Il était exactement sept heures trente minutes lorsque, Anastasia De Marcopiezza fit claquer ses magnifiques talons aiguilles sur le carrelage de l'énorme salon familiale.
Sa fine silhouette, dont raffolaient toutes les autres dames richardes de la région, se reflétait lentement sur chacun des murs dudit salon. Alors que, Margarita versait du thé rouge chinois, dans l'énorme carafe, placée sur la tablette en verre translucide.
À cette heure-là, le soleil relâchait déjà ses rayons ardents, qui se mêlaient tendrement à la brume tantôt dissipée du matin. Voilà pourquoi Anastasia adorait l'été, elle donnerait tout, pour que chaque journée demeure en été.
Sortant à peine de sa toilette matinale, Fernando décida, bien qu'envahit par un énorme sentiment de culpabilité, d'aller parler à sa femme.
Le moment était certainement bien choisi, parce-que celle-ci, se mettait très rarement en colère les matins d'été.
Mais, comment pouvait-il en être sûr, Anastasia était si imprévisible.
Comme dégoûtée par la présence de son époux, Anastasia voulut s'éclipser.
" Je veux te parler, chérie. " Balbutia-t-il, afin de la retenir.
Un sourire mesquin arbora presto, les lèvres d'Anastasia. Cela faisait tellement longtemps que son cher mari, ne lui avait dit mot.
- C'est à propos de l'époustouflante voiture rouge, de l'autre jour ? Anticipa-t-elle, impatiente.
En effet, de cette voiture là, Fernando ne s'en souvenait même plus. Depuis que sa satanée maladie le dévorait le cerveau, c'est à peine s'il se souvenait de son propre nom.
- Pour la voiture, on verra la semaine prochaine, affirma-t-il, je veux plutôt te parler de quelque chose de plus important.
Intéressée, elle l'avait autorisé, par un signe de la main, de poursuivre. Tout, en dégustant son thé.
" Je vais adopter une fille. "
Anastasia recracha instantanément son thé, dans la tasse avant que celle-ci, ne s'éclate sur le carrelage.
Choquée, elle voulut d'abord savoir, si ce n'était qu'une vanne.
Mais, en dévisageant longtemps l'homme en face d'elle, elle conclut, qu'il devenait fou.
- Tu veux d'un bébé à la maison ? Questionna-t-elle, aussi confuse que Gloria, qui sortait de sa chambre, ayant été interpellée par le vacarme.
" Non, pas d'un bébé, la fille dont je parle à seize ans. "
- Quoi ?
Si Gloria Aïres avait elle aussi bu du thé ce matin-là, elle l'aurait certainement vomi sur le champ.
Si elle avait un nouveau né dans les bras, elle l'aurait laisser tomber sans brancher.
- La propriétaire de l'orphelinat m'a supplié hier, pour que je fasse quelque chose pour cette fille. Mentit-il, en regardant sa mère droit dans les yeux.
- Il y a tellement d'enfants à Rush, pourquoi la propriétaire de l'orphelinat voudrait faire adopter cette fille-là, uniquement ? S'enquit Anastasia, troublée par la situation.
- Et je connais Rush comme les recoins de cette maison, je sais que c'est un homme qui en est le propriétaire, pas une femme !
Face à toutes ces préoccupations, Fernando voulut paraître précis.
- Elle est à Torsh. Dit-il brièvement.
Savait-il seulement que c'était mal parti pour leur réputation ? Tous les riches de la région détestaient Torsh.
Pas plus tard que l'année dernière, la constitution avait d'ailleurs ordonné qu'il soit détruit, au profit d'un centre commercial international.
- Mais pourquoi acceptes-tu d'adopter une fille venant de cet odieux orphelinat pour misérables ? S'exclama Gloria.
- Les enfants de cet orphelinat sont tous analphabètes et sauvages, je ne veux pas de ça, chez moi. Déclara Anastasia.
- Vous allez malheureusement devoir vous faire à cette idée car, je suis sur le point de m'y rendre !
- Mais pourquoi t'obstines-tu à vouloir adopter cette sauvageonne, qui est-elle donc ? Voulut savoir Gloria, qui n'avait pas connu son fils aussi têtu.
Qui est-elle donc ?
Cette simple question, qui fit affreusement tressaillir Margarita, alors qu'elle ramassait les derniers débris de la tasse brisée.
Bien qu'elle n'ait pas son mot à dire dans cette dispute, Margarita se sentait fort mal aisée.
Elle avait redouté cet instant toute la nuit. Le moment où monsieur Fernando dirait à sa femme qu'il lui avait été une fois infidèle.
Hélas, celle-ci fut désolée de constater, à quel point, son patron était crochu.
- Je ne connais pas cette fille, j'ignore qui elle est. Mais, je sais qu'il faut absolument que je l'adopte !
- As-tu seulement songé à notre réputation, que ne vont-ils pas dire sur nous ? S'inquiéta Anastasia.
- L'avis des gens ne m'intéresse pas. Balanca-t-il, en s'en allant vers la sortie. Seuls mes principes comptent.
Anastasia se tourna vers sa belle-mère, qui se lamentait déjà.
Pour quelle raison, un homme de quarante cinq ans voudrait-il d'une fille tout d'un coup ?
Il avait pourtant affirmé, autrefois, que Luca demeurera son seul et unique enfant.
- Qu'a donc avalé votre fils ce matin, pour qu'il réagisse de la sorte ?
- Je pense que cette analphabète l'a ensorcelé. Confirma Gloria, la larme à l'œil.
Seulement, à la sorcellerie, Anastasia n'y croyait pas le moins du monde.
- Cette sauvageonne ne verra pas trois lunes dans cette maison, je vous le promets, belle maman. Ay elgo en ella que no me da canfianza.
- Es sólo que, cuando mi hijo se portaba mal, yo hablaba con él !
Cette histoire commençait réellement à déranger Margarita.
Tout ce qu'elle espérait, c'était que la prétendue fille de son patron n'ait pas le teint foncé.
Parce qu'à Rush, les gens au teint foncé, n'étaient pas les bienvenus.
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Esperanza Caprio
FantasyFernando Aïres, avait enfin accepté que Margréa, son amour de jeunesse à la peau foncée, remette pied chez lui, après seize années d'oubliettes. Sachant que, sa femme Anastasia ne devait en aucun cas être au courant de sa venue, au risque de déclenc...