Une vie, une renaissance

Chapitre 2 - partie 4

            

            Et il est vrai que Céline avait réellement quelques doutes. Depuis la fameuse boum, elle avait trouvé, à plusieurs reprises, que Christophe avait eu diverses réactions bizarres. D'abord, il y avait eu son refus pour l'invitation de Michaël et ensuite, ça avait été une succession de regards, de gestes ou de petites attentions. Elle regarda ses quatre camarades en se demandant ce qu'il se serait passé si elle n'avait pas insisté auprès de David pour inviter Michaël ou si les couples ne s'étaient pas formés, ou si, ou si... il pouvait y avoir tellement de questions qui resteront sans réponse. En plus, aucune d'elles n'aurait value de sacrifier leur amitié et leur complicité commune. A ses yeux, rien ne serait jamais plus précieux que ses quatre camarades. Cependant, Alicia était persuadée que c'était Céline qui le faisait craquer. Sa jolie silhouette, ses cheveux poils de carotte et ses pétillants yeux verts en avaient fait craquer quelques-uns mais son obsession pour David l'avait rendue aveugle face au charme des jeunes gens qui l'entouraient. Michaël et David, eux, furent plus terre à terre en observant les réactions de Christophe qui pourrait leur livrer le moindre indice. En voyant le regard brillant de Christophe posé sur Alicia, David souffla de soulagement. Par contre, Michaël saisit Alicia par la taille pour la plaquer contre lui en lui offrant une protection de ses deux bras et lança en feignant un ton de colère :

— Elle est à moi ! C'est une propriété privée !

— Je me battrai pour l'obtenir.

— Et moi pour la garder, alors méfie-toi de ce que tu feras envers elle à l'avenir, s'énerva Michaël.

— Eh ! Je ne veux pas être méchante, mais s'il y a quelqu'un qui a des raisons de se mettre en pétard ici, je crois que c'est moi. Je ne suis pas un pantin et je tiens à dire que si quelqu'un doit faire un choix entre l'un ou l'autre, c'est quand même moi la première concernée. Sinon, je peux partir.

— Bien sûr, bébé, excuse-nous, s'amenda Michaël.

— Mais tu sais, puisqu'on parle de toi, autant que tu sois au courant maintenant, ça évitera qu'on te rapporte la conversation, plus tard.

— C'est gentil, mais bon, j'aurais autant aimé prendre la décision toute seule.

— Tu en prendras une quand même.

— Ah bon ? Laquelle ?

— Celle d'accepter ou de refuser la nôtre ! continua de la taquiner Christophe.

— Tu vas voir toi, si je vais attendre que vous ayez pris votre décision avant de prendre la mienne, lança-t-elle menaçante.

— Dis, lança Michaël en resserrant son étreinte et en posant un baiser dans son cou, tu n'es pas bien dans ces bras doux et forts autant que protecteurs et câlins ?

— Ce n'est pas compliqué, la seule personne qui m'intéresse c'est celle que j'aime et que j'ai choisi, alors je reste avec ma puce.

— Ecoutez, j'ai une proposition à vous faire, intervint Céline.

— Tu nous intéresse, vas-y parle, fit David.

— C'est tout simple. Elle prend Michaël comme mari et Christophe comme amant.

— Si ça n'embête personne, je préfèrerais que ce soit le contraire.

— Pourquoi ? Tu ne voudrais pas de moi comme épouse ?

— Si, bien sûr que ça me plairait ! Mais quitte à avoir un amant, je préfèrerais que ce soit moi.

— Pourquoi ?

— Parce que l'amant, même s'il n'est pas le plus aimé, c'est quand même le plus désiré. Vois tous les mensonges à inventer, c'est mieux. En plus, se voir en cachette rajoute du piment à la relation.

— C'est une façon de voir les choses, mais si tu préfères m'avoir comme maîtresse que comme épouse pour toutes les raisons que tu as évoquées, c'est peut-être que tes sentiments pour moi ne sont pas assez forts pour être vécu au quotidien avec tous les problèmes liés à la vie de couple. Donc, je devrais peut-être aller voir le temps qu'il fait du côté de chez Christophe.

— Euh, je dirais juste une chose. Avant de parler mariage et adultère, j'aimerais qu'on voit les choses venir toutes seules. Qu'en penses-tu ? demanda Michaël.

— Ça me parait bien plus raisonnable, en effet, mais ce revirement me parait un peu lâche, non ? Qu'en penses-tu Céline ?

— Et bien, ce que j'en dirais, moi, ça risque de ne pas plaire à tout le monde, alors...

— Alors tais-toi, lança David.

— Ça va, t'en fais pas pour toi, t'es pas concerné.

— Alors raison de plus pour que tu te taises. T'as vu la polémique que t'as lancé avec ton histoire de mari et d'amant !

— Oh, ça va ! C'est pas parce que vous êtes majoritaire que nous, les filles, on n'a pas le droit de parler !

— De toute façon, droit ou pas, nous n'allez pas vous gêner pour prendre le gauche.

Amusée par l'échange entre David et Céline, mais craignant qu'ils ne finissent sur une dispute, Alicia se décida à intervenir

— Moi, non ; mais Céline, c'est une autre histoire.

— Tu vas voir si je vais me gêner, alors ouvrez bien grand vos oreilles. Et je l'affirme haut et fort. Oui, les garçons, vous êtes des lâches. Dès qu'on vous demande de prendre une décision pour l'avenir, comme par hasard, il n'y a plus personne. Vous trouvez toujours une excuse pour vous dérober et si par malheur la décision qu'on prend ne vous plait pas, vous ne nous lâchez plus jusqu'à ce qu'on laisse tomber.

— C'est bien dit, ça ! Tu as bien raison ! Et si ça n'a pas plu aux garçons, je peux t'assurer que moi, j'ai aimé !

— Laissez tomber les mecs. Même en minorité, elles auront toujours raison, c'est bien connu. C'est d'ailleurs pour ça que David et moi ne voulons pas que tu trouves quelqu'un. A armes égales, je n'ose pas imaginer le carnage qu'elles feraient de nous.

Entendant les éclats de rire provenant de l'espace vert, Virginie comprit que le groupe y était encore. Elle avait rappelé sa conquête du début de semaine et décida d'aller faire étalage de son bonheur aux cinq compagnons tout en leur montrant qu'elle n'avait eu aucun mal à trouver un remplaçant.