Chapitre 4.

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Ruggero ne prenait aucun plaisir à la conversation entre ses frères et Agus, qui dissertaient surl'angoisse de la performance lors de la nuit de noces. Comme si ses frères avaient plus d'expérienceque Agus sur ce sujet.Ruggero avait fini par faire son apparition et, le père de Agustin étant allé rejoindre sa femme, il se mità donner des conseils avisés.

- Tu t'es rasé les couilles? demanda-t-il, sa canette de bière à la main.

Il était le seul à ne pas boire de vin.

- Quoi ? s'esclaffa Agus.

- « Rasé les couilles », répéta Ruggero en souriant. Les femmes adorent ça.

Ruggero ne doutait pas un instant que Pasquale en soit parfaitement informé. Même si tout Washingtonpensait que Ruggero était un véritable tombeur, le plus séducteur des trois, c'était Pasquale.

- Il n'est pas question que je discute de mes couilles avec vous, les mecs, répondit Agus. Nimaintenant, ni jamais.

- Merci, mon Dieu, rétorqua Ruggero.

-Tu devrais m'écouter et te raser, reprit Pasquale avec ce sourire satisfait qui n'appartenait qu'à lui.Tu devrais aussi prévoir des sex-toys. C'est...

Ruggero cessa d'écouter son frère. Il n'aurait pas été surpris d'apprendre qu'il avait rempli lachambre nuptiale de Agus avec tout un tas d'objets pervers, juste pour se marrer.Accoudé à la balustrade, Ruggero laissa son regard errer sur les invités. La plupart s'étaient déjàretirés, y compris les parents de Agus et de Valu. Il ne restait que les plus jeunes, clientèle habituellede ses boîtes de nuit.Il était anxieux. Il détestait s'éloigner pendant plusieurs jours sans pouvoir s'assurer que toutroulait. Ses gérants étaient compétents, mais même si c'était une nuit de semaine, il devait combattrel'envie pressante de téléphoner toutes les cinq minutes.

Il essayait désespérément de ne pas penser à ce qui s'était passé dans cette horrible chambrenuptiale. Et merde. Qu'est-ce qu'il lui était passé par la tête ? Pourquoi avait-il - encore - embrasséKarol ?Il jeta un coup d'œil en direction de Agus et il eut l'impression qu'on l'émasculait. Il ne méritaitpas mieux. Avec sa réputation de derrière les fagots, il ne faisait aucun doute que Agustin serait furieuxd'apprendre que Ruggero s'était jeté sur sa petite sœur. Même si Agus n'avait jamais ouvertementcondamné l'idée - il avait même plusieurs fois suggéré qu'ils formeraient un joli couple - Ruggero n'était pas près de laisser se produire une chose pareille. Et il subodorait que son ami serait moinstolérant s'il se passait vraiment quelque choseentre Karol et lui : ses exploits avec la gent féminine et l'héritage génétique de son pèrerisquaient fort de refaire surface à ce moment-là. Ce n'était pas parce que Agus avait fait une ou deuxallusions qu'il avait donné sa bénédiction.

Ruggero croisa les bras et contempla la mer de visages souriants autour de lui.Elle était là-bas, près des bancs. S'il en croyait les verres vides autour d'elle, elle en était à sonquatrième verre de vin, et si elle n'avait pas changé, la nuit promettait d'être longue. Et intéressante.

Karol.

Petite folle.

Quand il l'avait embrassée, un peu plus tôt dans la journée... Il n'avait jamais tenu une femme aussifougueuse dans ses bras. Sa façon de se lover contre lui et ses gémissements si féminin? l'avait presque rendu fou, ce qui l'avait paradoxalement ramené à la raison, mais n'avait rien ôté aux attraitsde la jeune femme.Elle était toujours incroyablement sexy.

Ruggero se campa sur ses deux jambes et réprima un grondement. L'incident de l'après-midi, commecelui de la nuit dans son club, avait été une erreur. Une erreur fort agréable, certes, mais qui nepouvait en aucun cas se reproduire. C'était la sœur de son meilleur ami...Et elle était debout sur un banc, un verre à moitié vide à la main. Elle ondulait lentement deshanches au rythme de la musique.Et merde.L'un des collègues de Agus se tenait à côté du banc, un sourire béat sur le visage, comme s'il avaitgagné le gros lot. Il se disait plus probablement en la regardant se trémousser sensuellement qu'ilavait toutes les chances de tirer son coup ce soir.

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