Chapitre 2 - partie 5

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            Tous étaient à nouveau assis sur le banc qui leur faisait tourner le dos au chemin d'accès, à part Christophe qui était debout face à ses amis et par conséquent à l'entrée du parc. Une subite envie de méchanceté s'empara de lui. Il se redressa sur ses ergots et haussa le ton en lançant :

— De toute façon, je préfère ne sortir avec personne que sortir avec un boudin qui se prend pour un mannequin.

— Regarde-moi, répliqua Michaël, je sors avec un petit boudin et j'en suis très fier. En plus, tu veux me le piquer !

— Merci pour le petit boudin, fit Alicia.

— Mais tu sais que je t'aime, ma chérie.

— Heureusement, répliqua-t-elle en répondant à son baiser.

— Ton petit boudin, ça se comprend, mais un comme celui qui arrive, on le laisserait volontiers à la boucherie, tu ne crois pas ?

Tous se retournèrent alors et virent les arrivants.

— Un petit boudin comme lui ? C'est clair !

— Dommage !

— Pourquoi ?

— Car le mec qui l'accompagne n'en est pas un, lui !

— Dis donc, toi, ça va, je te dérange pas ?

— Non, ça va, merci.

— C'est cool, quoi !

— Oui, pourquoi ?

— Parce que. Je ne te permets pas de regarder un autre mec, et surtout pas de cette façon-là !

— Ah, c'est pour ça !

— Et oui, c'est pour ça, lança sarcastiquement Michaël en imitant le ton d'Alicia.

— Il fallait le dire avant.

— Ça veut dire quoi, ça ?

— Rien.

— Menteuse !

— Oui.

— Alors, vas-y parle.

— Juste que Christophe a un joli petit cul, rien de plus.

— Ça y est, c'est reparti les histoires de cul, fit Christophe en se retournant pour se faire admirer.

Malgré son mécontentement dû à ce qu'elle avait entendu de la discussion, Virginie essaya de garder son calme et son naturel. Elle s'approcha du groupe, tout en délaissant momentanément son "fiancé", et tenta de faire la bise aux cinq compagnons comme si elle ne les avait pas vus de la journée. Chacun à sa façon l'envoya sur les roses. Christophe lui dit d'aller faire le tour des motels du coin au cas où elle pourrait trouver chaussure à son pied, Céline admira ses mains et ses ongles, comme elle en avait l'habitude lorsque quelqu'un qu'elle n'appréciait pas se trouvait près d'elle. Sa seule solution dans ces cas était d'ignorer la personne comme si elle était invisible. David et Michaël se concertèrent à propos de leur équipe de rugby fétiche et Alicia, pour une fois ne fut pas la plus cru, et déclara qu'elle préférait encore rentrer chez elle regarder "Dallas" que de rester devant une face de rat, ce qui risquait de lui couper l'appétit. En passant devant Virginie, elle la regarda et lança :

— Je suis désolée pour ces pauvres petites bêtes car au moins, elles, elles sont mignonnes !

— C'est vrai ! Moi à ta place, j'aurais plutôt dit : une face de cul de babouin ! Allez, je t'accompagne, fit Christophe.

De tels résonnements emplis de cruauté laissaient le jeune homme qui accompagnait Virginie ébahi d'incompréhension.

— Comme je tiens trop à mon bébé pour le laisser seul avec toi, je vous accompagne, fit Michaël.

— Oh, c'est vrai qu'il est tard ! Attendez-moi, j'arrive.

— Eh ! Ne me laissez pas seul avec cette folle, je n'ai pas envie de me faire violer ! s'écria David.

— T'inquiète, si elle te touche, je lui colle une tarte, fit Céline.

Alicia, Michaël, Christophe et David se regardèrent puis éclatèrent de rire.

— Je crois que tu commences à déteindre sur Céline, fit Christophe à Alicia.

— Oui, et je peux te dire que c'est un beau spectacle. Pour une fois qu'elle se dresse contre la bonne personne et pas contre celle qui s'en protège, mieux vaut ne pas rater ça.

Virginie se sentait de plus en plus mal à l'aise et avait encore plus de mal à faire bonne figure. Elle essaya de sauver un peu la face en demandant le plus innocemment possible aux "inséparables" la raison de leurs piques répétées. Stupéfaite par le culot de la jeune fille, Alicia se retourna et fit un pas vers Virginie. Elle ne connaissait que trop la lueur noire qui brillait dans les yeux d'Alicia et elle préféra tendre le bras, afin d'empêcher la jeune fille d'approcher de trop près d'elle.

— Ne me touche surtout pas, un conseil, sinon je te jure que tu auras droit à un vol gratuit pour rentrer chez toi !

— Pourquoi est-ce que tu me traites ainsi après tout ce qu'on a vécu ensemble ?

— Justement ! Parlons-en de ce qu'on a vécu ! Après tous les mensonges dont tu m'as affublée et les hypocrisies que tu as eues à mon égard depuis qu'on se connaît, tu espérais quoi au juste ? Que je reste aussi naïve jusqu'à ma mort ? En tout cas, il y a un point positif pour lequel je te dois un remerciement. Et oui, au moins un et c'est à cause de lui que tu te mords les doigts aujourd'hui. C'est que le caractère que j'ai maintenant c'est à cause de toutes les crasses que tu m'as faites. Et oui, d'une certaine façon, je suis ta créature.

— T'es vraiment pas juste. Et tous les conseils que je t'ai donnés pour séduire Hervé, t'en fait quoi ?

— J'en fais quoi ? Rien du tout, ils n'ont servis qu'à me faire avoir par toi. Entre être prise pour une imbécile et être à la risée de tout le collège, je sais pas où j'ai marqué le plus de points. Alors tes conseils, tu peux te les mettre... où je pense !

— Tu te calme, la harpie, fit le copain de Virginie.

— Ecoute-moi bien, toi. Primo, je ne t'ai rien demandé et segundo, je vais te donner un bon conseil, un vrai conseil. A ta place, je prendrais mes jambes à mon cou et je partirais avant qu'elle puisse m'ajouter à sa liste de vache à lait qu'elle a déjà épuisée. Rien qu'ici, on est déjà deux sur sa liste. Alors, si moi, je suis méchante, elle est quoi, elle ? Je t'assure que si tu partais maintenant, elle ne te retiendrait pas tellement elle est occupée à pleurer sur son sort.

Légèrement indécis, mais tracassé par le manque de réaction de son amie, il le regarda ne sachant que faire. Suivre les conseils de cette inconnue qui avait l'air de savoir de quoi elle parlait même s'il doutait que Virginie soit ce monstre qu'elle décrivait, ou rester auprès d'elle pour essayer de la soutenir au mieux qu'il pouvait le faire ? Mais Virginie n'attendit pas que Marc prenne sa décision. Ne pouvant retenir plus longtemps sa colère et sa rancune envers Alicia, elle engloba tout le monde dans le même sac et leur envoya tout un bouquet coloré d'insultes avant de rentrer chez elle pour calmer sa tension en se jetant sur tout ce qu'elle pouvait trouver à manger. Elle ne pouvait pas croire qu'une personne puisse être aussi cruelle envers elle qui lui avait tant donné. Et en plus, devant son copain. Quelle honte ! 

Une vie, une renaissanceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant