LGDC Tragédies ~ Cycle 2 : Spirale ~ Tome 6 ~ ○ Montagnes Nuageuses ○

| Chapitre 36 |

          Tornade Spiralée et sa sœur ne quittaient pas Spirale du regard, toute cette histoire les intriguait beaucoup. Elles n'avaient aucun ressenti exact à son égard. Elles ignoraient si elles avaient de la peine ou bien de la rage contre elle. C'était leur mère, après tout... À l'issue de la bataille, trois guerriers de leur Clan avaient été gravement blessés. C'était peu pardonnable, sachant qu'elle l'avait prévue... 

 « Où va t-on vivre ? demanda un guerrier du Clan du Ciel pour briser le silence qui s'était installé.
 —  Je ne sais pas... avoua la guerrière rousse en se mordant la lèvre inférieure. 
 —  Vous pourriez vivre dans les montagnes, près du Clan de la Plaine, suggéra Plume Tombante. 
 —  Mais... vous êtes trop nombreux pour pouvoir survivre tous... fit remarquer Nuage de Discorde avec désolation. 
 —  On a qu'à en mettre à mort, marmonna Étoile de Frayeur avec un petit sourire. 
 —  Quoi ?! s'éleva la voix scandalisée d'une femelle du Clan du Ciel. Mais c'est n'importe quoi ! » 

   La foule se transforma en une sacrée cohue. Tout le monde en eut mal aux oreilles. C'était impossible que ces chats vivent tous ensemble, tous les deux-cent quatre-vingt deux du Clan du Ciel... 

 « Ça peut paraître absurde, mais c'est la meilleure solution pour qu'ils se trouvent une place parmi les Clans, observa Spirale en contemplant le sol. Ou sinon il y a une autre solution, c'est qu'ils se séparent en plusieurs Clans, mais là encore c'est très peu envisageable. C'est peut-être barbare ce que je vais dire, mais... il faut en sacrifier jusqu'à ce qu'ils tombent à un nombre correct de guerriers et d'apprentis pour un Clan. Certains pourront, dans les meilleurs des cas, rejoindre d'autres Clans, vivre solitaires s'ils le souhaitent ou même vivre chez les Bipèdes. À moins que tout le monde ne souhaite devenir solitaire ou chat domestique, il faut se dévouer à mourir. » 

   Tout le Clan du Ciel sembla plus ou moins convaincu, bien que méfiants vis-à-vis de la guerrière. 

 « Elles se passent quand les mises à mort ? questionna Petit Acajou en sortant sa tête de la pouponnière. 
 —  Pourquoi pas maintenant ? fit un guerrier tacheté plutôt blasé. 
 —  Qui est le premier ? » s'impatienta la chef du Clan des Cendres en scrutant chaque félin de l'ancien Clan. 

   Ces derniers se crispèrent sous son regard. 

 « On devrait faire plus simple, soupira Tornade Spiralée. Ceux qui veulent mourir pour leur Clan, restez au milieu, ceux qui veulent partir vivre ailleurs, à droite, ceux qui veulent rester dans le Clan du Ciel, à gauche, et ceux qui veulent aller dans un Clan, rejoignez la foule. » 

   Une grande majorité bascula vers la droite, et, après quelques échanges de paroles, ils furent bientôt aussi nombreux que ceux qui voulaient être exécutés. Seul une vingtaine de félins voulait vivre dans un Clan, dont seize guerriers. Tornade Spiralée grimaça et leur fit signe. Ils étaient un peu trop nombreux. Suite à un court débat entre eux, trois guerriers se joignirent à la foule des autres Clans. 

 « Bien, souffla Étoile d'Espoir. Ceux qui vivent ailleurs, peuvent déjà partir. Quant à ceux qui veulent mourir... 
 —  ...Ne te donne pas cette peine, je vais m'en charger, déclara Étoile de Frayeur avec un large sourire. Qu'ils viennent s'ils osent. » 

   Trois chats, un plus âgé et deux jeunes, s'avancèrent face à l'abominable meneuse du Clan des Cendres. Tout se passa très vite. Le trio remercia le Clan du Ciel pour ce qu'ils ont vécu avant de se faire achever sur-le-champ, le cou ensanglanté à cause des griffes plantées dans leur chair. Leur nuque s'était ouvert lors du contact et peu à peu ils s'étaient vidés de leur sang.
  Étoile Sanglante, et comme beaucoup d'autres d'ailleurs, préféra détourner son regard de cette scène morbide. Elle constata que ce n'était pas fini, car de nouveau, des félins de l'ancien Clan l'approchèrent, remercièrent leur tribu puis moururent. S'en suivit cette même boucle qui dura plus d'une heure.
  Seul des cris d'horreurs ou de douleur résonnaient dans la montagne, rien d'autre.
  Plus personne ne se souciait de ces nuages couvrant toute la montagne.
  Ils étaient tout simplement sous le choc.