Un bruit de l'autre côté de la vitre m'interpella. En détaillant le reste de la pièce, j'aperçus une silhouette calée contre l'un des murs. Je ne l'avais pas remarqué à mon réveil, mais, à présent, je la voyais très clairement et percevais, au milieu de ce silence assourdissant, les souffles légers d'une respiration endormie.
Une sensation chaleureuse et agréable m'étreignit à cet instant-là et le soulagement m'enveloppa dans un nuage cotonneux. Je soufflai, déchargée d'un stress qui m'étouffait depuis quelques temps et rassurée.
Rex était sain et sauf.
Ses cheveux châtains – qu'il coupait autrefois avec une vieille paire de ciseaux dénichée je ne savais où – ne laissaient aucunement la place au doute.
— Hé, Rex ! Réveille-toi ! m'exclamai-je, la voix rauque bien malgré moi.
J'attendis une réponse de sa part, un mouvement. Au bout de trois nouveaux appels, je fus soulagée de le voir réagir. Il se releva, maladroitement, s'approcha et s'accroupit devant la paroi de verre qui nous séparait.
En le voyant si proche, la surprise explosa en moi. Comment avais-je pu mélanger Rex et Néo ? Certes, les deux avaient les mêmes cheveux brun caramel, la même silhouette svelte et d'autres similitudes, mais pas au point de les confondre ! Déconcertée, je n'arrivais pas à prononcer le moindre mot : ma méprise me mettait mal à l'aise, si bien que je ne parvenais pas le regarder droit dans les yeux.
— Zoé, murmura-t-il tout bas, soulagé. Tu es en vie...
Cette fois-ci, je n'avais aucune raison d'éprouver de l'incertitude : c'était bel et bien Néo. De tous mes amis, il était le seul à m'appeler ainsi, sans rajouter cette marque affective dont avait l'habitude les autres. Ne pas entendre le « petite Zoé » me perturbait presque à présent.
Je me risquai à croiser son regard : ses prunelles – bleues et non pas vertes – brillaient d'un éclat nouveau, comme si ma présence avait donné à Néo une bouffée d'air.
J'osai esquisser un petit sourire : j'avais la conviction qu'il pouvait illuminer des journées mornes et apporter un peu de réconfort dans cette vie si injuste.
Le jeune garçon ne laissa aucune risette éclairer son visage. Il resta là, pantelant. Face à son manque de réaction, je pris le temps de le dévisager et remarquai, seulement à ce moment-là, à quel point il semblait faible. Des poches violacées marquaient sa figure et ses jambes tremblaient. Depuis quand n'avait-il pas dormi d'un vrai sommeil, lourd et réparateur ? Et que faisait-il en dehors d'une cage ?
Après quelques minutes, sans que ni lui ni moi ne dise la moindre chose, je me lançai :
— Où sont les autres, Néo ? Et pourquoi es-tu ici ?
Mes questions semblèrent le sortir subitement de sa léthargie et je vis refléter dans ses yeux douleur, tristesse et haine. Il eut l'air de se tasser sur lui-même, comme si son corps n'était plus capable de supporter le poids de ses maux. Qu'est-ce qui l'affectait autant ?
Son visage s'assombrit. Il se releva et se tourna pour me faire dos. Était-ce plus simple pour lui de ne pas avoir à affronter mon regard ? La peur m'envahit violemment, tel des éclairs zébrant le ciel noir pendant un orage. S'apprêtait-il à m'annoncer que je comptais parmi les seuls survivants avec lui ? Je n'avais aucune idée de ce qui avait bien pu se passer le fameux jour de cette confrontation.
Mais je savais au fond de moi que cela avait tourné au vinaigre.
De nombreuses larmes se mirent à envahir mes joues : je ne pouvais pas supporter l'idée que le reste de mes amis ne reviendraient plus.
— Hé, calme-toi, murmura Néo, dérouté.
Il osa de nouveau se tenir face à moi et inspira une goulée d'air.
— Zoé, écoute-moi. Je te promets qu'Aldo, Lise et Loan sont dans cette pièce. Je sais que c'est difficile à croire, mais c'est la vérité !
Malgré la situation dans laquelle nous étions tous les cinq à cet instant, je ne pus m'empêcher de souffler d'apaisement. Avant de me figer. Quelque chose n'allait pas, que ce soit dans le ton de Néo ou dans ses paroles. Une subite appréhension grandit en moi quand je compris ce qu'il manquait.
— Et Rex ? murmurai-je, le cœur battant la chamade.
J'avais peur de sa réponse. Mais j'y fis face avec tout le courage qu'il me restait encore.
— Je suis désolé...
Ce fut la seule chose que j'entendis. Ces trois petits mots venaient de faire vaciller les piliers de mon existence et détruire, pour une seconde fois, ce que je considérais être comme ma famille. Et surtout, ils confirmaient mes pires craintes.
Rex, notre leader, notre ami, celui qui nous avait tant appris...
Mon cher Rex...
Je ne voulais pas y croire.
J'éclatai de nouveau en pleurs. Néo me laissa faire, sans un mot, sans jamais me déranger.
Je ne sus dire combien de temps s'était écoulé quand je réussis à apaiser mes émotions, mais je savais que je me sentais un peu mieux. Et c'était le principal.
Une larme était une libération, un sanglot, une délivrance. Pleurer m'avait permis d'éloigner ma souffrance sans jamais l'oublier.
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SIGMA ENERGY - T2 - Le Brasier de la Rébellion
FantastiqueAfin de limiter le risque de ruiner toute forme de suspense, il n'y aura aucun résumé sur ce tome. ⚛ LE RESTE DE LA SAGA SIGMA ENERGY ✅ SE T1 - L'Étincelle de Liberté ☑ SE T3 - Les Cendres de l'Ultime Combat ☑ SE T4 - Les Vestiges de l'Avenir