OYE OYE OYE !
Ne me tuez pas pour ce hiatus grand comme les vacances. Cela dit, j'accepte la torture. J'espère que vos vacances se sont bien passées car les miennes ont été mouvementées.
Sur ce, des besos.Ps : J'ai volontairement arrêté le chapitre de la Maison Jaune là. La suite aurait été barbante.
~~~~~~~~~~Les rayons de soleil éblouirent mon visage. Au début, je ne fis pas attention, j'allais même me rendormir, mais la Maison en avait décidé autrement. J'entendis le bruit caractérisant des rideaux qui s'écartaient. Grommelant face au soleil bien plus envahissant que les secondes précédentes, je décidai de tourner délibérément la tête vers l'entrée. Je voulais dormir. La Maison n'en fut pas ravie. Elle estima que je devais me lever de bonne heure. Parce que, oui, elle avait décidément une opinion sur mes choix de vie et ici en l'occurrence il s'agissait de mon envie de faire la grasse matinée.
Elle ouvrit donc la porte de ma chambre. Je la maudis silencieusement.
Un jappement joyeux retentit depuis le couloir. Je me précipitai dans ma couverture avant de me faire attaquer. Peine perdue. Des cliquetis adorables, synonyme d'un renard galopant dans la Maison, s'approchèrent. Silence puis un poids bascula sur le lit, sur moi, et des crocs attrapèrent ma couverture dans l'unique but de dévoiler mon visage. Kael se pencha sur moi l'espace d'une seconde avant de me laper joyeusement le visage en guise de bonjour. Le lien qui nous unissait vibrait d'amour et de joie de me voir en vie, comme chaque matin. Je voulus lui en vouloir de m'avoir définitivement réveillé mais ce fut impossible. Je ris toute engluée de bave et me redressai lentement. Il s'allongea sur moi, les pattes avant sous son museau, les pattes arrière sous lui, ses griffes accrochant doucement le tissu de ma couette, attendant patiemment que je passe mes doigts sur sa fourrure.
J'accédai à sa demande silencieuse. Mais je savais que mes deux mains ne pourront bientôt plus être entièrement consacrées à mon renard.
J'avais instauré une règle primordiale : personne n'entrait dans ma chambre pêche si la porte était fermée. Je la fermais rarement mais la nuit dernière, mes compagnons de meute avaient été particulièrement excités et il avait été impossible de dormir avec eux. Je les avais foutus hors de ma chambre pour pouvoir me ressourcer. Mais maintenant que la porte était grande ouverte, œuvre de la Maison qui d'ailleurs semblait satisfaite d'elle-même, mes compagnons étaient clairement invités à envahir mon espace personnel. Un sifflement s'éleva, puis un autre et un autre. Les sons se rapprochèrent de plus en plus, jusqu'à atteindre l'une des poutres à l'entrée de ma chambre. Je levai la tête prête à voir Ruben débarquer.
Un python incroyablement beau souleva son corps, allant sur l'un des nombreux rondins de bois qui donnaient un aspect rustique à ma chambre. Il se déplaça lentement, exhibant sa force. Depuis que je vivais constamment avec eux, j'apprenais peu à peu à connaître leurs caractères. Ruben était vaniteux et un peu prétentieux aussi. Mais il n'y avait pas de raison de ne pas l'être : il était beau sous sa forme animale et particulièrement attirant lorsqu'il était humain. Depuis deux mois, il se transformait de plus en plus. De ce que j'avais pu comprendre, avant, il n'avait plus aucune raison de le faire. Mais désormais, il appréciait tout autant s'enrouler autour de moi en humain et en tant que compagnons de meute. Il ne restait pas humain longtemps, n'appréciant pas vraiment d'avoir des jambes à coordonner. Bien qu'il aimât bouger, il appréciait beaucoup plus s'enrouler sur lui-même, ou autour de moi, pour faire une grande sieste. Il n'était pas spécialement fourbe comme le penserait la plupart des humains, mais il pensait différemment. Ou alors était-ce juste parce qu'il était chaudement intelligent ?
Kael, quant à lui, adorait jouer quand il ne respirait pas le regret ou la nostalgie. Il n'était pas vraiment craintif, mais il avait très souvent peur pour moi. Je ne savais pas ce qu'il avait vécu mais il semblerait qu'il ait été traumatisé par ce fait. Au début de notre cohabitation, et surtout après tout ce que j'avais vécu sans eux à mes côtés, il m'avait suivi à la trace, traînant littéralement entre mes jambes. Parfois il s'installait dans ma chambre, le museau dans mon coussin, et tremblait un peu comme parcouru d'horreur sans fin. Mais ces moments furent vite remplacés par des moments joyeux. Une fois qu'il eut compris que tout allait bien, et surtout qu'il disposait d'un lien de meute lui permettant de savoir quand je serais en danger, il avait arrêté de se coller contre moi et s'était mis à jouer. Partout, tout le temps. Il restait certes affectueux mais il ne s'agissait plus d'affection d'angoisse. Il aimait juste sentir mes mains sur son poil. Il me tendait des embuscades pour me maintenir alerte et parce qu'il adorait m'entendre pousser des cris surpris de terreur. Bien qu'il appréciât s'amuser et m'effrayer, il n'en restait pas moins un être consciencieux : chaque soir, il rôdait dans la nuit pour me protéger des dangers.
