Une vie, une renaissance

Chapitre 5 - partie 4

            Pendant ce temps, tout allait mal à la maison où le ciel se couvrait de gros nuages gris. La chaleur était de plus en plus étouffante et rien ne pouvait rafraîchir l'air qui était trop lourd pour un petit ventilateur. Connaissance, une jument très nerveuse, ne tenait plus en place. L'orage la terrifiait plus que n'importe quel autre cheval. Tous les occupants de la ferme, restés sur place ce jour-là, étaient tendus. Très tendus. Michaël craignait qu'Alicia ne rompe encore une fois à cause d'Arnaud et les autres, qui connaissaient bien le jeune homme se doutaient de ses craintes et redoutaient les explications au retour d'Alicia.

— A bien y penser, c'est à cause de moi qu'elle a rompu. Si j'étais moins jaloux et que j'avais un peu plus confiance en l'un comme en l'autre, rien de cela ne se serait produit, dit-il.

— Justement, puisque tu en es conscient, raisonne-toi et ne lui fais pas de crise à son retour. Demande-lui si elle a passé une bonne journée, si la promenade était bonne, si Arnaud a apprécié. Comme ça tu auras des renseignements qu'elle livrera sans problème et en même temps tu éviteras la dispute. Pose-lui que des questions indirectes, n'oublie jamais ça, répondit David.

— C'est pas une mauvaise idée. Je vais profiter de la journée pour me conditionner.

David et Céline étaient dans la cuisine et aidaient madame Darrieux à préparer des asperges fraîches tout en discutant des réactions de Michaël vis-à-vis d'Alicia et David rapporta l'échange qu'il venait d'avoir avec lui, mais n'était pas très convaincu quant à sa réponse. Pris dans ses pensées, il ne s'aperçu même pas qu'il s'était coupé en épluchant une asperge et que le sang coulait dans le sac plastique qu'ils utilisaient comme sac poubelle pour les épluchures. Céline, qui ne supportait pas la vue du sang, poussa un cri perçant avant de s'évanouir, ce qui eut pour effet de faire reprendre contact à David avec la réalité juste au moment où celle-ci touchait le sol.

Michaël, lui, devait changer la paille des cochons d'Inde, donner des granulés aux lapins et des croquettes aux chiens. Il était tellement absorbé par ses pensées qu'il donna les croquettes aux lapins, la paille aux chiens, qui le regardèrent avec étonnement, et les granulés pour lapins allèrent droit dans l'enclos des cochons d'inde. De plus, il n'avait pas fait attention en sortant de la ferme et avait chaussé les chaussures de madame Darrieux qui, en plus, étaient trop petits pour lui.

Christophe et monsieur Darrieux s'occupaient des chevaux. Titi, curieux comme c'était pas permis, avait la bougeotte au moindre bruit, pour le malheur de Christophe. Quand le cheval entendit le froissement de la paille, il remua la queue tant et si bien qu'il en gifla le jeune homme. Un peu étourdi, il se remit de ses émotions et passa au suivant. Manque de chance, avec Mélodie, ce fut pire. La jument sentit un taon la piquer au ventre et le chassa avec sa patte arrière et la reposa sur le pied de Christophe. De douleur, il poussa un cri qui fit arriver monsieur Darrieux en courant. Il fit asseoir le jeune homme, alla demander à sa femme d'appeler le docteur puis retourna voir Christophe et lui demanda pourquoi il n'avait pas amené les chevaux au pré avant de nettoyer les box.

— Ah ? Oui. C'est vrai que ça aurait été plus simple. Je n'y avais pas pensé.

Madame Darrieux, un peu paniquée par la situation et à l'idée de renvoyer un de ses jeunes convives chez lui en mauvais état, appela la gendarmerie en demandant de venir arrêter la jument qui avait osé blesser le camarade de sa petite fille. Après avoir réussi, non sans mal, à calmer sa correspondante, le gendarme conseilla d'emmener le blessé aux urgences.

Quant Alicia arriva de la plaine en colère, suivit de loin par Arnaud qui essayait de la rejoindre, elle vit une ambulance. Elle arrêta son cheval et alla voir sa grand-mère pour savoir ce qu'il se passait. Ne comprenant rien aux paroles emmêlées de sa grand-mère, elle se dirigea vers l'infirmier qui donnait ses ordres. A la question qu'Alicia posa, il répondit :