Chapitre XV

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Je déboulai dans la clairière en courant quand je vis Tarkal sortir de notre chaumière, il titubait, le manche d'un couteau sortait de son ventre, il le tenait des deux mains. Il leva les yeux vers moi, son visage était tuméfié et je vis qu'il avait peur pour moi. Mais toute peur m'avait désertée, je n'étais que rage et douleur. Je courus de plus belle dans sa direction. Deux hommes sortirent de la maison derrière lui, je reconnus immédiatement à leurs yeux bridés, à leurs vêtements et à leurs lames courbes qu'il s'agissait de Konins, ils ricanaient, l'un d'eux le poussa du pied, il s'effondra.

Je ne réfléchis même pas, je sortis un couteau et le lançai. Il alla se planter directement dans l'œil du premier. Le deuxième était tellement surpris par mon arrivée qu'il ne réagit même pas lorsqu'un autre de mes couteaux lui transperça la gorge. Il s'affala dans un gargouillis humide et confus. Un troisième homme, certainement alerté par le bruit, passa alors la porte. Il vit ses deux compagnons giser dans leur sang puis son regard se tourna vers Tarkal toujours étendu par terre puis vers moi. La fureur le consumait, son visage se déforma dans un rictus de colère et il se jeta dans ma direction.

Il était particulièrement grand et massif, aussi je savais que je n'aurais aucune chance au corps à corps. En revanche il me restait la possibilité de le surprendre. Je ne ralentis donc pas en approchant de lui comme il devait s'y attendre, au contraire, j'accélérai encore autant que je le pus et au dernier moment, alors qu'il arrivait sur moi, je me jetai sous lui, sortis le couteau de ma manche et tout en glissant entre ses jambes écartées, lui entaillai l'intérieur de la cuisse. Son sang se mit aussitôt à jaillir et mon assaillant tomba à la renverse dans un cri de surprise, de douleur et d'effroi.

Je me relevai aussi vite que possible et m'élançai vers Tarkal qui gisait non loin de là. Je tombai à genoux à côté de lui et le serrai contre moi. Je sentais qu'il ne lui restait plus beaucoup de temps. Les larmes coulaient le long de mes joues. Je dégageai les mèches de cheveux qui lui recouvraient le visage et plongeait mon regard dans le sien. Ses yeux étaient remplis de tristesse, comme s'il s'excusait de me laisser seule si tôt et après tout ce qu'on avait vécu. Je ne comprenais pas ce qu'il venait de se passer :

– Pourquoi ?

Je connaissais la réponse à cette question, mais c'est tout ce que je réussis à prononcer entre deux sanglots

– Parce qu'ils nous ont retrouvés, je pensais qu'on avait été assez prudents, mais ce n'est pas le cas...

– Mais...

– Écoutes... Je ne t'ai pas tout dit sur nos origines à tout les deux, nous sommes une menace pour la royauté actuelle. Il va falloir que tu sois plus prudente que moi. Restes sur tes gardes en permanence et ne te fie qu'à toi-même. Tu n'es plus en sécurité ici, prends ce qu'il te sera nécessaire dans la cabane. Sous la pierre de l'âtre se trouve un coffre qui recèle les réponses à la plupart de tes questions et qui t'aidera par la suite. Brûle tout le reste, il ne doit rien rester.

– C'est trop tôt, on avait encore tant à partager, tu avais encore tant à m'apprendre, je ne veux pas te laisser partir, pas déjà, pas comme ça !!! Ne me laisse pas seule...

– Je suis désolé, j'aurais aimé pouvoir faire plus pour toi, je le devais, c'était ma mission... je ne pensais pas que ça arriverait, mais je t'aime, je ne regrette rien...

– Je t'aime moi aussi...

Ses yeux s'étaient fermés définitivement, j'avais envie de mourir avec lui, j'étais incapable d'envisager ma vie sans lui. Comment un tel carnage avait pu arriver au cœur même de notre havre de paix sans que l'on n'ait rien vu venir ? je n'y croyais pas, ça devait être un mauvais rêve. J'allais certainement me réveiller, il fallait que je me réveille.

Astria Tome I MétamorphoseOù les histoires vivent. Découvrez maintenant