Jour 1

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J'ai l'impression d'être un cadavre, une carcasse, une voiture rouillée, je deviens un élément de ce décor vide et ardent. Prisonnier dans une cécité temporelle, je n'interprète plus les textures, les odeurs, les couleurs que je perçois. Je ne cherche même plus à savoir qui suis où suis-je, j'essaie simplement de me lever. Sans succès je pense avoir été drogué et abandonne, je me rendors.

J'ai l'impression de tourner sur moi-même, ça m'en donne des nausées, ce qui confirme l'hypothèse de la drogue, j'ai était drogué violemment, mais pourquoi, et qui suis-je pour mériter cela ? Tout est noir, des cercles bleus apparaissent de façon très éphémère, ce sont les capillaires qui entourent mes yeux qui donnent cette illusion.

Puis je me vois courir, je cours jusqu'à la déchirure musculaire, respire jusqu'à la surventillation, je ne sais pas où je vais, mais je sais que je dois courir très vite, plus vite que mon maximum. Je continue ma lancée en fixant un point au loin mais je me prends soudainement un violent coup derrière la tête qui me réveille en sursaut.

Je me retourne et m'assieds la main derrière la tête par réflexe reptilien. J'aperçois mon agresseur, il était derrière moi depuis le début mais j'étais trop défoncé pour l'apercevoir. Il est grand et face au soleil, mais malgré le contre-jour qui me brûle les yeux, je le reconnais très bien.

C'est un cactus. J'ai dûe bouger violemment pendant mon sommeil de drogué, et ma tête a dû heurter ce cactus, alors je trouve la force nécessaire pour me lever, tout en tenant l'arrière de ma tête. Je le regarde.

| Mais t'es vraiment une merde ! Lui dis je.

Je suis très fâché contre ce cactus.

| T'es là tu campe toute la journée et même pas tu te bouge quand quelqu'un te rentre dedans !? Bah merci super ! Je me rassieds.

Je ne sais pas si je me sens mieux, pour tout dire, je me sens comme quelqu'un de droguer jusqu'à l'amnésie qui vient d'engueuler un cactus. Sinon hormis ma santé mentale j'ai l'aire physiquement en forme. Je profite de ne plus être un légume pour identifier l'endroit où je me trouve, j'aurais pu le deviner à la chaleur et au calme qui règnent maître. Je suis dans un désert, au beau milieu d'un désert. Reste à savoir qui suis-je.

Je n'ai pas de miroir à disposition, même pas l'écran d'un téléphone, en cherchant un peu plus j'ai deux mouchoirs qui ont l'aire usagés dans mes poches, j'en jette un par réflexe et garde l'autre. Je dois admettre qu'aux vues de la situation cet impact écologique ne m'empêchera pas de dormir les nuits à venir.

Après avoir faits le tour de mes poches je me contente alors de ce que je vois. J'ai l'aire bien habillée, costard cravate noir sous un trench noir en laine bouillie. Et de belle chaussure noire qui comme le reste, commence à perdre de leurs cachets avec le sol sableux. Tenu très classe mais légèrement peu adapté au climat. Je me relève une nouvelle fois et garde tout de fois le trench en rehaussant le col pour protéger ma nuque du soleil.

Je commence à marcher, aucune idée d'où je peux bien aller mais je marche en fixant un point dans le vide, marcher m'aide à réfléchir. Je peux profiter de cette marche pour faire un point sur la situation dans la mesure où je n'en ai appris que très peu depuis mon réveil. Je me retourne après avoir marché une cinquantaine de mètres qui m'a semblé être un kilomètre pour regarder le cactus. Je l'ai laissé planter là sans même lui dire au revoir, j'espère qu'il ne sera pas malheureux, je m'en veux déjà pour lui avoir gueulé dessus.

Je reprends ma marche et constate que l'environnement dans lequel je me trouve rend la marche atroce, mais si je ne marche pas je vais devenir fou. Faisons un point sur la situation, un homme dans le désert sans eau ni nourriture, vois son espérance de vie atteindre un plafond de plus ou moins 5 jours, en admettant mourir de déshydratation. Bien sûr il ne faut pas exclure le risque de mourir d'hypothermie la nuit, ou d'un coup de chaud le jour.

Je ne sais pas si je vais réussir à dépasser les 5 jours, à vrai dire, je me vois mal boire mon urine et manger des cailloux jusqu'à espérer tomber sur des secours qui ne resteront qu'un espoir dans un environnement aussi peu adapté à la vie humaine.

