Une vie, une renaissance

Chapitre 1 - partie 4

            

            Arrivés dans l'écurie, ils conduisirent Mélodie à son box et lui enlevèrent sa selle. Tout en s'exécutant, Alicia expliquait à Philippe ce qu'elle faisait. Celui-ci faisait preuve d'une concentration à toute épreuve. Il ne pouvait s'empêcher de regarder la jeune fille. En même temps, elle était en train de lui apprendre des choses, non ? Comment pourrait-il les retenir s'il ne regardait pas avec attention les gestes qu'elle faisait ? Il la fixait intensément, la détailla à loisir tant qu'elle avait le dos tourné et eu du mal à détourner les yeux quand elle lui fit face. En emmenant la jument au pré, il tenta de passer son bras autour de la taille Alicia. Celle-ci lui lança un regard équivoque qui le lui fit ôter instinctivement.

— Ecoute Philippe, je n'ai pas la réputation de faire dans la dentelle mais comme on ne se connaît pas, je vais te le dire gentiment. Tu es un copain de mon frère et je t'aime bien... Mais comme copain seulement. Et toujours pour rester gentille, disons que ce n'est pas le moment.

— Ok, Je n'essaierais plus rien. Pour le moment, ajouta-t-il pour lui-même.

Alicia ne tenait pas rigueur à Philippe pour ce petit incident, car même si c'était le premier, il y avait des chances pour que ce ne soit pas le dernier si son frère décidait de lui présenter tous ses potes. "C'est marrant, dans le sud, je les fais tous fuir ou presque, et dans le nord, je les attire... ", pensa-t-elle, ce qui lui dessina un petit sourire sur les lèvres. Philippe, qui la regardait, s'attribua ce petit succès sans se douter le moins du monde de la véritable raison.

Entre temps, Eric et Frank discutaient de la réaction de Philippe à l'égard d'Alicia.

— S'il n'a pas flashé sur ta sœur, je me fais moine et Dieu sait que j'en n'ai vraiment pas envie.

— T'as raison. Et à mon avis, ce n'est pas le seul, répondit Eric en regardant son ami avec un sourire en coin, puis redevenant sérieux : mais quand je suis parti de chez mes parents pour continuer mes études ici, elle n'était pas comme ça.

— Comment ça : pas comme ça ?

— Et bien, elle ne se conduisait pas comme ça avec les garçons. Avant elle était à l'aise avec eux, elle rigolait, elle pensait presque comme nous. Maintenant, je la trouve distante, comme coincée. Ce serait bien s'ils pouvaient sortir ensembles.

— Distante ? Qu'est-ce qu'il te faut ! Je la trouve relativement ouverte. En tout cas, certainement pas coincée.

— Tu rigoles, dit-il surpris. Avec les mecs qu'elle aime bien, elle se comporte comme un autre mec avec ses potes, alors que là, elle se contente d'être polie.

— Et si c'était parce qu'elle n'aimait pas Philippe ?

— Alors là, on le verrait tout de suite. Mais ce serait si bien si elle pouvait sortir avec quelqu'un. N'importe qui, mais qu'elle s'en choisisse un.

— Pourquoi un tel acharnement à vouloir la mettre avec quelqu'un ? Ce serait un garçon en particulier, je comprendrais, mais c'est loin d'être le cas. Après tout, c'est ta sœur, alors vouloir la caser avec n'importe qui ? C'est un peu vache.

— De toute façon, je ne sais pas si c'est un don qu'elle a ou quoi, mais elle a le chic pour choisir la personne avec qui on l'imaginerait le moins. Enfin, c'est une longue histoire et il vaut mieux éviter d'en parler devant ma sœur

— Je suppose qu'il y a un rapport avec un mec.

— Bingo ! Comment t'as deviné ?

— Il y a toujours une histoire, avec un mec, qui se termine mal quand une fille a ce genre de regard.

— Ah, ça, pour une histoire qui termine mal ! Tu es carrément en dessous de la vérité.

— Qu'est-ce qu'il s'est passé ? C'est quand même pas si grave ? Je sais que les filles ont tendance à tout prendre à cœur, mais quand même !