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Lise

— Alors, m'éclaircis-je la voix. J'ai essayé de ranger les questions dans une certaine logique, mais comme une conversation ça évolue, ça risque de partir un peu dans tous les sens et je m'en excuse.

— Adélaïde, respire, me conseille mon père. Nous sommes ravis de pouvoir répondre à toutes tes questions et si ça doit nous prendre des heures, ça nous prendra des heures.

— D'accord... Alors pour que vous soyez à égalité au niveau des questions... J'ai besoin de savoir si tu souhaites que je reste ici, questionné-je ma mère.

Cette question la désarçonne, je le vois. Je crois que c'était un peu brutal et que je n'ai pas utilisé les bons mots. Je m'en veux, mais je n'ai pas le temps de corriger mes propos qu'elle réagi aussitôt.

— C'est une question très étrange... Comme si je ne voulais pas de toi ici. J'ai perdu seize ans de relation. Évidemment que je veux que ma fille reste avec moi.

— Helen, intervient son époux. Ce n'est pas dans ce sens-là qu'elle parle. Pas en qualité de fille, mais de princesse.

— Oh... Oh ! échappe-t-elle avec soulagement. Je vois. Oui, je comprends mieux la question... Excuse-moi, Adélaïde, je n'aurai pas dû m'emporter aussi rapidement.

— Non ce n'est rien, je sais que ma question était mal formulée...

— Pourquoi crois-tu que je ne voudrai pas de toi ici, d'un point de vue royal en tout cas ?

J'hésite un instant. Je n'ai pas envie de me faire disputer, mon père m'a très bien fait comprendre que j'étais à ma place ici, mais je ne peux m'empêcher de penser le contraire.

— Elle a peur qu'on ait honte d'elle, avoue-t-il avec tristesse.

— Honte ? Je dois dire que je ne comprends pas.

— Je n'ai rien d'une princesse, tenté-je d'expliquer. Je ne connais rien à ce monde. Ni les us et coutumes et encore moins le protocole. Je ne connais même pas ce pays qui est censé être le mien et je sais à peine allier deux mots en anglais. Je suis empotée et...

— Oh je suis loin d'être un exemple d'équilibre parfait, me coupe la parole mon voisin de table. Pourtant, je crois pouvoir dire que la presse m'adore.

La réflexion de mon oncle a le don de me faire rire et j'ai la sensation que ce ne sera pas la seule fois au cours de la prochaine heure qu'il le fera.

— Nous n'aurons jamais honte de toi et nous te préparerons au mieux avant... avant que tu n'assistes à des événements publics et des représentations officielles. Toujours dans l'hypothèse que cela devienne ton choix, évidemment, ajoute-t-elle.

— Et dans cette hypothèse, quelles sont les choses que je devrais apprendre ? L'anglais, bien évidemment, et j'imagine que j'aurais des cours poussés sur l'Histoire de ce pays... Vu que je n'y connais rien hormis l'aéroport privé, une partie de mon arbre généalogique et ce palais.

— Ce sont, en effet, les deux priorités, approuve-t-elle. Mais tu suivras toujours des cours d'un cursus scolaire normal, en plus de quelques connaissances supplémentaires comme le protocole royal, la constitution du pays, la rhétorique et le maintien.

— La rhétorique ?

— L'art de bien parler, m'explique-t-elle.

— Pour éviter des incidents diplomatiques ?

— C'est un peu l'idée.

— Oui, il faudrait éviter de faire comme ton oncle en rabaissant le dirigeant d'un autre pays, précise mon père avec un sourire en coin.

Nos Années Volées ▬ Tome ✯ ©Où les histoires vivent. Découvrez maintenant