Peut-être dois-je me résoudre à profiter à fond de ces 5 jours pour réfléchir. Après tout j'ai l'impression que cette fatalité dans mon destin a du bon, bien que je ne sois pas séduit par l'idée d'un suicide. Ma situation me fait penser à "Amor Fati". C'est une façon de penser assez stoïcienne mais qui ne cache pas son effet. Amor Fati, et un terme latin qui signifie "L'amour du destin". Elle repose sur un procédé simple qui consiste à accepter son future.

Pour exemple, prenons un vieil âne tiré par une charrette, elle-même tiré par deux grands chevaux. L'âne est prisonnier, il sait qu'il va être tiré de force dans un château pour y être exploité dans des travaux horribles jusqu'à la fin de sa vie. Mais il est bien trop faible pour résister ou fuir, il est solidement attaché, et ne fait pas le poidsface aux deux chevaux.

Mais, s'il ne peut changer son destin, s'il est prisonnier du "fatum" encore un terme latin qui prononce l'idée de fatalité. Il peut tout de fois changer sa façon de penser. Il peut accepter son destin, c'est-à-dire marcher fièrement vers le château, puisque à quoi bon servira-t-il de lutter, cela le ferait souffrir davantage.

J'accorde qu'il en résume d'une façon de penser très militaire. Mais j'avoue marcher dans le sens de ce principe sans trop de problème aux vues de ma situation.

Donc je marche. En plissant les yeux je peu apercevoir au loin un autre cactus. En me retournant pour constater la distance qui sépare ce nouveau cactus de l'autre, je m'aperçois que je n'ai que très peu marcher. J'en ai presque l'impression d'être suivie par le premier. Après un moment d'absence en fixant le premier cactus probablement dû à la quantité de drogue qu'on m'a injecté et à la chaleur, je me rend soudainement compte qu'il serais préférable que je continue de marcher sans trop m'étaler.

Je n'ai aucune idée de qui je suis. Ma mémoire c'est volatilisée et je ne sais s'il est possible que je la retrouve. Mais j'émets des hypothèses à la vue de mon accoutrement. Je suis bien habillée, vêtu de noir de la tête au pied. Je conjecture sans trop de doute avoir un passé dans la luxure, mais laquelle ?

Pourquoi une personnes riche aurais t'elle des ennemis aussi féroces ? Après réflexion, je sens une bouffée de chaleur s'emparer de moi. Et si j'était de la mafia ? Je m'arrête de marcher et retrousse mes manche a la recherche d'un tatouage quel qu'il soit. Ce ne fût pas long avant que je puisse repérer un tatouage à l'encre noir sur mon avant-bras. Je le scrute dans ces moindres détails.

La tatouage ressemble à l'arrière d'une balle de gros calibres, orné de rosiés. Mais en regardant très près, je peu lire quelques mots sur le tour de la balle. LaRuche Mafia, je suis très surpris, je suis effectivement dans une mafia, au nom de LaRuche. Mais se serais mentir de dire que cela me déplaît, j'étais donc un gangster, reste à savoir qu'elle place j'occupais au seins de cette mafia.

Je reprend ma marche, je suis sur le point de croiser le cactus que j'avais vue au loin. Je me concentre la vie que j'avais avant dans perdre la mémoire. Si j'en suis arrivé là c'est que je devais être dangereux, des gens haut placé devait me craindre pour en arriver à me faire disparaître de la sorte. Je me sens puissant tout d'un coup, mais ça ne m'aide pas à savoir qui je suis plus en détail.

Je suis arriver au cactus, je lui dit bonjour et trouve préférable de faire une pause en m'asseyant contre lui, il ne pique pas tant que ça pour etre honnête. En plongeant mon regard au loin, je me rend compte que je ne suis plus en mesure de voir l'autre cactus. Il va me manquer. J'aurais dû lui dire au revoir.

En étant assis, je me rend compte que je devrais continuer dans cet élan. Marcher de cactus en cactus au rythme d'un cactus par jour. De plus, je ne dit pas que le temps est devenue confortable mais la chaleur est devenue plus soutenable. J'enlève mon trench car celui-ci ne me sert hélas plus à grand chose maintenant que le cactus couvre ma nuque d'ombre.

En profitant de cet instant en me servant du cactus pour tenter de rejoindre Morphée, après une courte mais dure marche. Je ris à une de mes pensées qui admet qu'étant probablement la seul personnes en activité dans ce desert. Je suis officiellement le supérieur hiérarchique de tout les cactus de ce desert. Il est évident que mon corp brûle sous la chaleur et que même les yeux fermés, la lumière qui parvient à passer la fine peau de mes paupières me brûle la rétine, mais je suis tout de même, le roi des cactus.


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⏰ Dernière mise à jour : Aug 30, 2019 ⏰

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Les raisonnements non euclidiens du roi des cactusOù les histoires vivent. Découvrez maintenant