Chapitre 5.

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Karol, qui traînait les pieds derrière sa mère en grimaçant sous ses lunettes de soleil, attendait que les quatre cachets d'aspirine aient raison de sa migraine. Elle aurait aimé faire le tour des vignobles, mais c'était sans compter sur le batteur psychotique qui avait élu domicile dans sa boîtecrânienne.Elle avait vraiment trop bu la veille. Dire qu'elle avait dansé sur un banc et qu'un Ruggero étonnamment raisonnable avait dû la raccompagner au chalet !

Honteuse et en colère après elle-même, elle avait choisi de s'entasser avec le reste de sa famille sur les sièges disposés à l'arrière d'une bétaillère qui les mènerait aux quatre coins du vignoble.
Esteban? Ou était-ce Michel ? Quel que soit son nom, il était, Dieu merci, dans l'autre voiture. Elle ne pouvait même pas regarder dans sa direction sans avoir envie de se cacher sous le foin qui jonchait le fond du véhicule.

Chaque soubresaut se répercutait directement dans le crâne de Madison. Mâchoires serrées, ellea grippait le siège, tandis que la camionnette brinquebalait le long de l'étroit sentier.Sa mère grimaça sous le large bord de son chapeau de paille.

-Tu n'as pas l'air dans ton assiette, fit-elle remarquer.

Avant même qu'elle ait pu répondre, Pasquale intervint en souriant malicieusement.

- Elle a bu une vingtaine de verres de vin, hier soir.

- Karol ! la gronda sa mère, sourcils froncés.

La jeune femme leva les yeux au ciel.

-Je n'ai pas bu vingt verres.

- Combien, alors? demanda son père en caressant sa courte barbe.

-Je ne sais pas, dit-elle en jetant un coup d'œil en direction de Ruggero, qui n'avait pas pipé mot. Quatre, peut-être ?

Sa mère émit un son désapprobateur, mais Valentina se mit à rire et Agustin sourit en secouant la tête.

-Espèce d'alcoolo! lança-t-il.

Karol lui tira la langue et se retourna.

Les vignobles et les collines s'étendaient à perte de vue sous un soleil radieux et un ciel sans nuage.Heureusement pour elle, la conversation dévia vers le mariage. Le vendredi soir serait consacré àla répétition, les enterrements de vie de garçon et de jeune fille ayant eu lieu la semaine précédente. Il fallait aussi plier une tonne de programmes, et Karol proposa de le faire avant le dîner.

- Merci ! s'exclama Valu avec reconnaissance. Tu vas avoir besoin d'aide. Il y a un nombre impressionnant de programmes, sans compter les porte-cartes. Je suis certaine qu'une demoiselle d'honneur ne demandera pas mieux que de te donner un coup de main.

Étant elle-même demoiselle d'honneur, Karol savait que ce genre de tâches lui incombait et elle avait vraiment envie de l'accomplir. Les autres filles avaient déjà fait plus que leur part et avaient toujours répondu présentes quand Karol avait eu besoin d'elles.

-Je peux le faire toute seule, ne t'inquiète pas. Laisse-les se reposer un peu.

Valentina ne répondit pas mais jeta un coup d'oeil à Agus.Karol lâcha son siège et défroissa sa jupe en jean. En face d'elle se tenait Ruggero. Même s'il ne lui avait pas adressé deux mots depuis qu'elle avait rampé hors du lit, il ne l'avait pas quittée des yeux une seule seconde.

Dire qu'il l'avait aidée à se déshabiller et qu'elle lui avait avoué qu'elle dormait nue! Encore un pas sur le chemin de l'humiliation. Elle jura de ne plus jamais boire de vin et lui lança un coup d'ceil à la dérobée.Leurs regards se croisèrent au moment où le véhicule s'immobilisait devant un grand bâtiment enpierre.

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