Le soleil a eu du mal à se lever aujourd'hui, et les fleurs habituellement ornées de couronnes célestes, ont exaltées une odeur asphyxiante, tout droit sortie des ténèbres. D'un coup, tout s'est teint aux couleurs ternes et moroses.
Mais lorsque tu me hurlais à t'en bousiller la voix, — de mettre les voiles, je suis resté(e), car j'ai secrètement gardé une place pour l'Amour. L'écho de ta voix résonnait comme le chant des sirènes, ou l'œuvre d'un génie virtuose. La plaie s'est réouverte, comme on réouvre un album photo laissé à l'abandon. Le ciel a échoué, n'a guère pu réunir astres et étoiles pour faire renaître notre idylle. Démon m'a murmuré, — hélas depuis bien longtemps, que tu plierais bagages, que depuis ton départ, le même disque rayé tourne en rond. La maison enchantée est désormais vide, la vaisselle est souillée, et les dettes accumulent un décombre de lettres insignifiantes. Les murs ont ôtés leurs plus belle couleur grisâtre, la chaise du salon ne semble plus animée. Malheur à celui qui passera devant ce qu'on appelais autre fois « bonheur », vêtu dorénavant d'injures, de blasphèmes à outrances. Quant à nos promesses, elles vagabondent entre une partie de Tarot qui agite ce lieu tristement célèbre. Tandis que le miroir recoud ses fissures, la baignoire elle, se lamante de ne plus pouvoir épouser tes formes, si joliment dessinées au trait fin. Sans doute as-tu retrouvé une nouvelle âme sœur, qui te submerges d'éloges aussi divines soient-elles. Peut être que les anges pleurent ton absence, ou peut être que Judas s'en réjouit avec ses apôtres. Ainsi le printemps a laissé place aux beaux jours d'été, la chaleur est étouffante et le soleil me brûle la rétine.