Chapitre 5 - partie 3

1 0 0
                                    


            En effet, la voiture de monsieur Darrieux venait juste de passer le portail de la propriété et alla se garer devant la porte de la maison, juste en face des quatre amis qui étaient assis sur les marches du perron. Alicia fut la première à sortir du véhicule, immédiatement suivi par son frère. C'est alors que Céline, David et Christophe éclatèrent de rire. Alicia les regarda en leur demandant ce qu'il se passait et le seul qui ne riait pas réussit à lui répondre : "Rien" avant de tourner les talons et d'entrer dans la maison.

Une fois l'installation d'Eric et Arnaud faite, tous se retrouvèrent sur la terrasse pour un déjeuner animé par la bonne humeur et les rires. Même Alicia qui avait fini par apprendre les craintes de Michaël ne lui en voulu pas car elle connaissait les sentiments que nourrissait son frère à l'égard de Michaël. Cependant, la nervosité de Michaël était non seulement réelle mais palpable et malgré les tentatives pour l'ignorer, tous étaient aux aguets, craignant que l'orage n'éclate.

Une semaine entière passa dans une atmosphère relative détendue. Arnaud et Alicia avaient toujours eu une grande amitiés l'un pour l'autre et une complicité certaine était indéniable. Ce qui mettait la confiance de Michaël à rude épreuve. Céline, David et Christophe, qui le connaissaient bien, savaient que sa jalousie ne tarderait pas à réapparaître et faisaient de leur mieux pour essayer d'étouffer le problème dans son œuf. Ils savaient que c'était mission impossible, mais ils voulaient quand même tenter. De plus, ils ne considéraient pas que la jeune fille fasse quoi que ce soit d'incorrect, et que lui demander demander de mettre de l'espace entre l'ami de son frère et elle, ne ferait que la mettre en colère. Eric, de son côté, se réjouissait de voir sa sœur et Arnaud créer une amitié aussi "envahissante" tout en savourant sadiquement la douleur ressentie par Michaël, qu'il savait possessif et jaloux. Voyant qu'au fil des jours, Michaël avait de plus en plus de mal à digérer la situation, Eric coinça sa sœur et lui parla. Ils discutèrent un bon moment de choses et d'autre quand il laissa soudainement tomber :

— Rends-moi service, s'il te plait. Arrête de sortir avec ce type pendant quelques jours pour...

— Ah, non ! Ça ne va pas recommencer. Tu crois que tu t'intéressais de savoir si j'aimais Florence quand tu sortais avec elle ?

— Non, mais il y a une différence de taille.

— Absolument aucune.

— Bien sûr que si. Tu as vu comment tu réagis quand Arnaud te parle ou qu'il te touche ? Ne me dis pas qu'il n'y a rien qui se produise en toi ?

— Certes, il est pas mal, c'est un beau mec. Je n'ai jamais nié que depuis la première fois que je l'ai vu il me fait de l'effet mais de là à ce qu'il y ait autre chose que de l'amitié entre nous, alors là tu rêves !

— C'est sûr que comparé à...

— Ne commence pas avec tes comparaisons bidon, tu veux. Entre Michaël et Arnaud, il y a tout un monde de différence.

— Mais tu dis toi-même que...

— Ecoute-moi jusqu'au bout. Arnaud me fait de l'effet, c'est vrai. Mais une attirance n'est rien par rapport à des sentiments qui sont là depuis des années et à une relation qui dure depuis si longtemps. Arnaud est un bon copain, on s'éclate bien mais c'est tout, ça n'ira pas plus loin. Michaël, lui, est l'homme de ma vie. C'est avec lui que je veux être, c'est lui que j'aime et je n'ai aucune envie ni même le désir d'aimer quelqu'un d'autre que lui.

—Vous êtes trop jeunes pour savoir ce que vous voulez vraiment. Surtout toi !

— Mais je te répète, j'aime Michaël et je n'ai...

