My Precious CAMELIA

Les confidences du cœur

Camille et moi avions établi un nouveau rituel, plus intime, plus profond. Ce n'était plus seulement cinéma et restaurant, mais des soirées chez l'une ou l'autre, des heures passées à refaire le monde dans l'intimité de nos chambres. Une envie soudaine, un coup de blues, un besoin de réconfort : chaque prétexte était bon pour être ensemble.

Nos maisons étaient devenues un peu comme des refuges partagés. J'avais deux foyers, et elle aussi. Nos mères, complices comme avant, s'amusaient de cette proximité, renouant avec une vieille amitié qui n'avait jamais vraiment disparu.

Avec Camille, j'avais découvert tant de premières fois : ma première cigarette, mon premier concert – un show déjanté d'Ultra Vomit dans une salle bondée d'une ville voisine –, ma première soirée clandestine avec des fausses cartes d'identité dans un bar LGBT, et même ma première gueule de bois. J'avais appris à tricher pour elle lors d'une épreuve du bac, volé des barbes à papa en pot dans une fête foraine... et nous nous étions fait prendre en flagrant délit. Tout avec elle semblait déraisonnable, spontané, et infiniment parfait.

Mais malgré cette proximité, un doute persistait : je n'étais qu'une amie. Juste une amie.

Un soir, alors qu'elle était allongée sur mon lit, le regard perdu dans le plafond, Camille brisa le silence.

« Tu te souviens du collège privé où tu étais ? » demanda-t-elle doucement.

Je haussai les épaules. « Comment l'oublier ? J'y ai vécu les années les plus solitaires de ma vie. »

Elle tourna légèrement la tête vers moi. « Et cette fille... Celle qui te fixait dans la cour, tu t'en rappelles ? »

Un frisson me parcourut. « Oui. C'était flippant. Mais... comment tu sais ça ? Je ne t'en ai jamais parlé ! »

Un sourire énigmatique éclaira son visage. « À ton avis, c'était qui, cette fille flippante ? »

Mon cœur rata un battement. Je restai figée, la fixant avec des yeux ronds.

« Camille... c'était toi ? »

Elle hocha la tête en riant. Ce moment de révélation nous emporta dans un éclat de rire partagé. Nous étions si ridicules, à nous chercher, à nous éviter, à nous observer de loin, alors que tout semblait nous destiner l'une à l'autre.

« Mais dis-moi... » Je pris une profonde inspiration pour retrouver mon sérieux. « Pourquoi tu n'es pas la même avec tes amis qu'avec moi ? »

Son sourire disparut, remplacé par une certaine gêne. « C'est compliqué... » murmura-t-elle.

Je me rapprochai d'elle, presque à bout de patience. « Tu sais que tu peux tout me dire. Pas de jugement, jamais. »

Elle détourna le regard. « Mila, je... »

« Camille. » Je montai sur le lit pour m'approcher encore plus d'elle, la surplombant légèrement. Nos visages étaient à quelques centimètres. « Dis-le-moi. Je te promets que rien de ce que tu diras ne changera quoi que ce soit entre nous. »

Elle leva enfin les yeux vers moi. Ce qui suivit fut si soudain que je n'eus même pas le temps de comprendre. Camille s'était jetée sur mes lèvres, m'embrassant avec une intensité qui me coupa le souffle.

C'était comme dans mes rêves, mais tellement mieux. Ce n'était pas une illusion, c'était réel. Ses mains glissèrent autour de mon cou, et je l'attirai contre moi, prolongeant ce baiser avec une ferveur que je ne savais même pas posséder.

Le monde sembla s'effacer autour de nous, ne laissant que nos souffles mêlés, nos cœurs battant à l'unisson. Nous testions, apprenions, découvrions ensemble, comme si le temps s'était arrêté. Chaque caresse, chaque baiser, chaque murmure semblait une promesse silencieuse.

« Mila... » souffla-t-elle, sa voix brisée par l'émotion. « Depuis le premier jour... »

Je posai un doigt sur ses lèvres pour la faire taire, avant de l'embrasser de nouveau.

« Depuis le premier jour, Camille, » murmurai-je entre deux baisers, « je t'aime. D'un amour fou, passionné, immortel. Rien ni personne ne pourra changer ça. »

Et à cet instant, sous la lumière tamisée de ma chambre, il n'y avait plus ni peur, ni doute, ni hésitation. Juste deux âmes qui se retrouvaient enfin, dans la pureté d'un amour sincère.