"Personne (annonça Agathon à voix feutrée). Personne dans le bloc.
-Sacremerde (souffla Elisabeth, ses yeux se perdant dans ses moroses pensées, s'effondrant sur les gravats en laissant tomber son sabre). Pas même ...
-Laisse (coupa court Enelon, fatigué). On cherchera demain. Pour l'instant, on ... (il chercha, et soupira) On va se reposer. Qui prend le premier tour de garde ?"
Elisabeth le prit. Il était évident que la sergente le faisait par conviction, par espoir fou qu'elle pourrait ainsi voir les autres revenir. Les quatre autres se pressèrent dans le cratère, priant pour qu'aucune mauvaise nouvelle ne viennent les perturber. Enelon prit le second, comme à sa rivale habitude ; Figus le troisième ; Agathon le dernier. Mathei en fut exempté, ses crises de panique étant une évidente contre-indication. Alors, au coin, sous deux écharpes pour faire une couverture. La nuit était déjà froide, et n'était qu'à ses débuts.
Quel merdier. Première vraie sortie, et déjà la moitié de l'escouade qui part en l'air. Figus, ses doigts bagués crispés sur son lance-grenade, tentait de se souvenir des passages exaltants du Lectitio Divinatus. Mais sa voix et sa mémoire lui faillaient sans cesse, et bientôt, tous durent lui faire signe de se taire, sans quoi eux aussi sombreraient dans la panique. L'écharpe jaune tenta bien d'arracher au cœur quelques blagues, mais le fils Ophélia La Jeune n'en avait pas la force, ses pensées allant vers ses frères et sœurs.
Finalement, Enelon parvint à occuper les esprits. Il s'était passé quoi, exactement ?
"Il est clair que c'était une embuscade (fit Figus)
-C'est un bon début ... mais y'a quelque chose qui ne va pas.
-Comme quoi ?
-Bah ... Un seul (un frisson de peur) traitre ?
-Oui, mais quel traitre ! Un Astartes ! (cria presque le dévot, se prenant en réponse le regard courroucé de tous)
-On a tous vu (fit Agathon, cherchant à fuir ses pensées et à détourner l'attention). Mais il était seul, et il ne nous a pas tous eut.
-Ca n'est pas normal, en effet ...
-Il ... (couina Mathei) Il a rechargé quand nous avons pris à gauche.
-A quelle gauche ?
-Pourquoi engagerait-il sans un chargeur plein ?
-Avec seulement trois balles, maintenant que Mathei en ..."
Tous se turent. Au loin, des crissements, des claquement et des détonations se firent entendre. A droite, dans un premier temps. Puis à gauche. Devant. Derrière. De plus en plus, la même scène se faisait entendre, les coups de fouet des fusils lasers, les armes lourdes, les grenades, la mitraille ... puis les bolters, et le silence.
Une terrible pensée traversa le groupe. Mathei éclata en sanglot. Agathon manqua d'en faire autan.
Les Space Marines du Chaos chassaient la nuit. Et ils les chasseraient tous.
Elisabeth frissonna, puis se leva. Une inspiration. Une expiration. Trois pas, elle arracha le lance-grenade des mains de Figus.
"Qu'est-ce ...
-Vous avez entendu la vieille tête blanche ? Un space Marine, c'est cents hommes. Si on en abat un, on aura vengé la section. Qui est avec moi ?"
Agathon et Enelon levèrent la main.