— Tu l'aimes ? C'est pour ça que tu as cassé ? Ecoute Ali, tu sais que je ne veux que ce qu'il y a de mieux pour toi et à quinze ans, tu es trop jeune pour t'investir dans une relation durable.

— T'as fini, là ?

— Oui.

— Bon, je t'ai écouté alors maintenant je vais te répondre. T'es prêt à m'écouter sans me couper ?

— Vas-y, je suis tout ouïe.

— Je t'ai toujours, ou presque, écouté, on est bien d'accord sur ce point-là ?

— Oui.

— Bon. D'accord, tu es mon grand frère et je t'adore, mais là tu dépasses largement les limites. Tout d'abord, sache que j'ai dix-sept ans, que je suis raide dingue de Michaël et que c'est réciproque. Contrairement à ce que tu peux croire, il n'y a pas d'âge pour être amoureux et être sûr de son choix quant à son compagnon de vie. Et c'est pas parce que tu romps une relation que tu n'aimes plus la personne. Tu peux aussi te séparer de quelqu'un parce que l'amour que vous ressentez l'un pour l'autre est trop fort. En attendant, mets-toi bien dans la tête que j'aime Michaël et que je ne veux personne d'autre que lui à mes côtés.

Sur ces paroles, elle tourna les talons et partit se calmer dans le pré où les chevaux paissaient en toute quiétude. Quelques dizaines de minutes plus tard, elle entendit des bruits de pas derrière elle et sans se retourner, elle se prépara mentalement à affronter les questions de Michaël. Elle se leva et se retourna, mais quelle ne fut pas sa surprise en voyant face à elle Arnaud et non pas Michaël :

— Si c'est mon frère qui t'envoie...

— Non, ce n'est pas lui. En fait, je voulais seulement savoir si tu accepterais de me servir de guide samedi prochain. J'aimerais bien connaître un peu les alentours de la ferme autre que le village où ton frère m'a déjà amené.

— Il n'y a pas de problème pour moi, par contre, je te préviens de suite, avec moi on se déplace à cheval au maximum.

— C'est bon pour moi, au contraire.

— Méfie-toi, le soir, tu auras mal aux fesses.

— Pourquoi ? C'est si long ?

— Disons qu'on va partir à dix heures et on ne rentrera que pour le dîner, pas avant.

— Et pour le déjeuner, on fait comment ?

— On prendra des sacs à dos et on fera un pique-nique en forêt. Ça te va ?

— On ne pourrait pas rêver mieux, je te remercie.

Les jours passaient, tous semblables les uns aux autres jusqu'au samedi. Michaël et Alicia passaient le plus clair de leur temps ensemble en délaissant, sans s'en rendre compte tellement ils étaient absorbés par leur amour, leurs amis qui se moquaient gentiment d'eux.

Le samedi tant attendu et redouté à la fois arriva. Arnaud et Alicia s'étaient levés très tôt afin de pouvoir respecter leur planning. Après lui avoir montré les coins les plus pittoresques de tous ceux par lesquels ils étaient passés, Alicia décida de s'arrêter faire la pause déjeuner dans une clairière fréquentée de la forêt. Ils installèrent une couverture sur l'herbe, déballèrent les provisions que madame Darrieux leur avait préparées et commencèrent à manger. Peu à peu, Arnaud commença à caresser la main d'Alicia. Celle-ci l'enleva et lui expliqua qu'elle n'attendait rien de lui et que lui non plus ne devait rien attendre d'elle et que d'une façon ou d'une autre il n'obtiendrait rien. Un couple s'approcha d'eux et lui demanda un renseignement. En partant, la jeune fille se retourna et déclara :

— Vous faites un joli couple.

— Tu vois, même des étrangers le disent, fit Arnaud.

— Oui mais ils ne savent pas ce qu'il se passe dans nos vies.

Une vie, une renaissanceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant