-entendre quoi que ce soit. Il aimait beaucoup Céline mais savait que l'excitation lui faisait perdre le contrôle de sa langue.

Une vie, une renaissanceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant