— Quand tu es sortie avec lui, tu ne le connaissais pas non plus.
— Connaître à proprement parler, non ; mais j'avais passé pas mal de temps avec lui.
— Promets-moi juste de ne pas retomber amoureuse comme tu l'as été de Michaël. Prends le temps de vivre et de t'amuser. Tu n'as que dix-neuf ans. Profites.
— Tu crois que ça se choisi ? Bon, tu es prêt ?
— Oui.
— Alors viens, on va manger.
— Change pas de sujet.
La sonnerie du téléphone retentit alors qu'ils étaient au milieu de l'escalier.
— Ali, c'est pour toi. C'est Céline.
— Salut Céline comment tu vas ?... Moi, ça va... Ah oui, c'est quoi ?... Non, c'est vrai ?
L'enthousiasme de sa voix disparut et un voile de tristesse assombrit ses yeux. Le mot terrible avait été lâché : fiançailles.
La soirée de ses fiançailles avec Michaël se joua dans son esprit, lui laissant un goût d'amertume dans la bouche. Reprenant contact avec la réalité, elle prêta l'oreille à la conversation de son amie.
— Oui, bien sûr que je suis heureuse pour vous.
— Tu n'as pas l'air très convaincue, releva Céline.
— Si, je suis vraiment contente pour vous mais...
— Oh, oui c'est vrai. Je te demande pardon ! Ecoute, je ne veux te mettre aucune pression et malgré le temps qui est passé sans qu'on te voie ou qu'on ait de nouvelles de toi, je ne t'ai jamais oubliée et j'ai toujours espéré que les choses s'arrangent au mieux pour toi. Je t'assure, tu es toujours restée dans mon cœur et tu seras toujours ma meilleure amie, voire ma sœur de cœur, mais j'aimerais vraiment que tu sois auprès de moi ce jour-là. Par contre, je t'avoue franchement que je t'en voudrais toujours de t'être écartée de nous durant tout ce temps, et je ne suis pas la seule.
— Je sais, mais il faut aussi me comprendre. J'avais peur des souvenirs qui étaient rapprochés au groupe et j'avais aucune envie de saper le peu de moral que les troupes pouvaient avoir. Notamment David. Il venait de perdre son meilleur ami. Il n'avait à supporter ma déchéance en plus de ça. Il avait le droit de pleurer son ami et de faire son deuil
— Je comprends ce que tu veux dire mais n'oublie pas que nous sommes tes amis. Si tu ne peux pas compter sur nous, sur qui veux-tu pouvoir compter ?
— Pas grand monde, je sais. Et quand je vois ce que j'ai pu faire pendant ces deux années, je me dis que j'aurais mieux fait de rester entourée des mêmes personnes qu'avant notre accident.
— Ça, j'en resterai toujours persuadée !
— Et tu n'es pas la seule.
— Tant mieux. Dis, si tu es chez tes grands-parents, c'est que le moral va beaucoup mieux.
— Quand je suis arrivée, non pas vraiment. Mais je n'ai pas eu le choix. On m'a mise dans l'avion à coup de pied aux fesses.
— Il était temps ! En attendant, j'ai l'impression que depuis que tu es arrivée chez eux, ça va un peu mieux.
— C'est vrai. Je me suis sociabilisée un peu.
— C'est bien. Bon écoute, je vais devoir te laisser car je dois encore téléphoner à David. Et quand je vais lui dire que je t'ai eu au bout du fil, il va être content.
— Tu l'embrasseras de ma part, et Christophe aussi.
— T'inquiète pas, ce sera fait.
— Merci. Je t'embrasse, à la prochaine.
— A bientôt.
Après avoir raccroché, Céline appela David aussitôt et lui raconta sa conversation avec Alicia.
— Tu crois qu'elle pense encore à Michaël ?
— Tu sais, têtue comme elle est, c'est bien possible. Elle l'aimait vraiment.
— Je sais, mais ça fait plus de deux ans qu'il est décédé. Il faudrait quand même qu'elle tourne la page. Il n'aurait jamais voulu qu'elle reste dans cet état aussi longtemps.
— Si elle avait pu venir aux funérailles, elle en serait peut-être pas là.
— Elle y était.
— Pardon ?
— Elle y était.
— Comment ça ? Elle y était ?
— A l'église et au cimetière.
— Elle était où ? Je ne l'ai vu nulle part.
— A l'église, elle est restée au fond et pour le cimetière, elle s'est dissimulée comme elle a pu derrière une autre tombe.
— C'est génial ! Tu parles d'une façon de faire son deuil. Et au fait, comment tu sais tout ça, toi ? Tu as discuté avec elle et tu ne m'as rien dit !
— Non. C'est Manu qui me l'a raconté. Ils s'étaient croisés au lycée et elle était venue lui passer ses condoléances. Du coup, ils ont discuté un moment et il a appris tout ça.
— Et tu ne m'as rien dit ! Mais tu es un traitre !
— Je t'avoue, que j'avais la tête un peu ailleurs et que ça m'est complètement sortit de l'esprit.
— Au moins, elle aura pu lui dire au revoir.
— A voir son comportement par la suite, c'est pas sûr !
— C'est pas faux. Bon, revenons à nos moutons. Etant donné qu'elle est chez ses grands-parents, il faudra lui donner la date exacte dès qu'on l'aura fixée.
— Bien sûr ! J'espère qu'elle viendra.
— La seule chose, qui a quand même son importance, c'est d'éviter le mois de septembre.
— C'est loin d'être une mauvaise idée, ça, ma puce.
— Ça lui fera du bien de revoir du monde car je ne pense pas que chez ses grands-parents elle en voit beaucoup.
— Tu ne trouves pas bizarre quand même qu'elle ait aussi bien reçu ton appel ?
— Comment ça ?
— Elle a passé deux ans sans donner de nouvelles et en nous évitant au maximum, et là, d'un coup, d'après ce que tu me dis, elle a l'air enjoué.
— C'est que ça va mieux, c'est tout.
— Attends, les amis ce n'est pas que pour les bons moments. On est aussi là pour se soutenir en cas de coup dur, pourtant, elle nous a lâchés. Elle a passé deux ans à se morfondre et tout à coup, sans raison, ça irait mieux alors qu'elle est en rase campagne ?
— C'est ce que je lui ai dit mais elle m'a répondu qu'elle ne voulait pas enfoncer encore plus le moral des troupes. Et puis mets-toi à sa place, la mère de Michaël ne lui a jamais fait de cadeaux. Elle a même tout fait pour l'enfoncer encore plus par rapport au décès de son fils. Alors imagine ce qu'elle aurait pris si elle s'était trouvé nez à nez avec elle. Surtout après sa séparation d'avec son mari, dont sans le vouloir, ni le savoir, elle est quand même en partie responsable.
— Attends, elle n'y est pour rien si la mère Pignon n'a pas accepté la mort de son fils et que son mari a tout fait pour le lui faire comprendre.
— Je suis tout à fait d'accord avec toi, mais elle avait assez de chagrin comme ça. Elle n'avait pas besoin qu'on lui rajoute encore une couche de culpabilité avec la séparation. Madame Pignon avait déjà réussi son coup pour le décès. Je pense que ça lui suffisait et en plus, je crois qu'à sa place j'aurais fait pareil.
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Une vie, une renaissance
Genç KurguToute jeune fille, Alicia vit sa toute première histoire d'amour avec Michaël. Entre études et quotidien, il ne leur est pas toujours facile de trouver du temps pour eux. Heureusement, Céline et David, eux aussi en couple, ainsi que Christophe, part...