Tom

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Il faisait nuit et je venais de prendre ma douche. Je commençais à retirer les noeuds de ma tignasse bouclée quand j'entendis un bruit, surprenant car dans un premier temps, depuis ce matin ma rue était déserte,nous étions en plein été, saison de départ en vacances, ensuite, il faisait nuit.

Je souleva le rideau et regarda par la fenêtre, je vis la silhouette d'un jeune garçon assis à l'arrêt de bus d'en face de chez moi, s'amusant à taper dans les graviers avec son pieds. Je vérifia ma montre, il était 22h30, aucuns bus ne pouvaient passer à cette heure si tardive, qu'attendait-il ? 

 Un lampadaire était près de lui et éclairait une partie de son visage, juste de sorte qu'il reste inconnu d'un côté.  Surprise d'avoir été vue, je lui souris, il semblait avoir mon âge. Il se leva du banc et reprit sa route.

Le lendemain je vis la même personne mais cette fois, au supermarché. Je pris peur, dévia mon regard sur le rayon le plus proche de moi, celui des céréales, j'en avais horreur. Ces paquets n'étaient que du sucre, du sucre et encore du sucre mais si ça pouvait me permettre d'éviter son regard sombre, c'était bon à prendre. Il me toucha l'épaule et me dit :

 -Suis moi.

Merde. Le temps que je mette en oeuvre mon plan et que je l'exécute il avait eu le temps de se déplacer jusqu'à moi.  Il faut dire que son regard était envoutant.

 Le garçon me regardait avec un air inoffencif.

S'il veut que je le suive c'est pour une bonne raison pensais-je. Peut-être est-il seul, sans amis avec qui passer le reste de l'été.

Je le suivit donc. Nous avions marché pendant dix bonnes minutes. Le garçon s'était arrêté devant un cimetière et il m'avait dit tout souriant  :

-Regarde, c'est ma maison.

Peut-être ce garçon avait-il eu des traumatismes? Je pris sur moi  pour lui répondre : 

-C'est un cimetière, tu es sûr de ce que tu avances ?

Il me répondit en riant : 

- Bien sûr, quelle drôle de question !

Ce n'était pas ma question qui méritait cet adjectif, c'était toi, un sacré drôle de type.

Il s'approcha de moi et voulut me dire quelque chose, je le stoppa net, hors de question que je reste une minute de plus ici, je devais prérarer un anniversaire et faire d'autres choses que d'être dans un cimetière avec un inconnu dérangé, d'autant plus que le ciel commençait à se couvrir !

L'adolescent me prit par le bras, indifférent, et m'emmena "chez lui", paniquée, j'essayais de retirer sa main, il  m'était impossible de la toucher ! Je priais pour que cela ne soit qu'un rêve. De toute façon, il avait pu me toucher l'épaule l'autre fois.

Nous étions arrivé à l'intérieur du cimetière, le  présumé fantôme s'arrêta et me dit : 

- Je m'appelle Tom et toi ?

J'hésitais avant de répondre et puis, enfin, je me lança : 

-Je m'appelle Ashley.

-Comme c'est joli !

Il s'arrêta devant la tombe d'un certain Tom Sanchez décéde le 11 mars 1885.

Je fus plus qu'effrayée, il fallait que je sorte d'ici, je me retrouvais à parler avec un vrai fantôme, du genre de ceux  mort depuis belle lûrette et qui reviennent peut être hanter les vivants ! Toutefois, s'il avait réussi sortir de sa tombe c'était une raison qui en valait la peine, cela avait dù lui demander tellement d'énergie.

Tom me regarda : 

- Eh oui, je suis mort, je sors parfois pour voir comment évolue votre monde. Heureusement que je suis mort avant tout ça ironisa-t-il.

Tout ça, le changement climatique, les discriminations, les guerres... Je ne pouvait pas contester, le monde changeait bien et cela négativement.

Je restais les deux pieds cloués au sol sans un mot, dépassée par la situation.

 Il continua :

 - Je me sens seul, tous les autres adolescents morts me fuient, je ne connait rien à  leurs actualité, mode, façon de penser. Je me sens dépassé.

Sa date de mort prouvait que la jupe n'existait pas encore et que les mentalités n'étaient pas encore prêtes à l'accepter. Il s'en était suivies plusieurs années ou les préjugés avaient disparus pour laisser place à d'autres réflexions et découvertes.

Je refléchis aux années qui s'étaient écoulées après sa mort.

137.

Me voyant bouche-bée, il me dit :

-Est-ce que ça va? 

-Je suis un peu déboussolée avouais-je

-A vrai dire moi aussi, c'est la première fois que l'on me voit...

Je reculais, je n'étais pas prête à affronter la réalité qui s'offrait devant moi, j'étais...non, impossible. Je partis en courant.

Tom me rattappa et cria :

-Ne m'abandonne pas !

Note à moi-même : Ne pas sous-estimer  le cardio d'un fantôme.

-Ce n'est qu'un rêve, ce n'est qu'un rêve, ce n'est qu'un rêve.

Je couru vers la sortie quand la pluie se mis à tomber, j'étais à mi-chemin du portail.

- Reste avec moi !

-Je suis désolée Tom, j'ai besoin de faire le tri dans toutes ces informations. 

Il me fit un au-revoir de la main et disparut.  La poussière du sol se déchaina et m'aveugla, je me mis accroupie afin de me protéger au mieux, les bras couvrant mes yeux. Je m'endormis aussitôt, le marchand de sable venait de passer.

Nous sommes le lendemain, je me suis réveillée dans ma chambre avec les vêtements  et cheveux humides et je vous conte mon histoire dans mon plus précieux carnet, je ne crois pas pouvoir en parler à quelqu'un sans passer pour folle ou misérable. Je ne sais comment réagir, la réalité et le fictif se seraient mélangés ?





Le cimetièreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant