🔶chap 5🔷

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Il s'est écoulé quinze jours depuis ma sortie de l'hôpital, et l'angoisse a remplacé la légèreté promise par ma guérison. Pas un appel, pas un message de Sergio. Le silence résonne comme un gong, une alarme qui ne s'arrête jamais. Je sais que je dois agir. Les doutes et les craintes qui me hantent m'incitent à me rendre chez ses parents, les Madison, pour obtenir des nouvelles.

La demeure coloniale, mélange de grandeur antique et de flamboyance, me semble familière, mais trop proche de mes souvenirs pour être réconfortante. En poussant la porte, je suis accueillie par Madame Madison, qui me regarde avec une expression qui oscille entre l'inquiétude et une politesse feinte.

– Bonjour, Leila.

– Bonjour, Lise.

Nous nous installons sur le grand canapé du salon, à peine éclairé par la lumière tamisée qui filtre à travers les rideaux épais. Une employée vient nous servir du chocolat chaud, la mousse crémeuse se mêlant aux petites bouchées délicates qu'elle propose. Tandis qu'elle s'éclipse, je remarque le regard préoccupé de Lise, si semblable à celui d'une mère devant un enfant malade.

– Vous n'avez pas eu de nouvelles de Sergio ? demandai-je, le cœur lourd.

Elle pousse un soupir, son visage trahit une anxiété latente.

– Ah ! Ma fille, non. Je commence à m'inquiéter, mais je ne dis rien à mon mari. Il croirait que je m'inquiète pour rien. Tu comprendras quand tu seras mère.

Ses mots résonnent en moi, un rappel cruel de ma situation. Je regrette de ne pas lui avoir parlé de ma grossesse, de ne pas avoir partagé ce bonheur fugace avant qu'il ne devienne un secret douloureux.

Tout à coup, la sonnette retentit, brisant notre échange. Lise se lève, impatiente, s'attendant probablement à voir son fils entrer, mais elle blêmit en voyant deux uniformes de police se tenir sur le seuil. Leur présence, avec sa gravité, fait hérisser le poil sur mes bras.

– Messieurs, qu'est-ce qui se passe ?

Leurs paroles murmurées et le visage décomposé de Lise prédisent une mauvaise nouvelle. Mon cœur se serre, chaque battement semblant plus lourd que le précédent. Avant que je puisse formuler une autre question, Lise s'effondre, perdant toute couleur, et les policiers appellent une ambulance.

– Qu'est-ce qu'il y a, Lise ? m'écriai-je, tremblante, ma voix se brisant sur le dernier mot.

L'un des policiers se tourne vers moi, le regard chargé de contemplation.

– Qu'est-ce qu'il y a, messieurs ?

– C'est M. Madison...

– Le père de Sergio ?

– Non, Sergio !

Mon cœur en chute libre s'arrête un instant, le souffle coupé par la terreur qui s'infiltre lentement dans mes veines.

– Qu'est-ce qui lui est arrivé ?

– Désolé, nous ne pouvons pas vous communiquer cette information. Vous êtes de la famille ?

– Je suis sa fiancée, mentis-je, la voix tremblante mais déterminée.

Un silence lourd s'installe. Il scrute mon visage, cherchant visiblement quelque chose, une vérité plus qu'un lien de parenté.

– Sergio a eu un accident de voiture et n'a pas survécu.

Les mots tombent sur moi comme des pierres, me paralysant. Mort. Accident. L'insupportable vérité s'immisce, me dépossédant de mon souffle. Je me retrouve seule avec cette réalité écrasante, incapable de faire autre chose que répéter ces mots, comme un sort noir qui se délie et qui me consume.

Trois jours passent dans un brouillard, une mélancolie glaciale. Mes amies Ruby et Marlie tentent de me sortir de mon lit, mais leur sollicitude me semble lointaine. Je reste figée, accrochée à ce qui reste de Sergio — ce petit être en moi, son dernier écho, le seul présent dont je possède encore la clé.

Chaque jour, je me promets de tout faire pour lui donner la vie que Sergio aurait voulu. Je sais qu'il aurait voulu me voir debout, forte pour notre enfant, et je finis par me lever, son image gravée dans mon cœur, une lumière dans cette obscurité.

Je crois m'être préparée à lui dire un dernier au revoir, à affronter cette impossibilité d'adieu. Pourtant, même entourée de visages

 The Dark WishesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant