Omniprésent

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Ce matin, mon regard perçoit le monde. Mais c'est pour mieux te voir toi. Partout. Perfidie qui me dégoûte, sans que je puisse pourtant m'en passer. Je respire mieux quand tu envahis mon monde. Je te veux, te cherche.

Où ?

C'est ton oeil, parmi ce visage inconnu. La même couleur dans laquelle se perd mon regard. Un bleu qui ne se contente pas de l'être, car du gris et du turquoise l'habillent. Et, enlaçant la pupille, de magnifiques éclats noisette teintés d'encore un peu de turquoise. Un spectacle envoûtant visible à une proximité déraisonnable. C'est exactement ce que nous étions, irrationnels. Un cadre formateur et une assistante de direction fous. Passionnés. J'oubliais souvent tes deux garçons et le corps de ta petite en construction, dedans. Mon intérieur est vide, toi aussi tu te désintéressais à ce qui t'attendait dehors.

C'est ta chevelure, là-bas, accrochée à la tête d'un autre. Des cheveux mi-longs dissimulant une partie d'une joue, d'un oeil, d'un bout d'un front, ou rangés derrière une oreille. Anciennement châtains. Un gris très doux domine maintenant, zébré par un blanc prononcé surtout aux racines. Des mèches fabriquées et plus sombres s'éparpillent là, avec parcimonie, afin de s'assortir à la barbe inexplicablement foncée. Le travail est propre. Cette couleur presque métallisée rend ton visage ensorcelant, tu le sais. Mon obsession.

C'est ton cou, à ce corps que je ne perçois qu'un instant. Pomme d'Adam et jugulaire apparentes. Le coeur bat ici, ça se voit. Et la peau anglaise plutôt pâle dont il est recouvert. Et cette pilosité perceptible à sa base qui invite à en voir plus. Et ces cheveux qui lui retombent dessus en cascade, le recouvrant juste assez pour un peu de mystère. D'attirance.

C'est ta main qui s'agite à l'extrémité d'un bras qui n'est pas le tien. Une main douce aux longs doigts. Des ongles propres coupés courts. Une peau claire que les années commencent à friper. Des veines proéminentes qui dansent et continuent sous les manches de la chemise. Des poils rares et peu visibles. Une paume pleine de marbrures sans direction ni longueur communes. Un index et un majeur qui, à force d'avoir tenu stylos, plumes et crayons, sont un peu déformés à l'endroit exact de l'impact répété. Écrire humainement, sans machine, te procurait un sentiment de liberté.

Ce matin, je te veux, te cherche.

PartoutWhere stories live. Discover now