III. Illusoire

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Dans une cité en ruine, dont il est l'ultime vestige

S'élève un manoir ancien, renommé de prestige

Les vents macabres en émanent, Illusoire est son nom

Illusoire le son de sa bise, Illusoire la seule vision

De sa sinistre façade, Illusoire la flamme de sa passion

Illusoire l'alchimie fantastique, à laquelle il répond.


Illusoire, le pendule

Qui le régule

Illusoire, cette prison

Où nous errons.


L'horloge, dans sa salle de réception

Et le cercueil, là dans son salon

La bougie, consumée

Et la fleur, fanée

Le bois craque, le couvercle caquette

L'araignée fuit, que le mouvement soufflette

Elle a tissé la toile, drapant les os éternels

Qui se dressent, sous l'impulsion de l'horreur si belle.


Illusoire, le pendule

Qui les régule

Illusoire, cette prison

Où nous errons.


Le crâne scrute, du fond de ses orbites émane

La noirceur, qui recouvre telle une membrane

La flamme éteinte de sa vie, tout écoulée

Il sourit, et ses bras offrent une fleur fanée.


Illusoire, le pendule

Qui le régule

Illusoire, cette prison

Où nous errons.


La chaleur

Mesure les heures

Réalisons que la réalité est une illusion

Nous nous enfermons, et courons après nos propres visions

Nos espérances ne sont que le fruit de notre propre imagination

Laquelle fait exister multitudes de Réalités, qui défient toute raison

Le poète les soupèse, le philosophe s'y cantonne, le physicien les poursuit

Mais ils redeviennent tous l'Homme commun, insouciant et naïf, qui leur sourit.


Illusoire, le pendule

Qui les régule

Illusoire, cette prison

Où nous errons.


Même face à la mort, nous aspirons à la vie

Nous respirons une éternité, qui ne fait que se consumer

Elle a besoin de passer pour nous faire exister

Mais nous lui devons tant, que nous ne pouvons plus nous en passer.


Illusoire, le pendule

Qui nous régule

Illusoire, cette prison

Où nous errons.


Les siècles sont passés, sans qu'aucun n'aie bougé

Et nous nous sommes bercés d'illusions, pour accepter

Que jamais nous n'assisterons à la fin, ou la non-fin, des Temps

Que nous ne pouvons que comprendre que rien nous ne comprenons

Que, sans tactique aucune, ni moindre carte en main, pour perdre nous jouons

— Que nous ne nous interrogeons que pour mieux appréhender

Notre statut de mortels immortels, depuis longtemps

Si Éternité il existe, ce n'est certainement pas nous qui pourrons la matérialiser.


Illusoire, le pendule

Qui nous régule

Illusoire, cette prison

Où nous errons.


Car les réponses à notre propre vie

Ne sont rien de plus que nos propres questions.


Illusoire, le pendule

Qui tout régule

Illusoire, cette prison

Où nous errons

Sans raison

Et sans fond.

Cher TempsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant