Recueil de nouvelles

Partir en fumée

Je suis assise sur le rebord de mon balcon, en train de fumer une cigarette qui sera sûrement la dernière. Je suis malade, très malade selon le docteur; et encore "malade" est un euphémisme, en effet, je suis en phase terminale d'un cancer.
J'avais passé les quelques derniers mois en compagnie de ma famille, j'ai dû supporter leurs larmes, leurs regards compatissants, ils me regardaient avec pitié mais au fond c'était eux les plus pitoyables.
Contrairement à la plupart des personnes, j'ai toujours pensé que c'était égoïste de pleurer la mort de quelqu'un, parce qu'on pense tous à la même chose "que vais-je faire sans lui ?", "elle va tellement me manquer" moi, moi, moi...
Comme vous l'aurez sûrement remarqué, je ne suis pas de nature très optimiste, mais bon je suis comme ça, il faut de tout dans la vie
La vie...
Je me penche au-dessus du vide et me demande si le mieux est de sauter ou d'attendre calmement la mort.
Suite à cette pensée, j'éclate d'un rire hystérique très aigu presque incontrôlable.
Ça y est je suis folle.
Je m'arrête de rire d'un coup, j'ai un mauvais pressentiment, ma mort approche de plus en plus.
Voyez-vous, ces choses-là se sentent au plus profond de nos entrailles, on le sait et on ne peut rien y faire.
La sensation de mourir est une chose étrange, on se sent loin, détaché de notre propre corps.
Et puis, on voit la lueur de la cigarette s'éteindre en même temps que notre vie.