Plume (temporairement abandonnée)

Ô-rage

L'orage faisait rage en cette après-midi. La pluie s'abattait avec violence sur les vitres du petit appartement plongé dans la semi-obscurité des nuages gris. Les éclairs éclataient le ciel et le silence par leur lumière glaçante et éphémère. Isao s'était réfugié au pied du canapé où Emiko était allongée le regard trouble sur le plafond. Dazai l'avait raccompagné après leur discussion sur la mafia et Odasaku. Elle ne lui avait pas dit sa véritable identité. Même si elle était certaine du bon fond de l'ex-capitaine, inconsciemment et égoïstement elle lui en voulait de ne pas avoir été là. Elle avait encore besoin d'un coupable pour soulager sa peine et sa douleur.

Ils s'étaient quittés suite à un appel de Kunikida qui annonçait que Ranpo avait trouvé des éléments pour coincer le marchand de sable. Emiko était fatiguée et avait préférée rentrer plutôt que de les gêner dans leur travail à l'Agence. Après tout, elle n'était qu'une invitée et non une détective. Elle savait à peine se défendre mais avec sa santé fragile c'était trop risqué. Elle dirait la vérité à Dazai demain, quand il sera moins occupé.

La pluie diminua pour ne laisser que les clapotis de la pluie pénétrer dans le salon. Les yeux de la jeune femme se fermèrent lentement de fatigue. Bercée par la mélodie des gouttes dévalant ses fenêtres.  

***

Le son d'un pas hésitant dans une flaque, si grande qu'elle pourrait recouvrir deux êtres. Deux paires allongées délicatement sur le sol en se tenant la main et un cri. Le hurlement d'une enfant étouffé par une main inconnue ou par des pleurs. Des douilles dorées rougeoyantes dans l'étendue vermeille, des impacts noirs déchirant les murs et une odeur prenante de poudre et de fumée vidaient toute la chaleur de la pièce.

La colère, un sentiment intime d'une puissance dévastatrice s'engouffra dans le frêle corps en consumant tout sur son passage jusqu'à son cœur et ses dernières larmes. Dans un son doux et délicat des fils recouvrirent le sol. Leur blancheur se ternit dans le sang tandis qu'ils emplissaient la salle en serpentant entre les meubles et les hommes présents. Ils caressaient les mains enlacées des cadavres tout en enserrant doucereusement les autres personnes vivantes dans le lieu. Derrière l'enfant chutèrent trois inconnus aux mains sales pendant que la fillette, la tête baissée, contemplait ses fils de soie danser au sol comme muent par la vie.

"Ce n'est pas grave. On le savait. On savait que depuis ce jour tu allais être maudite. Alors ne t'en veux pas de tout perdre par ton existence."

Des cliquetis métalliques résonnèrent alors que la toile bicolore se refermait sur les deux corps enlacés en les enveloppant dans un cocon les rendant invisible aux yeux de tous. Les fils se tendirent les uns contre autres perdant de plus en plus leur blancheur pour se parer d'un rouge lugubre. Et la petite fille pleura.

Un cri déchira le silence du salon et même temps que la foudre. Alertée par le bruit, Isao se redressa instantanément afin de rejoindre sa propriétaire pour la rassurée. Emiko blanchissait à vu d'œil. Sa respiration s'entrecoupait de sursauts se transformant alors en suffocation. Elle se redressa tant bien que mal afin d'atteindre son téléphone alors qu'Isao aboyait en sentant le mal-être de la jeune femme. Malgré ses tremblements elle réussit à composer un numéro qui décrocha rapidement. Seulement elle perdit l'équilibre précaire qu'elle avait mis en place afin de se hisser sur la table pour attraper son téléphone et chuta sur le sol en se cognant la tête.

" Oui ? Emiko ça va ? questionna rapidement une voix de femme à travers le haut parleur qui s'était activer après la chute. Emiko suffoquait toujours au sol une main contre sa poitrine à cause de la douleur dans ses poumons à chaque inspiration.

- Yo...Yosano...chuchota la jeune Oda avant qu'une quinte de toux ne la prenne. En regardant sa main après avoir tousser elle découvrit du sang. La panique s'intensifia et elle se mit à pleurer de peur et de douleur.