Chapitre 1 : L'accident

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** Seyra**

Vous savez qu'elle est la pire place dans une voiture ? Celle du passager. Quand on est à l'arrière ça va, on ne fait pas attention, on joue, on regarde le paysage, on lit ou on est sur nos téléphones. Mais lorsqu'on est devant, à côté du conducteur, on voit tout venir, du scooter qui nous frôle sur la droite à cette vieille dame qui ne passe pas assez vite et qu'on manque de toucher.

Ce jour-là aussi j'ai tout vu venir, et certainement bien avant mon père. On roulait trop vite comme toujours mais la vitesse n'y était pour rien, peut-être qu'en allant moins vite ça se serait passé autrement, les dégâts auraient été moindre, mais on ne peut pas le savoir. Cette femme aussi dans sa petite voiture rouge allait trop vite. Je ne comprends pas pourquoi d'ailleurs, elle aurait dû être à l'arrêt. Peut-être lui manquait-il un passager pour voir les événements venir avant elle, lui dire de s'arrêter, ou au moins braquer à droite. Remarque, le fait d'avoir été la première à anticiper n'a servi à rien puisqu'il était trop tard. J'ai juste vu arriver une masse rouge, si près que jai pu apercevoir ses longs cheveux blonds et son décolleté plongeant. Elle arrivait droit sur moi, sur la droite, côté passager. Tout est allé si rapidement. Après avoir vu brièvement ces masses, jai senti ma portière taper lourdement mon côté droit. Jai tenté de me pousser le plus possible à l'opposé mais tout allait trop vite, beaucoup trop vite. En plus, ma ceinture n'arrangeait rien, elle me bloquait dans ma démarche, me forçant à rester droite, obligeant ma tête à cogner contre le siège qui, moelleux l'instant d'avant, était devenu un bois de gaïac. Si la ceinture est faite pour nous aider, elle peut aussi être source d'ennuie. Sans elle j'aurai pu me tasser assez pour éviter à la portière de me rentrer dans les côtes, aux bouts de vitres de me couper le visage et à elle-même de me tailler le cou. Au début, je ne prenais pas vraiment conscience de la gravité de la situation, pour moi tout allait bien se passer, j'allais sortir de là saine et sauve, mon père aussi, la journée aurait été gâchée mais c'est tout. Puis, jai commencé à sentir un liquide chaud me couler dessus. Il provenait de ma tempe, mon visage, mon cou, mes bras, mon thorax et d'autres parties de mon corps. C'est à ce moment précis que jai su que c'était vraiment grave.

Mon esprit a commencé à divaguer, des tas de questions me passaient par la tête, des questions auxquelles je n'avais pas encore les réponses. Tout d'abord, je pensais à mon père, je me demandais ce que lui avait, s'il allait bien ou mal, avait-il peur ou se disait-il que tout allait bien se passer ? Est-ce qu'il pense à moi ? À quoi pense-t-il ? Est-il toujours vivant ? Je l'aime tellement mon papa. Jai continué en pensant à maman, comment allait-elle réagir en apprenant notre accident, je ne veux pas qu'elle s'affole, maman est fragile et je ne veux pas l'inquiéter, elle est tout pour moi. J'ai aussi eu une pensée pour mon frère et ma soeur et tout le reste de ma famille qui allait s'inquiéter alors que tout ira bien. Ensuite, je me suis demandée qui était cette femme et pourquoi elle nous avait fait ça à nous, pourquoi elle avait fait ça tout court. Est-elle sans coeur ? J'espère qu'elle est blessée. C'est triste de penser ça mais elle nous a fait du mal volontairement alors oui j'espère quelle sera punie. Je ne souhaite pas sa mort, je ne suis pas si cruelle, mais une simple fracture ou quelque chose dans ce genre. Maman était partie avec mon cheval, j'espère qu'ils s'en occuperont bien pendant mon absence. Elle risque d'être longue, je serai à 'hôpital et je ne pourrais en sortir que dans quelques mois je pense.

Je m'appelle Seyra Parker, nous sommes le 25 octobre 2015 est cette journée aurait dû être la plus belle de toute ma vie. J'étais en route pour un des concours les plus importants de carrière de cavalière : les qualifications aux internationaux d'Australie. Je représenterais la France. On avait trois heures de routes à faire pour arriver à Fontainebleau. J'étais seule avec mon père et tout l'équipement nécessaire. Maman était partie plus tôt avec mon cheval pour avoir le temps de prendre les petites routes et éviter l'agglomération, éviter un accident. On aurait dû partir avec elle, mais je voulais dormir le plus possible pour être vraiment en forme une fois là-bas. Sans moi et ma nonchalance, mon besoin profond de dormir, on n'en serait pas là, on n'aurait pas eu cet accident. Je me sens coupable, je sais que c'est de ma faute. Mais tout ira bien, tout s'arrangera je le sais, on sera bientôt réunie ma famille et moi.

On se retrouveraOù les histoires vivent. Découvrez maintenant