La semaine qui suivit, elle ne sortait de sa chambre que pour aller s'occuper des chevaux. Malgré toutes les propositions d'Eric et de ses camarades, elle ne cédait jamais. Quelques fois, ils restaient tous une heure ou deux à siroter du jus de fruit tout en parlant, confortablement installés sur des fauteuils à l'ombre de plusieurs parasols ; Mais tous perdaient espoir de la voir sortir de la propriété tout une après-midi, même s'ils étaient déjà contents de voir que les quelques heures qu'elle pouvait passer sur la terrasse à discuter avec eux, ou du moins à les écouter, avaient amené de légères différences sur son humeur depuis le jour de son arrivée.
Un jour, sa grand-mère décida de prendre les choses en main de façon radicale. Elle alla la trouver et lui parla. Son grand-père y alla aussi mais rien n'y changea quoi que ce soit. Ils appelèrent la mère de la jeune fille pour qu'elle lui parle et la pousse à sortir. Compassion, colère, Alicia refusa tous les arguments, prétextant qu'elle n'avait pas envie de sortir. Après un long moment d'argumentation, la jeune fille n'aspirait plus qu'à une chose ; retourner dans sa chambre. N'y tenant plus, elle dit à sa mère qu'elle ferait un effort. Cachés derrière la porte de la cuisine, ses grands-parents écoutaient l'évolution de l'échange téléphonique. Quand ils eurent entendu Alicia raccrocher, ils partirent précipitamment dans un coin de la pièce prendre une occupation quelconque. Alicia entra et prit un verre de jus de fruit. Elle était tellement prise par ses pensées, qu'elle ne remarqua même pas que son grand-père était face au plan de travail. Chose impensable pour qui le connaissait puisque la seule chose qu'il savait faire dans une cuisine, c'était manger. Même faire un œuf au plat se trouvait être chose impossible pour lui.
— Si tu veux, ton frère est sur la terrasse avec ses copains, fit sa grand-mère.
— Comme d'habitude, c'est la pause psychanalyse de la toulousaine. Au moins, ça leur donne bonne conscience. C'est déjà pas mal.
— ça suffit ! Depuis ton arrivée, tu passes ton temps enfermée dans ta chambre ou à redire sur le fait que des étrangers essaient de te connaitre et que tes intimes cherchent à t'aider. Alors maintenant, tu te tais et tu vas les voir sans discussion.
Le contentement qu'ils avaient eu en entendant leur petite-fille dire à sa mère qu'elle ferait des efforts avait été bref et à force d'entendre Eric dire " aux grands maux, les grands remèdes ", monsieur Darrieux était enfin passé à l'action et était satisfait de l'impact qu'il avait eu sur Alicia. Mais c'était sans compter sur la jeune fille.
Peu après, madame Darrieux alla sur la terrasse voir si tout se passait bien, en prétextant aux jeunes gens qu'elle venait leur proposer de quoi manger. A sa grande surprise, Alicia n'était pas là. Elle demanda à Eric s'il avait vu sa sœur.
— Non, pourquoi ?
— Je viens juste de lui passer ta mère au téléphone et elle lui a fait la promesse de faire des efforts. De plus, ton grand-père vient de la bousculer et vu sa réaction, nous avions pensé qu'elle serait venue.
— Elle viendra peut-être plus tard.
— Tu y crois réellement ?
— Non, mais bon, sait-on jamais. Papi qui bouscule quelqu'un, c'est déjà rare, mais qui bouscule Ali, c'est un miracle, peut-être que ça lui donnera plus à réfléchir que si ça avait été l'un de nous deux.
— J'espère, répondit-elle déçue.
Malheureusement, elle ne descendit de sa chambre que pour le diner. Le lendemain se passa exactement comme la semaine qui venait de s'écouler avec la seule différence qu'elle ne descendait même plus pour s'occuper des chevaux.
Le jour suivant, c'est Eric qui craquât. Après avoir réfléchit, il conclut que la meilleure façon de la faire sortir de sa chambre était de lui faire peur avec les chevaux. Aussitôt, il regroupa les garçons et leur demanda de préparer un sac à dos avec des jeans, chemises et surtout des gants, mais d'arriver le plus tôt possible. L'idée ne lui plaisait pas trop, mais si c'était la seule façon de faire réagir sa sœur... il ferait des efforts. Ensuite, il alla voir son grand-père et lui demanda de seller Peluche et quatre autres chevaux et à sa grand-mère de préparer des sandwiches et diverses nourritures pour cinq personnes pour trois jours. Ensuite, il alla téléphoner à la compagnie d'électricité pour faire ouvrir le courant dans la cabane de la forêt. Après avoir pris les clés, il descendit à la cave prendre des bouteilles d'eau. Alors qu'il allait à l'écurie pour les mettre dans un sac, Franck arriva. Tout en continuant ses préparatifs, Eric mit son camarade dans la confidence de son plan puis lui proposa d'aller chercher des cigarettes, ainsi que des paquets de gâteaux pendant qu'il était encore temps.
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Une vie, une renaissance
Teen FictionToute jeune fille, Alicia vit sa toute première histoire d'amour avec Michaël. Entre études et quotidien, il ne leur est pas toujours facile de trouver du temps pour eux. Heureusement, Céline et David, eux aussi en couple, ainsi que Christophe, part...