Archange

Chapitre 35

Le courant m'emporta fortement, j'avais du mal à garder la tête hors de l'eau. Milow luttait lui aussi pour rester hors de l'eau et ses grandes ailes ne l'aidaient pas. Le Phénix avait abandonné sa poursuite à la vue de l'eau et était retourné à son nid.
Le courant nous emporta jusqu'à la grande chute d'eau où je tentais de me maintenir aux rochers mais la force du courant était bien trop puissante pour nous. A de nombreuse reprises je bus la tasse, manquant de peu de m'étouffer.

-Eve accroche toi!

Il tenta de me rejoindre. Lorsqu'il attrapa l'une de mes mains, l'autre céda et nous tombons dans la chute vertigineuse de la rivière. Je vis le corps lourd de Milow s'écraser dans l'eau avant le mien, puis soudain plus rien...

***

Quelque chose me gêna pour respirer, je m'étranglais. Lorsque j'ouvre les yeux, de violentes quintes de toux me réveillèrent, mêlée à des crachats d'eau. Une fois calmée je tente de reprendre mes esprits, j'avais horriblement mal partout. Mon corps tout entier semblait être passé sous un camion. Je regarde autour de moi et constate que je suis dans une clairière au bord d'un lac entouré d'arbres dont la lumière passait à travers le feuillage. L'atmosphère paisible semblait donner l'impression que l'on était déconnecté du reste du monde. Je reste quelques secondes sur le dos et observe les grands arbres se dandinant au gré du vent. Cette solitude était si paisible que je ne voulais en aucun cas partir d'ici. Mais au faite, pourquoi est-ce que je suis seule? Où est Milow?
Un sursaut de panique me fit prendre conscience que j'avais perdu Milow dans cet accident. Je me lève tant bien que mal et regarde autour de moi. Il n'y avait personne.
J'appelle mon référent en hurlant son nom. Une vague de panique me submergea, où était-il et est-ce qu'il allait bien? Je cours autour du lac, enfin je titube car mon cerveau ayant été privé d'oxygène pendant plusieurs dizaines de secondes m'avait donné des vertiges. Mon cœur s'arrêta lorsque je vis une silhouette allongée sur le bord du lac. J'avance rapidement et trébuche à ses côtés avant de le tourner dans ma direction. Son corps inerte ne répondait pas et son visage d'un blanc cadavérique laissait entrevoir les veines noires qui montaient de la base de son corps à ses joues. Je hurle son nom, le secoue dans tous les sens alors que mes yeux se remplissaient de larmes et troublaient ma vue. J'éclate en sanglots alors que je continue de le secouer tout en lui faisant un massage cardiaque. J'avais appris ça quand j'étais à l'école mais à vrai dire je ne sais pas vraiment comment on le fait. Je presse mes mains contre sa cage thoracique à un certain rythme pendant plusieurs minutes mais rien n'y fait, il ne revient toujours pas. Je prends son visage entre mes mains et alors que je pleurais en sanglots et que mes larmes tombaient sur son visage blanc je dis:

-Reviens Milow putain, ne me laisse pas.

Ne me laisse pas, j'ai besoin de toi.

Je colle son front contre ma joue et le berce comme s'il s'agissait d'un enfant tout en pleurant et le suppliant de se réveiller.
Il n'y avait que nous deux dans cette clairière et personne pour me venir en aide. J'étais désemparée. Comment avais-je réussi à m'en sortir et non lui? Pourquoi est-ce que c'était lui et pas moi? Qu'est-ce que j'allais devenir sans lui à mes côtés? Mon cœur explosa en milles morceaux, je venais de perdre l'une des seules personnes qui comptait pour moi dans cette nouvelle vie.
Je venais de me rendre compte que j'aimais Milow, je l'aimais malgré lui. Au final c'est quand on perd ce qui nous est cher que l'on se rend compte de leur valeur à nos yeux... Comment vais-je réussir à avancer maintenant? Lui qui prenait soin de moi et qui veillait toujours à ce qu'il ne m'arrive rien.
Les larmes coulaient le long de mes joues et je ne pouvais pas me calmer. Je n'y arrivais pas, c'était impossible.
Soudain, le corps inerte de Milow se crispa et je ne sais pas si ce sont les nerfs qui se lâchaient mais il tressaillait. Puis il se mit à tousser et une grande quantité d'eau sortit de sa bouche. Il ouvrit les yeux et me regarda, il avait toujours les yeux injectés de sang et posa une main sur mon visage. Ce retournement de situation me remplit d'une joie incommensurable.