Ruben suspendit un bout de son corps et approcha sa tête de mon nez. Sa langue sortit de sa bouche souriante pour sentir l'air et pour m'offrir comme un léger baiser sur le nez. Je souris et tendis l'un de mes bras pour lui permettre d'atteindre mon cou. Il vînt docilement s'enrouler autour de moi, sa tête frôlant sans cesse mes joues. Et voici une chose que j'avais apprise depuis ces deux mois de cohabitation : je les aimais profondément l'un et l'autre. Tout comme j'apprenais à aimer ma Maison Jaune.
Tout en câlinant mes compagnons, les inondant d'amour, je jetai un regard à la fenêtre et je manquai d'insulter cette dernière. Le ciel était une palette de nuance de noir, bleu, jaune et orange. L'aube. Ma Maison m'avait levé à la première heure. Je retirai ma pensée : j'apprenais à haïr ma Maison. Notre séance d'affection touchait à sa fin lorsque mon ventre grogna pour indiquer sa présence. Il n'y avait pas de doute : j'étais un ventre sur pate. Je ne faisais que manger. Pour contrer mes crises d'angoisses, pour contrer mes cauchemars, pour contrer ma faim. C'était mauvais : mon poids en prenait déjà un coup.
Et je n'en avais rien à faire. Manger signifiait qu'on était encore vivant pour apprécier les saveurs de la vie.
Je sortis de ma chambre, les jambes et les pieds nus, un python autour de mon corps. Kael trotta devant moi, traversa le couloir en évitant de se perdre dans mon odeur qui criait "foyer" à ses yeux et descendit les escaliers en sautant joyeusement. Plusieurs portes à l'étage étaient fermées. D'après la Maison, chaque pièce était destinée à quelqu'un. Je n'avais pas l'intention d'inviter quiconque dans mon chez moi, mais la magie de la Maison en savait plus que moi en ce qui concernait le futur. Seuls les portes de la salle de bain, des toilettes, et des chambres de mes compagnons m'étaient ouvertes. C'était suffisant.
Les escaliers en colimaçon descendus, j'allais à la cuisine préparer tout ce qu'il fallait pour tout le monde. Bien que Kael et Ruben chassèrent la nuit, je leur préparais toujours un petit quelque chose. Je les gâtais. Un peu. Ma tasse de thé à la main, je me dirigeais vers le salon. La baie vitrée commença à bouger sous l'impulsion de la Maison. Il faisait frais mais rien n'allait m'empêcher de voir le paysage qu'offrait mon jardin.
Ma Maison et mon terrain, que c'était bizarre de penser comme ça, commencèrent à exprimer leurs idées dès que j'eus signé le bail. Ma Maison était susceptible : combien de fois ai-je insulté un mur et me suis-je retrouvée enfermée aux toilettes ? Trop de fois pour que je puisse les compter. Elle était d'un sérieux imperturbable, je ne pouvais jamais rire avec sa présence. En plus, je ne comptais pas la magie de la Maison, composé de toutes les magies, qui adorait me traverser le corps. Ce n'était pas agréable mais c'était gérable. La magie cherchait à tisser des liens en moi mais c'était plus complexe et douloureux que prévu donc le processus devenait plus long. Le but de toute ces bêtises était de pouvoir utiliser la puissance de la maison en cas de danger plus tard. Puisque j'étais humaine, mon corps ne réagissait pas bien aux tentatives de liaison et ce à cause de la magie de certaines espèces. Je refusais de savoir pourquoi j'aurais besoin de magie plus tard.
Mon terrain était plus calme et bien plus gentil. Chaque matin, mon terrain créait un nouveau décor pour mon jardin et ses étendues. Aujourd'hui, j'eus droit à une multitude de buisson, plus gros les uns que les autres. Je n'arrivais même pas à voir le grillage séparant la partie Sud de la ville du reste. Des fleurs germèrent des buissons sous mes yeux, apportant un peu plus de couleur au paysage. En sirotant ma boisson, les pieds pas encore dans l'herbe, je tendis l'oreille pour m'assurer d'avoir bien entendu. De l'eau. Mon jardin avait aujourd'hui un ruisseau quelque part. Il n'y avait aucun doute : mon chez moi respirait la magie.
Pour autant, je n'eus plus aussi peur que durant les premiers jours. J'osais même descendre de la maison et sentir l'herbe fraîche sous mes pieds. Les quelques rayons de soleil éclairaient parfaitement bien mon jardin, touchant mes jambes, mes bras, mon corps, le réchauffant un peu. Quelque part, je me nourrissais du soleil pour bien commencer une journée. Mon œil endommagé repéra le flux magique de mon terrain en train de sillonner le sol et atteindre mon corps. Il ne fit que caresser mes chevilles. Je me sentais ressourcée d'une autre manière. J'allais traverser cette forêt de buisson lorsque je vis l'un des fourrés bouger.
Je me figeai. J'étais sûre d'avoir laissé Kael et Ruben à la maison. Un autre mouvement plus loin. J'agrippai ma tasse, prête à attaquer. Il était hors de question que l'on ne m'attaque et que je meurs chez moi alors que je n'avais même pas accompli mon job.
Soudain, un faon sauta par-dessus un buisson, atterrissant près de moi.
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Ush ROWTAG T1.5 : Magie courante.
ParanormalSuite d'Ush Rowtag T1. Je conseille de lire ce premier opus avant de s'attaquer à celui là. ------ Elle est vraiment prête à envoyer balader ce chef du monde magique mais, soyons honnêtes, elle sait qu'elle n'a pas le choix et qu'elle ne peut refuse...