17. Bonne nouvelle ?

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Depuis une heure déjà, ma famille et moi attendons dans la salle d'attente, chacun gérant du mieux qu'il peut son stress de différentes manières. Je panique dès qu'un homme en blouse blanche arborant une mine dévastée s'approche de nous. Je pense sans cesse à ma mère, espérant du plus profond de mon être qu'elle s'en sortira. De plus, le fait qu'elle ait été poignardée me travaille. Par qui ? Et surtout, pourquoi ? Si cela s'avérait être Spenter, je pense que je ne supporterais pas le fait de savoir que ma maman soit admise ici par ma faute. Ça me fout en rogne à un point tel que je serais capable d'assassiner quelqu'un mais j'ai à la fois terriblement honte.

Je suis soudainement sortie de ma léthargie par une main chaude qui se pose sur mon épaule. Je détourne mes yeux inquiets du couloir d'où parviennent les médecins pour observer James, qui s'apprête à m'annoncer :

- Il est 16h45. Je vais aller chercher Hailey à la garderie. Reste calme poupée, d'accord ? Je reviens vite. Je t'aime.

- Je t'aime aussi, bébé.

James dépose avec une délicatesse inouïe ses lèvres sur les miennes, prenant ensuite mon visage en coupe entre ses grandes mains. Je peux ressentir toute sa compassion ainsi que son amour pour moi à travers ce baiser aussi doux que du coton. Je lâche une larme malgré moi que mon homme s'empresse de balayer sur bout de son pouce, embrassant ensuite mon front avant de se diriger vers la sortie. Aussitôt que James n'est plus de mon champ de vision, je me sens tout à coup très seule, malgré la présence de mon frère et ce mon père. Ça ne fait que confirmer ce que je pense : Aujourd'hui, j'ai un besoin vital de ressentir James près de moi. De le sentir contre moi. De le toucher et de l'embrasser. C'est le phare lumineux dans l'obscurité de ma vie, ma bouée de sauvetage dans l'océan tumultueusement déchaîné de mon existence. Je le désire, le veux, l'adore, si fort que ça en est douloureux. Ma personne, mon esprit, mon corps, toute mon anatomie a cruellement besoin de cet homme.

La vision d'un médecin au visage neutre s'avançant vers nous se matérialise soudain devant moi, me faisant redresser aussitôt de la chaise peu confortable sur laquelle je suis installée. Je suis toute ouïe, fixant presque avec insistance la bouche de l'homme.

- Vous êtes la famille de Mme Gauthier, je suppose ?

Mon père s'empresse de répliquer :

- Oui, exactement. Comment va ma femme ?

- Elle se rétablit. Vous avez eu de la chance. Un peu plus et cette hémorragie aurait eu raison d'elle... Pour l'instant elle est réveillée. Vous pouvez aller la voir.

Chance ? Mais depuis quand se faire poignarder et frôler la mort est synonyme de chance ? Ce médecin est décidément du grand n'importe quoi ! Je m'empresse de demander :

- Quelle chambre ?

- 45 mais...

Sans attendre la suite de sa phrase, je me précipite dans le couloir, mes yeux parcourant les plaquettes au dessus des portes jusqu'à trouver la chambre 45. Je pose ma paume de main froide et moite sur la poignée et la tourne, poussant la porte. Je tombe sur ma mère, complètement éveillée, un éclair de soulagement passant dans ses prunelles fatiguées par la morphine dès qu'elle m'aperçois.

- Maman !

Je m'empresse de venir enlacer ma mère le plus fort que je peux, inspirant son parfum si rassurant, malgré cette odeur d'hôpital incorporée dans sa chemise. Son visage grimace dans mon cou mais maman ne fait que m'étreindre encore plus fort. Nous restons pendant plusieurs minutes à nous câliner, profitant de la présence de l'autre. Dès que je suis éloignée, je saisis une des chaises et l'approche du lit dans lequel est étendue ma mère.

Le temps d'une vie - Tome 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant