OS

5 0 0
                                    

Stephen Strange avait vu les possibilités. Les nombreuses, très très nombreuses possibilités. Il avait vu, la moitié de l'univers rester à jamais disparue; toutes les tentatives des Avengers pour tuer Thanos, récupérer les pierres, recréer l'univers; les échecs successifs, et la destruction définitive de la Terre. Il avait vu la victoire, et son prix. Il l'avait vu une seule fois.

Oui, Stephen avait vu toutes ces possibilités. Mais entre les voir et les vivre, il y avait une réelle différence.

Peut-être parce qu'il n'avait pas vu la suite de ces possibilités. Mais aussi parce qu'en les vivant, il les ressentait.
Et il n'aurait pas cru, mais il s'était tout de même attaché à Tony.

Il avait vu plusieurs fois la vie des différents Avengers après la défaite, de plus nombreuses fois encore leur mort. Il savait, mieux que quiconque peut-être, que Tony ne voulait pas mourir. Comme Natasha, comme Vison.
Ils ne voulaient pas mourir.

Mais ils le devaient.

Leur sacrifice avait pu, (ou aurait pu) permettre le sauvetage de millions, de centaines de millions de personnes. Leur sacrifice avait permis à cet univers de continuer à exister, parmi la multitude du multivers, il avait permis à cette Terre de continuer à vivre, ce qui était bénéfique pour une grande partie de la galaxie. Et Stephen ne disait pas ça que parce qu'il était le protecteur de cette Terre. Car ce présent, malgré les sacrifices qu'il avait fallu faire pour l'obtenir, était le meilleur d'entre toutes les possibilités. Stephen le savait.

Si on avait dit à Stephen, quelques années plus tôt, qu'il irait à l'enterrement de quelqu'un, il aurait légèrement sourit. Si en plus, on avait précisé que ce serait l'enterrement d'une personne qu'il respectait, il aurait franchement rigolé. D'une part, parce que presque toutes les personnes qu'il respectait - à part la Sorcière Suprême, durant une période- étaient toutes mortes depuis un moment, et d'autre part, parce qu'il n'aimait pas les enterrements. Lui qui, en tant que médecin, côtoyait la mort tous les jours, trouvait l'idée d'une cérémonie d'au revoir tout bonnement ridicule. Les morts ne pouvaient ni nous voir, ni nous entendre.

Il n'était donc que très rarement allé à un enterrement. C'était une première pour lui, de presque pleurer le départ de quelqu'un. De voir les personnes autour de lui, réellement touchées, venir lui apporter du soutien. Il se sentait mal à l'aise. Un peu illégitime quelque part, puisque c'est lui qui avait signifié à Tony ce qu'il devait faire. Et, le pire de tout, c'est qu'il ne savait pas vraiment comment réconforter quelqu'un.

Il n'avait pas vraiment été proche d'Iron Man, et ne pouvait donc pas raconter d'anecdotes sur lui comme le reste des personnes présentes. Mais le fait qu'il soit venu avait l'air de faire plaisir à tout le monde, alors il s'en contentait.

La gerbe de fleurs venait d'être mise à l'eau, et chacun était parti, accompagné ou non, essayant de se remettre de ses émotions dans son coin. Ils étaient tous invités à boire un verre une petite demi heure plus tard, alors Stephen décida de visiter les environs. Les bois alentours étaient charmant. Il s'y enfonça un peu, sans regarder vraiment où il allait, son regard mélancolique passait sur les choses sans les voir.

- Tu es un ami de mon papa?
Une fillette se tenait en face de lui, et ses yeux étrangement secs le regardait bien en face.
- En quelques sortes.
- Pourquoi est ce que tu es venu, si tu n'es pas un ami de papa?
- C'est... Disons que je suis un collègue.
- Un collègue super héro?
- En quelques sortes.

- Ça fait deux fois que tu dis ça.
- Et alors?
- Alors... Est ce que tu sais comment mon papa est mort? Tout le monde ils disent que c'est un héros, mais pas plus .
Stephen se pencha au niveau de la petite fille, et lui murmura:
- Oui, ton papa est mort en héros. Il a empêché un extraterrestre de conquérir la terre, il a dû se sacrifier pour ça.
- Mais, pourquoi c'est lui qui est mort ? Pourquoi est ce que l'extratarrestre il voulait la terre ?

Stephen ouvrit la bouche, ne sachant pas trop ce qu'il devait dire. Il aurait pu lui parler, de la multitude des univers, des catastrophes planétaires, de la destruction de la moitié des peuples, il aurait pu parler du but de Thanos, des raisons derrière son projet, du passé qui l'avait amené à cette conclusion. Mais, ce n'était certainement pas ce qu'elle voulait entendre.

Alors il chercha quelque chose de positif à lui dire, quelque chose de personel qui pourrait un peu combler le vide que son père venait de laisser. Il fit un effort, et se concentra sur ce qu'il savait de lui. Il se rappela de tous ces autres univers alternatifs dans lesquels Tony mourait, dans lesquels Tony abandonnait, dans lesquels Tony n'avait pas de fille, dans lesquels Tony hésitait. Parmis cette multitude d'univers, la plupart avait un point commun. Tony aimait sa fille.

Puis, se penchant vers elle, Stephen lui dit:
- L'extra-terrestre ne voulais pas que la Terre, il voulait tout l'univers. Ton père était un homme très courageux, car se sacrifier n'est pas facile. C'est le seul, dans tout le multivers, à en avoir été capable. Et s'il a fait cela, c'est parce qu'il voulait protéger la Terre. La Terre, et tous ses habitants. Il voulait que tu puisses vivre, que tu puisses avoir beaucoup d'amis, et que tu sois heureuse. Même s'il n'est pas là pour le voir, tout ce qu'il voulait c'est ton bonheur.

Ce n'est qu'à ce moment que les yeux de la petite fille s'embuèrent de larmes.
- Mais je ne veux pas être heureuse sans mon papa...
Stephen était atrocement gêné, et ne savait pas comment réagir. Sa cape le fit pour lui, attirant doucement la jeune fille dans un câlin. Un peu obligé, Stephen l'entoura de ses bras, pendant que la cape lui carressait la tête.
- Comment t'appelles-tu ?
- Morgane.
- Morgane, je vais rentrer voir ta maman, et on va parler de ce que ton papa faisait quand il était vivant, pour l'honorer. Tu veux venir avec moi ?
Elle hocha la tête, et se détacha de l'étreinte de la cape.
- Oui. Moi aussi je veux lonorer mon papa.

Le seul dans le multiversOù les histoires vivent. Découvrez maintenant