Epilogue

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Quatre ans plus tard, février...

HAYDEN

Ophélie sert si fort sa main dans la mienne que j'ai un mouvement de douleur. Elle est stressée, je le vois, et je tente du mieux que je peux de la rassurer. Je caresse sa paume de main de bas en haut et elle me fait un sourire. Entre mes jambes, Arleen s'est endormie.

— Regarde-la, même quand elle dort elle est mignonne à croquer.

Ophélie sourit et baisse le visage vers Arleen. Notre fille ressemble terriblement à sa mère. Le même sourire, les mêmes yeux vairons, j'ai l'impression de vivre avec une version miniature d'Ophélie chaque jour. La seule chose qu'elle tient de moi est la couleur de ses cheveux.

Je souris à mon tour en observant ma petite amie qui regarde notre fille, heureuse. Je savais que regarder Arleen dormir l'aiderait à aller mieux. Je comprends pourquoi elle a peur, mais quoi qu'il arrive, je serai là pour elle.

Je le serai toujours. Même si elle ne veut plus de moi.

— On dirait un petit ange.

— Comme sa mère, ne puis-je m'empêcher de dire.

Ophélie me regarde, puis plante un baiser sur mes lèvres. Je lui rends son baiser, et au moment où je me détache d'elle, j'aperçois la silhouette d'Ilian qui se découpe à l'horizon. Je serre plus fort la main d'Ophélie, réveille Arleen et l'attrape de mon autre main, puis me lève. C'est d'un pas trainant que ma fille et ma petite amie avancent dans le couloir.

Lorsqu'Ilian arrive à notre hauteur, il nous adresse un sourire triste. Sans un mot, nous le suivons jusqu'à son bureau. Voilà bien des années qu'il est là, à s'occuper d'Ophélie, et une drôle de relation s'est nouée entre nous. C'est plus qu'un simple ami, c'est l'une des personnes qui aident Ophélie à remonter la pente. A garder espoir quoi qu'il puisse se passer.

Nous nous asseyons tous les quatre autour du bureau, Arleen sur les genoux de sa mère. Je pose une seconde mon regard sur elle. Elle a beau être jeune, elle est maligne, et elle semble d'ores et déjà comprendre que le moment qui va suivre nous fait tous terriblement peur. Son œil marron, puis son œil vert, se posent sur moi, ceux d'Ophélie derrière elle faisant miroir.

Enfin, je détourne le regard pour observer Ilian. Emu, il regarde Arleen et Ophélie en silence. Il déglutit, puis ouvre finalement la bouche pour parler.

— Bien. Déjà, je vous remercie d'être venus.

— N'y va pas par quatre chemin, Ilian, et dis-moi.

Ophélie ne perd pas le Nord. Elle veut aller à l'essentiel, et elle ne manque pas de le faire comprendre. Je lui adresse un regard, mais elle ne le remarque pas. Elle est bien trop occupée à regarder Ilian.

— Est-ce que mon cancer est revenu ?

La voilà, la question à mille points. J'ai peur, terriblement.

Mon cœur s'accélère, mes doigts se resserrent sur l'accoudoir du fauteuil, alors que le temps semble s'arrêter autour de moi. C'est comme si rien d'autre au monde n'existait qu'Ophélie. Ilian détient en lui la réponse de notre futur, et je déteste l'idée qu'elle ne soit pas celle que l'on veut entendre.

Il n'y a plus un bruit dans la pièce. Ophélie regarde Ilian, je fais la même chose, sans oser croiser le regard d'Ophélie, et Arleen joue avec ses mains en jetant quelques coups d'œil autour d'elle. Je ne suis pas bien, pas bien du tout, et je ne veux même pas me demander dans quel état Ophélie peut-elle être.

Quand le médecin nous a annoncé qu'Ophélie était guérie de son cancer, mais qu'il était très probable qu'elle fasse une récidive, sur le moment je m'en fichais. Tout ce qui m'importait, c'était de savoir qu'elle allait mieux. Puis, il a y eu cette journée, il y a deux mois, où Ophélie était en larmes sur notre lit en se tenant la tête. Elle avait beaucoup pleuré, moi aussi, et Arleen aussi même si elle ne comprenait pas pourquoi. Paniqués, nous étions alors allés à l'hôpital, et voilà des mois que les médecins lui ont fait passer toutes sortes de tests, sans que l'on ne sache quoi que ce soit.

Le voile des tentations |Terminé|Où les histoires vivent. Découvrez maintenant