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Mon sang se glaçait,
Ma gorge se desséchait,
Et des sueurs froides perlaient sur mon front tandis que mon souffle se faisait hachuré.

Devant mes yeux, ma vie entière défilait comme un film aux images sépia, de l'innocence insouciante de mon enfance aux tournant de mon adolescence, jusqu'à cet instant où le temps semblait suspendu.

L'existence elle-même paraissait se dissoudre dans le lointain, et le chant mélancolique des oiseaux dans le ciel, mêlé au grondement sourd et menaçant des nuages, résonnait comme un ultime requiem.

Les yeux écarquillés et rivés sur cet engin de métal, aussi funeste que menaçant, pointé droit devant moi, je voyais se dessiner les contours de mes derniers instants sur cette terre.

La panique m'avait saisie à la vue de cette arme à feu, et l'immobilité m'avait figée tel un marbre glacé. Mes pensées vacillaient, oscillant naïvement entre la fuite et le cri, mais mon corps, prisonnier de la terreur, restait pétrifié.

— Ne faites aucun geste si vous tenez à la vie. Montez!

Cette voix grave, empreinte de menace, transperça mes tympans, et la réalité de l'instant m'assaillit avec une brutalité inouïe.

Je revenais à moi-même, réalisant avec une lucidité effrayante que ce qui se déroulait n'était pas une simple suspicion, mais une vérité implacable. Ma respiration devenait bruyante, haletante, comme si j'avais retenu mon souffle pendant une éternité sous l'eau.

Tremblante, j'hochai la tête, jetant des regards désespérés autour de moi, espérant qu'une âme charitable puisse me voir et venir à mon secours. Mais mes espoirs se brisèrent en découvrant que personne n'occupait les environs.

L'arme toujours pointée vers moi, je n'eus d'autre choix que d'ouvrir la portière, mes mains tremblant de manière incontrôlable.

L'homme à l'intérieur me tira brusquement, m'entraînant dans l'habitacle et referma la portière d'un geste sec. Le claquement sourd résonna comme le coup de grâce, scellant mon destin dans cette prison roulante.

Mais la peur qui me tiraillait n'était rien lorsque je découvris le badge que portait cet homme qui pointait l'arme sur moi.

Un badge royal...

C'est un garde royal. Mon esprit tiqua immédiatement et je compris avec frayeur , la situation dans laquelle je me trouvais.

La reine...

Lorsque le canon froid et impitoyable de l'arme à feu se posa contre ma tempe, je fermai les yeux, terrifiée.

Une prière silencieuse s'échappa de mes lèvres, implorant le Seigneur de m'accorder son aide divine, car jamais auparavant je n'avais ressenti le danger d'une manière aussi palpable et imminente depuis le début de toute cette histoire.

Lui : Veuillez rester calme jusqu'à notre arrivée, mademoiselle, ou je n'aurai d'autre choix que de précipiter votre mort.

Tremblante, je hochai maladroitement la tête, tandis que des larmes silencieuses inondaient mon visage marqué par la peur.

Lorsque le véhicule démarra, une sombre réalisation s'imposa à moi :

C'était peut-être la fin.

Je savais que la reine reviendrait inévitablement vers moi. Depuis ce jour à l'hôpital, lorsque Arole avait pris la décision de renoncer à l'héritage de son père, j'avais redouté cette confrontation.

Sa mère devait croire que j'avais influencé son fils pour qu'il prenne une décision aussi désastreuse.

Je savais qu'elle se retournerait contre moi, qu'elle me ferait payer d'avoir, selon elle, manipulé l'esprit de son fils, alors que j'étais innocente. Je savais que, tôt ou tard, je devrais affronter sa colère pour avoir choisi de rester aux côtés d'Arole et de ne pas l'avoir quitté après l'accident tragique de Monsieur Olkad.

le prince et la chrétienne [TERMINÉ] ( RÉÉCRITURE )Où les histoires vivent. Découvrez maintenant