Dans une cité en ruine, dont il est l'ultime vestige
S'élève un manoir ancien, renommé de prestige
Les vents macabres en émanent, Illusoire est son nom
Illusoire le son de sa bise, Illusoire la seule vision
De sa sinistre façade, Illusoire la flamme de sa passion
Illusoire l'alchimie fantastique, à laquelle il répond.
Illusoire, le pendule
Qui le régule
Illusoire, cette prison
Où nous errons.
L'horloge, dans sa salle de réception
Et le cercueil, là dans son salon
La bougie, consumée
Et la fleur, fanée
Le bois craque, le couvercle caquette
L'araignée fuit, que le mouvement soufflette
Elle a tissé la toile, drapant les os éternels
Qui se dressent, sous l'impulsion de l'horreur si belle.
Illusoire, le pendule
Qui les régule
Illusoire, cette prison
Où nous errons.
Le crâne scrute, du fond de ses orbites émane
La noirceur, qui recouvre telle une membrane
La flamme éteinte de sa vie, tout écoulée
Il sourit, et ses bras offrent une fleur fanée.
Illusoire, le pendule
Qui le régule
Illusoire, cette prison
Où nous errons.
La chaleur
Mesure les heures
Réalisons que la réalité est une illusion
Nous nous enfermons, et courons après nos propres visions
Nos espérances ne sont que le fruit de notre propre imagination
Laquelle fait exister multitudes de Réalités, qui défient toute raison
Le poète les soupèse, le philosophe s'y cantonne, le physicien les poursuit
Mais ils redeviennent tous l'Homme commun, insouciant et naïf, qui leur sourit.
Illusoire, le pendule
Qui les régule
Illusoire, cette prison
Où nous errons.
Même face à la mort, nous aspirons à la vie
Nous respirons une éternité, qui ne fait que se consumer
Elle a besoin de passer pour nous faire exister
Mais nous lui devons tant, que nous ne pouvons plus nous en passer.
Illusoire, le pendule
Qui nous régule
Illusoire, cette prison
Où nous errons.
Les siècles sont passés, sans qu'aucun n'aie bougé
Et nous nous sommes bercés d'illusions, pour accepter
Que jamais nous n'assisterons à la fin, ou la non-fin, des Temps
Que nous ne pouvons que comprendre que rien nous ne comprenons
Que, sans tactique aucune, ni moindre carte en main, pour perdre nous jouons
— Que nous ne nous interrogeons que pour mieux appréhender
Notre statut de mortels immortels, depuis longtemps
Si Éternité il existe, ce n'est certainement pas nous qui pourrons la matérialiser.
Illusoire, le pendule
Qui nous régule
Illusoire, cette prison
Où nous errons.
Car les réponses à notre propre vie
Ne sont rien de plus que nos propres questions.
Illusoire, le pendule
Qui tout régule
Illusoire, cette prison
Où nous errons
Sans raison
Et sans fond.
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Cher Temps
PuisiTic, tac. Tic, tac... Nous connaissons tous ce son entêtant, entraînant, agaçant, angoissant. Cette durée limitée, ce rythme effréné, ce sablier retourné. Mais savons-nous seulement d'où il vient ? Poètes, philosophes et autres physiciens s'acharnen...