Les jours passèrent. Rien de nouveau sous le soleil. Sauf que deux mois avant les grandes vacances c'est-à-dire en Avril, Clayfe a eu une altercation violente avec un de ses camarades. C'était un jour de classe ordinaire. Clayfe avait l'habitude de mettre la bouteille destinée à ses parents dans son sac. Ainsi, une fois les cours achevés, il pourrait se rendre à la plage et la remettre aux vagues.
Après avoir bénéficiés d'une pause d'un quart d'heure, ils ont eu droit à un contrôle surprise de géographie. L'instituteur leur a ordonné de déposer leur sac juste devant le tableau. Cela n'empêche pas les tricheurs d'exercer leur besogne mais bien au contraire. Cela pimentait les choses. Ils se permettaient dans ce cas, de rédiger les parties importantes du cours avec un crayon bien taillé, pour la finesse, sur la table et ensuite de les gommer superficiellement et laisser les rayons du soleil les rendre de nouveau lisible rien que pour eux. Clayfe avait horreur de la géographie.
Alors il s'est contenté de vomir néanmoins les rares parties qu'il avait retenues. Il a rendu sa feuille parmi les derniers ce jour-là. Mais une fois dans la cour de l'école, il constate que le sac qu'il a à sa possession n'est pas la sienne. C'est soit une farce soit une erreur d'un de ses camarades espiègles. Mais au loin il aperçut un attroupement et des éclats de rire. Habituellement ces choses ne lui disaient absolument rien mais aujourd'hui, une chose bien particulière avait attiré son attention. Une chose éclatante par le biais des rayons du soleil. Et si c'était...Non ce n'est pas possible...Mais à son grand désarroi, il s'agissait bel et bien de sa « bouteille du jour » comme il aimait le dire. Il se jeta sur Léon. C'est celui qui tenait sa bouteille. Mais le gabarit de celui-ci était nettement supérieur au sein et il se dégagea sans grande peine.
-L'enfant du djinn est là. Fuyez vite ! Sinon il risque de vous transmettre sa poisse. Vous voyez la lettre qui se trouve dans la bouteille ? Ceci confirme tous nos soupçons. Es-tu sûr de ne les avoir jamais vu auparavant tes parents ? Pourtant je te l'avais déjà dit. Ils vivent non loin du marché, dans le grand baobab qui se trouve aux abords de la voie. Lui disait Léon. Tous les autres éclatèrent de rire.
-Et pour m'avoir sauté dessus tout à l'heure, j'emporte ta fameuse bouteille. Je la remettrai directement à tes parents pour toi. Ils se dissipèrent tous. Personne ne s'intéressa davantage à lui. Assis à même le sol, ses larmes ne coulèrent pas. Pourtant il avait vécu bien des humiliations mais pas de ce genre. On venait de toucher à son précieux. Son trésor. Pourtant, personne ne touche à son sésame. Ses impurs saliront son message.Sans piper, il se releva. Il éclata de rire. Il ramassa son sac, se dépoussiéra et mis en place son projet. Etant donné que la vie ne lui donnait pas ce qu'il voulait, il allait s'en charger personnellement. Le gardien qui suivait la scène était intrigué. Clayfe ne lui plaisait pas. Il le trouvait répugnant. Parfois, il lui arrivait de gober les bobards de Léon. Lui, malgré son âge partageait l'opinion selon laquelle ce gosse était un enfant du démon.
Léon était le fils d'un riche commerçant sénégalais. Lui également était mulâtre mais dû au statut de son père, il était respecté. Contrairement à Clayfe, lui il allait fréquemment rendre visite à sa mère en France. Elle travaillait dans une ONG basée à Paris. Il habitait dans une grande maison avec des servantes à sa disposition qui lui obéissaient au doigt et à l'œil.
Une fois dans sa chambre, Clayfe se détendit sur son lit et ferma les yeux. Il planifiait tout ce qui allait se passer dans les prochains jours. Il en avait marre de se faire trainer dans la boue. Il en avait plein la gueule de toutes ses moqueries. L'école le soûlait. Lui tout ce qu'il voulait, c'était de devenir un agent secret. Il voulait se trouver en amont des opérations. Echafauder les opérations. Il ne sait pas exactement quel type d'opérations mais ça lui plait de commander, de trouver des stratégies à mettre en place afin d'atteindre un but. Au réfectoire, il ne s'asseyait jamais à la même place. Il avait horreur que l'on sache à quoi s'attendre avec lui. Il ne concevait pas le fait qu'on le taxe de maniaque. En retournant dans sa chambre, il passa à l'infirmerie. Il simula un mal de ventre et alla donc se consulter. Il profita de l'inattention de l'infirmière de fortune, car c'est une des sœurs qui était chargée de leur prodiguer les premiers soins en cas de malaise, pour remplir ses poches des matériaux dont il avait besoin.
La journée du lendemain s'annonçait très longue et risquée mais pourtant il était tout excité. Il s'endormit les poings fermés tel un nouveau-né.
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Et si c'était Apaté?
Bí ẩn / Giật gânIls disent tous de moi que je suis fou, un étranger. Le suis-je vraiment? Je n'en sais fichtrement rien. La nuit lorsque tout le monde s'endort,il m'arrive de lever les yeux au ciel et de contempler les différentes constellations. Durant ces brefs m...