Léonie se sentait tellement humiliée par Apollo. Tout ça n'aurait jamais dû arriver de cette façon. Que lui était il arrivé ce jour là ? Il était pourtant différent à la fête de samedi. Mais cette après midi il était froid, glacial même. Il l'avait rejetée. Léonie n'avait jamais été dans cette situation. Elle considérait sérieusement la possibilité de bipolarité. Ou alors, quelque chose l'avait bouleversé. Mais il n'avait même pas pris l'opportunité de lui en parler. La base d'un couple n'était elle pas la communication ?
Léonie ne lui envoya pas de messages ce soir là. Elle ne prit pas la peine. Il fallait bien qu'Apollo comprenne sa colère. En même temps, elle n'aimait pas être ignorée. Alors elle regarda longuement le nom du contact en haut de son téléphone. Elle hésita. Alors tandis qu'elle essayait de prendre une décision, son téléphone s'éteint, plus de batterie, comme pour lui donner un signe. Elle sentit une sorte de soulagement contrastant avec la peur de le revoir au lendemain. Léonie ne lui envoya pas de messages ce soir là, elle posa sagement son portable sur la commode sans le brancher. Elle était trop fatiguée. Alors, elle s'écroula dans son lit sans imaginer les nouvelles qui sortiraient le matin. Les téléphones allaient vibrer toute la nuit.
Apollo avait réfléchi toute la nuit, si bien que que des légers creux contournaient le bas de ses yeux. Il voulait presque faire semblant d'être malade pour pouvoir éviter le regard des autres... le regard de Léonie... le regard de Francis. Apollo se frotta les yeux, il détestait y penser. Il détestait devoir l'affronter mais il ne pouvait pas se cacher pour toujours. Son téléphone avait vibré toute la nuit, probablement Léonie qui demandait des explications. Elle en méritait, elle méritait des explications... mais Apollo ne pouvait pas en donner si tout n'était pas encore tout a fait clair dans sa tête. Maintenant qu'il avait réfléchi, il avait sa conclusion et ça allait surement être la chose la plus dure qu'il devrait annoncer de sa vie. Mais il était courageux et il le ferait.
Apollo, malgré le stress qui lui rongeait les tripes, aborda un air paisible. Il s'enfonça dans les couloirs. Aujourd'hui tout le monde semblait agité ou alors c'était juste qu'il était lent. Le froid s'installait de plus en plus dû au début de l'hiver, alors tout le monde semblait se resserrer en petits groupes, profitant de la chaleur humaine. Il pensa au fait qu'il n'était plus vraiment confortable avec un seul groupe maintenant. Ses pensées furent interrompues par une main vigoureuse s'agrippant à son épaule. Il aperçut Léonie dans un court battement de cils avant que sa main atterrisse sur sa joue violement. Apollo recula sous l'effet du coup, la bouche mi ouverte, ne sachant quoi dire. Léonie avait les yeux un peu bouffis, rouges et une colère qu'il n'avait jamais vue avant.
« Je le savais ! »
'S'écria t'elle entre deux sanglots.
« C'est pour ça en fait que tu t'es comporté comme ça avec moi...tu me n'as jamais aimé. »
Apollo attendit un peu puis la regarda avec confusion. Il détestait la voir de cette façon.
« Si si, bien sur que si. Qu'est ce qui se passe ? »
Léonie roula des yeux, elle croisa les bras mais le bout de ses doigts tremblait.
« Arrête de faire l'imbécile. Tu sais de quoi je parle. Tout le monde sait. C'est bon, t'es content ? »
Plusieurs élèves s'étaient arrêtés pour observer la scène discrètement. Apollo posa sa main sur sa joue encore chaude. Il arbora un regard d'incompréhension totale.
« Léonie... »
Dit-il plus doucement, essayant de calmer le jeu.
« Tais-toi. Je ne veux pas te voir. »
Sur ce, Léonie trancha d'un coup sec et s'en alla rapidement. Un vent glacé la suivant. La petite foule se contenta de dire : « Oooooooh ». Puis voyant que l'action était finie elle se dispersa dans la cour de récré. Apollo ne bougea pas d'un pouce. Il ne comprenait pas. Tout le monde l'avait abandonné. Qu'avait il fait de mal ? Il n'avait pas mérité tout ça. La seule personne qui lui ne faisait surement pas encore la gueule était Vector.
Apollo décida de partir à sa recherche. Il avait besoin d'être en présence de quelqu'un, qu'on le rassure, qu'on lui explique ce qui se passait. Mais quand il arriva sous la paillote, il n'y avait que Francis. Un frisson parcourut le dos d'Apollo. Leurs yeux se croisèrent et ceux de Francis s'emplirent de dégout. Francis ne l'avait jamais regardé de cette façon et Apollo sentit son cœur se briser en mille morceaux. Il se répéta cette phrase dans la tête, cette phrase qui l'avait hanté toute la nuit...Francis ne t'aimera jamais. Et a sa plus grande surprise Francis se leva et s'avança vers lui. Apollo eut le sentiment primitif de la fuite mais ses pieds étaient scotchés au sol. Francis avait toujours l'air en colère. Et il saurait bientôt pourquoi.
« C'est vraiment dégeulasse tu sais. »
Francis leva les yeux vers lui, sa voix était calme. Ils étaient face a face. Apollo le laissa continuer.
« Elle ne méritait pas que tu la trompes comme ça...Quel lâche. »
Apollo recula d'un pas.
« Je...je ne comprends pas. »
Francis ria sarcastiquement.
« Apollo. Arrête. Tu l'as menée en bateau...je suis sûr que t'en es fier en plus. »
Francis regarda ses pieds.
« C'est bon on a compris. Tu peux te taper toutes les meufs du monde. Et alors quand il y en a une qui te fait confiance...tu la laisse tomber. Tu préfères enchainer les trophées. »
Son ton s'était attristé. Le cœur d'Apollo se figea.
« Qui raconte ça ? »
Francis se mordit la lèvre.
« Tout le monde le sait. Ils disent que tu ne t'occupes pas de Léonie. Tu la laisse tomber. Tu vas voir d'autres filles. »
Apollo serra les poings.
« Tu sais très bien que se sont des rumeurs. »
Francis secoua la tête.
« Non. Léonie a confirmé, elle est très triste. Elle m'a dit que t'avais un comportement étrange hier. Tu l'as carrément rejetée. »
Apollo avait la nausée. Qu'il avait été bête. Léonie avait raison de croire aux rumeurs car il avait été égoïste. De plus il n'avait pas le courage de s'expliquer maintenant devant Francis. Toutes les preuves se retournaient contre lui.
« Arrête. Tu sais très bien que je ne suis pas comme ça. »
Dit-il la voix tremblante. Francis le fixa.
« Je ne sais plus vraiment qui tu est. »
Il prit son sac et s'en alla, c'était son dernier mot.