Il l'avait regardé avec ce drôle d'air songeur, les yeux légèrement plissés et la main posée sur sa cuisse. Il aurait voulu lui dire un tas de choses, qu'elle était si belle dans sa robe coquelicot, qu'il désirait tant plonger sa tête dans sa poitrine de verre couverte par un soutien-gorge en dentelle rouge prêtresse. Que cette pierre, ronde comme la Lune à l'équinoxe d'hiver, verte comme la forêt printanière, froide et dure, il souhait la sentir glisser contre sa chair.
Comment faire? Comment deux être muets avec leurs sentiments peuvent-ils s'avouer cette attirance si soudaine, d'abord à eux même pour ensuite essayer de s'enlacer comme deux nymphes nues sur un lit de fleurs.
"Elle m'a brisé, tu sais. "
Martin relève la tête. Elle a sursurré cette phrase, si lentement, si délicatement que les mots ont à peine résonné comme un souffle contre sa peau. Peut être pensait-elle, espérait-elle qu'il ne l'entendrait pas.
Pourquoi, alors, planter ses yeux terrestres de fragile humaine dans les siens, comme si elle lui tendait la main. Et pourtant, il sait. Il sait qu'elle ne dira rien d'autre, rien de plus, il sait que cette phrase est un avertissement, un cris muet, des larmes transparentes quelques peu brillantes, un aveux vacillant, une confidence tangente, une blessure encore infectée et luisante de sang qu'elle a décidé de partager avec lui, à lui et à personne d'autre.
Il sait ce que ces mots, poésie noire, veulent dire. Prends soin de moi, si tu savais à quel point je suis fragile. Ne me casse pas, je suis le vase en porcelaine chinois offert par ta grand-mère. Je suis la tombe couverte d'un ruisseau de roses noires, je suis le recueil poussiéreux que tu aimes tant et qui réside au grenier, dans cette vieille maison dont le sol crisse à chacun de tes pas. Je suis ta clavicule gauche, je suis ta clavicule droite, elles qui sont si minces et qui semblent pouvoir se casser dès que tu parles. Je t'en prie, ne me laisse pas tomber encore une fois, j'ai si mal au crâne. Ne laisse pas ma tête s'éclater dans un jais d'étoiles sur la table en bois.
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Danse Érotique.
De TodoNombreux sont les textes que j'ai écrit durant mon adolescence mais, malheureusement, peu ont survécu. La plupart ont été jetés, ou dans un élan de rébellion, brûlés. J'ai décidé de poster ici chaque texte que j'écrirai à partir de maintenant, pour...