18h. Léonie avait rentré ses mains dans son pull dans l'espoir de les réchauffer. Les arbres n'avaient plus de feuilles, c'était ridicule de rester dehors en plein hiver. Heureusement que le parking était vide car elle ne voulait voir personne. Assisse sur un banc elle regarda l'orage qui se préparait au loin. D'une certaine façon c'était apaisant.
Bientôt elle devrait rentrer mais elle aimait s'attarder sur le parking. Elle voulait être seule. Surtout avec la journée qu'elle venait de passer. Peut être avait elle été un peu injuste avec Apollo. Peut être qu'il méritait pire. Elle ne pouvait plus démêler le faux du vrai. Mais malgré les rumeurs, Apollo n'avait même pas pris le temps de s'expliquer. Pourquoi ne pouvait-il pas s'expliquer ? Ça augmentait les doutes de Léonie sur lui. Ça l'attristait d'avoir été aussi naïve.
La porte d'entrée grinça. Elle se retourna vivement vers le bruit. Ses yeux croisèrent ceux d'Apollo. Son sac de rugby pendait au bout de ses doigts. Ses cheveux lui tombaient au visage. Le cœur de Léonie s'accéléra. Pourquoi lui ? Le malaise ne resta pas long car il enfonça la capuche de son pull en sorte qu'elle cache ses yeux. Il s'en alla, le pas nonchalant en lui tournant le dos. Léonie soupira et colla son dos au dossier du banc. Il ne t'aime même pas assez pour s'excuser. Il t'a tourné le dos depuis le début. Léonie serra les poings et essaya de l'oublier. Mais des nouvelles larmes coulaient sur ses joues. Elle ferma les yeux très fort. Pendant un long moment. Le dos toujours enfoncé dans le dossier du banc.
Un bruissement se fit entendre a cote d'elle au bout de dix minutes. Elle ouvrit les yeux péniblement. Elle souria quand elle vit que Francis s'était installé à coté d'elle. Il était le seul a lui avoir vraiment tenu compagnie quand elle avait eu les nouvelles se matin. C'était étrange d'ailleurs, elle ne pensait pas que le meilleur ami d'Apollo serait de son côté. De plus parfois elle avait l'impression que Francis ne l'aimait pas. Mais au final, il l'avait soutenue et comprise.
« Ça va ? »
S'enquit-il.
Léonie haussa les épaules.
« Pourquoi tu m'aides comme ça ? »
« Comment ça ? »
« Apollo c'est ton meilleur ami non ? »
Francis baissa les yeux.
« C'est compliqué...je trouve ça vraiment pas sympa ce qu'il t'a fait. C'est tout. »
Léonie fronça les sourcils.
« Tu penses qu'il m'a vraiment trompée. »
Pour la première fois Francis hésita.
« Je ne sais pas...ça fait un moment qu'on ne se parle plus. Il a changé. Il en est peut-être capable. »
Léonie se mordit la lèvre.
« Je ne vois pas d'autre explication. »
« Mmm... »
Fancis regarda ses mains nerveusement.
« Je pense pas en fait. »
Léonie le regarda.
« Comment ça ? »
« Je ne pense pas qu'il soit capable de tromper quelqu'un. »
« Mais...alors... »
Francis soupira.
« Je le connais assez pour le savoir. »
Léonie le regarda fixement. Les pièces du puzzle ne se mettaient pas en place. Elle se rappela de quand ils étaient sur les gradins hier, au coucher du soleil. Quand Apollo avait repéré Francis. C'était après qu'il avait été bizarre.
« Qu'est ce qu'il s'est passé exactement entre toi et Apollo ? »
Elle semblait peut-être avoir trouvé la cause du problème. Les joues de Francis rougirent.
« C'est juste que...on se parle plus trop en ce moment. »
Léonie le regarda plus doucement.
« Est ce que je fais parti du problème ? »
Il baissa immédiatement le regard.
« Oui enfin non. Ce n'est pas à cause de toi. C'est juste moi. Moi et Apollo on n'a pas les mêmes objectifs. »
Léonie haussa les sourcils.
« De quels objectifs tu parles ? »
Francis ferma les yeux. Il resta un moment silencieux puis il regarda Léonie. Il semblait juger la confiance qu'il avait envers elle. Mais il vit bien à son air déterminé qu'elle n'allait pas abandonner. Il se décida.
« Je l'aime. Et il ne m'aime pas. Voilà. »
Léonie était à court de souffle.
« Tu...l'aimes ? Genre...pas en amitié. »
Francis hocha la tête. Il voulut s'expliquer davantage.
« Je voulait lui dire avant que vous soyez ensemble mais je n'ai pas eu le temps et puis après... »
La voix de Francis s'effaça tandis que Léonie réfléchissait à toute allure. Tout était presque mis en place. Elle pensa aux regards que lançait Apollo à Francis, leurs blagues, leurs câlins, le fait qu'il passaient beaucoup de temps ensemble... Léonie se frappa mentalement la tête. C'était pourtant tellement évident. Apollo n'aurait jamais pu la tromper avec d'autres filles...par ce qu'il était gay. Depuis le début, comment est ce qu'elle avait fait pour ne pas le voir ?
Léonie coupa Francis dans son explication.
« Lui aussi. »
Francis la regarda longuement.
« Quoi ? »
« Lui aussi il t'aime plus qu'en amitié. »
Francis souria faiblement.
« Je ne crois pas non. »
Léonie roula des yeux.
« Oh arrête. Je le sais. Ça se voit. C'est trop mignon, c'est comme dans les films ou ils sont tout les deux raides dingues amoureux mais peuvent pas le dire. »
Francis rougit.
« Je... »
« Maintenant tu vas lui dire. »
Francis secoua la tête.
« Je... je n'y arriverai jamais. Mais tu me n'en veux pas ? »
Léonie secoua la tête à son tour.
« ...Non. Je m'en doutais. Ce n'est pas de sa faute. Je suis juste contente qu'il ne m'ait pas trahie. »
Elle aggripa les épaules de Francis.
« Par contre, je vais t'en vouloir si tu ne vas pas lui dire. Donc tu le fais. Et tu le french kiss comme il se doit. Ok ? Il en a besoin. »
Francis fut surpris par son enthousiasme mais ça lui réchauffa le cœur. Elle lui sourit. Il la regarda et hocha la tête.
« Ok. »
