Eternity [Poets Of The Fall] Français/English

[FR] 13 - Envie (Desire)

« - Je me sens tellement bien près de toi. J'ai le sentiment de me trouver enfin quand je suis avec toi. Ces dix dernières années, j'étais tellement perdu à propos de tout, seul, refermé surmoi-même. Il n'a suffit que d'un regard de ta part aujourd'hui pour briser tout ça et faire disparaître toute douleur, toute tristesse. »

Jari caressait doucement les mains du blond. Il était si heureux, enfin bercé dans l'amour et dans la douceur qu'il avait si souvent imaginés. Il avait le sentiment d'avoir changé, d'avoir rajeuni de dix ans, perdant du même coup les horribles souvenirs des années précédentes. Il ne pensait plus qu'à Olli, et, ce qui était assez inhabituel pour lui, il pensait à l'avenir, à leur avenir. Tandis qu'il avait jadis banni tout espoir d'un futur heureux, et qu'il avait appris à se contenter de survivre, il avait retrouvé plus vite que jamais son envie d'exister, son envie d'aimer.

« - Toutes les certitudes que je m'étais forgées cette décennie sont parties en fumée, et pourtant il y a toujours quelque chose qui n'a jamais changé, dont je n'ai jamais douté. Je t'aime Olli, plus que tout au monde, et je sais que si ce n'était pas toi, il n'y aurait personne d'autre. C'est auprès de toi que je veux être, aujourd'hui et à jamais. »

Le guitariste ne put s'empêcher de sourire. Ces mots le touchaient bien davantage que tout ce qu'on avait pu lui dire. La douceur dans la voix du brun, ses mots un peu hésitants, se cherchant, qui avaient pris une assurance immense à la fin de son discours, Olli aurait pu les détailler des heures durant. Cela signifiait tellement pour lui. Il se sentait si léger, débarrassé des dix années qui lui avaient tant pesé, et libre d'être enfin lui-même.

« - Moi aussi Jari. Moi aussi je rêve d'être avec toi pour l'éternité, si elle est assez longue. Tu es le seul à avoir su balayer mes doutes en un regard. Si je vis, c'est grâce à toi. Chacune de tes inspirations fait battre mon cœur, si tu n'étais pas là, je ne serais rien. J'ai fait semblant pendant si longtemps, j'étais persuadé que le vrai Olli ne reviendrait plus jamais, perdu dans les regrets, la douleur et le chagrin. Pourtant il ne t'a suffit que d'une seconde pour me faire revenir. Si j'ai tenu tout ce temps, c'est parce que malgré tout, mon cœur battait pour toi. Mon souhait le plus cher est qu'il ne cesse jamais de battre, et je sais qu'entre tes mains, il battra à jamais. Tu es le seul au monde qui m'ait jamais fait ressentir de telles choses, et je n'aurai jamais cru avant de te connaître qu'on pouvait être aussi heureux. Avant toi, je ne connaissais pas l'amour, je ne connaissais pas le bonheur, je ne connaissais même rien de la vie. Tes sourires m'ont aujourd'hui offert l'éternité. Je t'aime Jari. »

Le brun sentait les larmes monter à ses paupières tandis qu'il serrait toujours entre ses mains celles du blond. Il savait qu'à partir de maintenant, le souvenir de ces dix dernières années ne le hanterait plus jamais. Dorénavant, Olli était près de lui, et il le savait, il ne s'en irait jamais. Alors qu'il pouvait enfin vivre, et vivre qui plus est auprès de son bien aimé, jamais il ne s'en serait privé. Le guitariste sentait sa respiration de plus en plus difficile. Alors, il ne retint pas les pleurs qui coulèrent le long de ses joues. La décennie passée s'effaçait définitivement dans ces larmes. Plus jamais elle ne reviendrait. Il n'y avait plus que l'instant présent et l'avenir qui comptaient, et qui compteraient. Tout le mal était terminé. Le batteur distingua les sillons brillant sur les joues de son amant, et ses propres larmes se déversèrent. Dans un même geste, ils se prirent dans les bras l'un de l'autre, échangeant une étreinte sacrée à leurs yeux, qui signifiait absolument tout, scellant définitivement la mort de leur passé trouble.