La Loyauté & le Courage

La Fête de la Victoire

Le soir de la première tâche, le couloir des cuisines et de la salle commune des Poufsouffle était animé d'un étrange spectacle, avec des dizaines d'élèves qui transportaient autant de nourritures qu'ils pouvaient pour faire la fête. Il y avait des banderoles à l'effigie de Cédric partout dans la salle commune, et les plantes prenaient tour à tour la forme de flammes de dragon puis du portrait du champion de la maison.

Callie souriait face à ce spectacle, assise sur un coussin contre un mur de la salle et sur une table, observant l'agitation heureuse des siens. L'œuf d'or avait été posé au centre, mais le champion, qui n'était pas préfet pour rien, avait insisté pour l'ouvrir seul, ignorant totalement ce qui se trouvait à l'intérieur et sachant, après l'épreuve du jour, que cela pouvait très bien être dangereux.

La jeune fille était heureuse, mais en même temps, elle ne savait pas quoi faire dans ce genre de cas. Elle s'entendait très bien avec la plupart des Poufsouffle, mais elle avait tendance à être assez réservée et ne parvenait pas à lier de vraies amitiés, même avec Mona qui était sa « meilleure connaissance », pourrait-on dire, et qui avait déjà ses propres amis. Aussi Callie était souvent dans son coin, à observer d'un œil bienveillant les élèves qui riaient et s'amusaient ensemble. Cependant, après quelques heures, la foule finit par se faire oppressante pour elle qui aimait tant le calme, et discrètement, elle se leva et sortit de la salle commune pour se rendre dans son refuge, les cuisines.

Elle devait faire une drôle de tête, parce que Dobby arriva aussitôt que son pied passa la porte en l'interrogeant :

–Miss Lancaster a un problème ? Dobby peut-il faire quelque chose pour Miss ?

Elle lui sourit en se ressaisissant, et dit doucement :

–Salut Dobby, ne t'inquiète pas ça va. Tu peux m'apporter un morceau de pain s'il te plaît ?

–Tout de suite Miss !

L'elfe de maison partit exécuter sa demande tandis qu'elle s'asseyait à la table des Poufsouffle, alors que plusieurs elfes nettoyaient la salle ou préparaient déjà les menus du lendemain. Callie soupira, se sentant plus mélancolique que d'ordinaire.

Revoir les dragons lui avait beaucoup fait penser à sa mère, et cela faisait quelques semaines qu'elles n'avaient plus échangé de nouvelles, pas plus qu'avec son père. Elle était habituée depuis son plus jeune âge à ce qu'ils ne soient pas près d'elle, puisque sa mère parcourait le monde pour étudier de nombreuses créatures et son père utilisait son métier de cryptozoologiste pour la suivre dans ses déplacements. Quelques fois, quand l'espèce qu'ils étudiaient n'était pas dangereuse, ils l'emmenaient avec eux et elle découvrait des paysages et des créatures extraordinaires, mais ce n'était pas arrivé depuis longtemps.

Aux dernières nouvelles, ils étaient partis en Amérique du Nord pour étudier l'oiseau-tonnerre, ce qui était déjà bien plus raisonnable que le précédent objectif de sa mère, à savoir apercevoir et étudier le monstre du Fleuve Blanc. Malgré une dizaine d'années de patience et d'effort, elle ne l'avait aperçu que deux fois et n'avait pas appris grand-chose sur lui, mais avait récupéré une épine sur la berge, qu'elle avait confié à Ollivander, l'épine pouvant servir à la confection de baguettes. Et cinq ans plus tôt, tous avaient eu la surprise de constater que la baguette à l'épine du monstre du Fleuve Blanc n'était nulle autre que celle qui avait choisi Callie.

« Avec la magie le hasard n'est plus », avait dit un jour son père en souriant.

Alors que Dobby lui donnait son morceau de pain avec, comme toujours, un Fondant du Chaudron en supplément, la porte des cuisines s'ouvrit sur de grands rouquins qui discutaient vivement en disant :