Chapitre 6 - partie 5

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            Céline et Michèle sortirent de la chambre et se dirigèrent vers l'ascenseur pour rejoindre la cafétéria. Le silence entre les deux femmes était lourd. Chacune d'elle réfléchissait à la façon dont lui serait annoncé le reste des choses. Aucune ne savait comment Alicia prendrait la chose. Mal c'est sûr, mais comment réagirait-elle exactement ? Impossible à savoir.

— Comment pensez-vous qu'on va pouvoir aborder la chose ? Vous avez une idée ?

— Pas la moindre, et toi ?

— Apparemment, pas plus que vous.

— En clair, on n'est pas sorties de l'auberge.

— Ouais, comme vous dites. Mais je pense que le plus simple, c'est de la laisser aborder le sujet elle-même et de là, faire au feeling.

— Ce n'est pas une mauvaise idée. Je t'offre un café ?

— Ce n'est pas de refus, merci.

Pendant ce temps, la visite médicale d'Alicia avançait bon train, et le médecin de trouva rien d'anormal.

— Vous avez eu de la chance que votre ami ne roule pas vite. Quelque part, on peut réellement dire que vous avez de la chance dans votre malheur.

— C'est une façon de voir les choses. Maintenant, ce qui me mine le plus, c'est de ne pas réussir à avoir des nouvelles de Michaël.

— Ecoutez, j'en ai presque fini avec vous. Votre mère et votre amie, ne tarderont pas à arriver. Vous aurez tout à loisir de discuter avec elles et d'apprendre ce que vous avez manquez les quatre derniers jours.

— D'accord.

— Encore un peu de courage, on en a presque fini.

Assises face à leur café, Michèle et Céline n'osaient ni se regarder, de peur d'être obligées de parler, ni parler de peur de ne pas entendre l'appel par micro leur disant qu'elles pouvaient remonter dans la chambre d'Alicia. Mais les minutes leurs paraissaient être des heures interminables. Michèle se demandait comment sa fille vivrait la suite de sa vie. Elle avait l'air fort, c'est sûr, mais elle n'en avait que l'air, c'était la carapace qu'elle s'était forgée tout au long de son adolescence depuis la mésaventure qu'elle avait eu avec Virginie, mais Michèle savait pertinemment qu'elle était très fragile en temps normal et que l'accident devait l'avoir touchée encore plus.

— A quoi vous pensez ?

— Simplement au fait que malgré sa force apparente, elle ne l'est pas autant qu'elle voudrait le faire croire et que l'accident a dû l'affaiblir davantage. Et, je dois bien t'avouer, que c'est ce qui me tracasse. Qu'est-ce que tu en penses ?

— Je suis de votre avis et si, au meilleur des cas, elle ne percutait pas sur le moment, je crains qu'il ne faille s'attendre à des effets retardataires désastreux.

— Oui, aussi, c'est vrai. Oh, bon sang, ce n'est pas fait pour me rassurer tout ça, bien au contraire !

— Michèle, vous savez très bien que vous pourrez compter sur moi ainsi que sur David et Christophe. Nous serons toujours là pour Alicia si elle en a besoin et qu'elle le demande.

— Oui, si elle le demande...

— Vous savez très bien combien elle est têtue, et la forcer ne servirait à rien, bien au contraire. Je pense sincèrement, que la meilleure chose à faire est d'attendre qu'elle demande du soutien. Il n'y a que comme ça qu'on pourra faire quelque chose d'efficace.

— Je sais bien. Mais ce qui m'inquiète, aussi, c'est de ne pas savoir comment réagir dans un tel cas. Jamais, je n'aurais imaginé me trouver confrontée à une telle situation. Vous êtes tellement jeunes, qu'une catastrophe de cette ampleur, ne m'a jamais traversée l'esprit.

— Je me doute, que lorsque qu'on est parent, on s'attend plus à partir en premier, excusez-moi de dire des mots pareils, ce n'est pas que je voulais que ce soit un de nos parents qui parte, mais ça aurait été plus logique.

— Je comprends ce que tu veux dire, ne t'inquiète pas, c'est aussi ce que nous pensons.

— Mademoiselle Hubert a terminé ses examens, les visiteurs présents pour elle, peuvent se rendre à sa chambre, merci.

— Oh, c'est un peu le moment que je redoutais, avoua Céline.

— Moi aussi. Mais bon, autant se dire qu'une fois que ce sera fait, ce ne sera plus à faire.

Elles quittèrent la table à contre cœur et se dirigèrent vers l'ascenseur, sans la moindre motivation. L'attente de la cabine et la montée leur parurent longues malgré leur manque d'envie de se retrouver confrontées à une situation qu'elles imaginaient pénible. Comment aborder le sujet ? Comment adoucir la douleur qu'elle allait ressentir ? Toutes les questions devant lesquelles on redoute de se trouver un jour, les assaillaient à la vitesse d'une tornade, et elles savaient toutes les deux que les réponses en auraient le même effet dévastateur. Arrivées devant la porte de la chambre, elles se regardèrent un moment, n'osant frapper. Le docteur Justin, médecin qui s'occupait d'Alicia, passa près d'elles et se doutait de la difficulté de frapper à la porte pour les deux femmes.

— Vous savez, la porte ne va pas vous mordre.

— La porte, non. Mais Alicia, on n'en mettrait pas notre main à couper !

— Courage. C'est aussi dur pour elle d'être dans l'ignorance que pour vous de lui annoncer pareille nouvelle.

— Elle vous a demandé quelque chose le concernant ?

— Juste si je savais où il était.

— Que lui avez-vous répondu ?

— Que je n'avais personne de ce nom dans mon service.

— Pas grand-chose quoi !

— Le strict nécessaire afin qu'elle me laisse l'examiner le plus sagement possible.

— Donc, elle ne sait toujours pas où il est ?

— Non, pas tant que vous lui aurez rien dit.

— Merci du cadeau, docteur.

— Dès que vous aurez tout dit, vous vous sentirez mieux, ne serait-ce que vis-à-vis d'elle.

— C'est clair, mais bon, ce n'est pas la chose la plus facile qu'on ait eu à faire avec elle.

— Au fait, si vous entendez hurler ou des noms d'oiseaux, si ne faudra pas s'étonner, se sera normal.

— Ne vous inquiétez pas, si elle en a besoin, on lui donnera un sédatif.

— Quand pourra-t-elle sortir ?

— Tout dépend de la façon dont elle réagira mais je pense ne pas m'avancer en disant assez rapidement.

— Merci docteur.

Une vie, une renaissanceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant