Lorsque je décidai de sortir du secrétariat, la calligraphie n'était plus sur la porte. Le cœur comme une enclume, je gravis les escaliers.
Je voulais et devais me tester.
Le toit était presque vide. Daiki, Minoru et les « Men in Grey » étaient postés près des barrières, accoudés à la rambarde, observant la cour tout en discutant à voix basse. L'automne prenait fin : j'étais glacée et le brouillard n'avait pas désépaissi de la matinée.
« Vous n'avez pas froid ?
Tennoji se retourna, ses larges sourcils arqués de façon circonspecte.
— Nous, on n'a jamais froid ».
Un vent vif soufflait sur la terrasse, faisant tourbillonner les sachets de chips au sol. Je me plaçai à droite de Minoru. Contemplant l'horizon, ils commentaient les résultats d'une compétition de boxe opposant deux célébrités japonaise et thaïlandaise.
« Combien il y a de sachets de gâteaux apéritifs, par terre ?
— J'sais pas. Compte-les si ça t'amuse, fit Tennoji.
Inutile de dire quoi que ce soit, il m'aurait certainement répliqué qu'au fond, ranger le toit serait revenu à mettre du désordre dans leur chaos.
Bientôt, la conversation s'épuisa. Personne d'autre ne fit son entrée. Kensei devait se trouver au club de mécanique.
Minoru étira le bras derrière Tennoji et attrapa sur une table un sachet de chips non entamé. Deux étaient déjà à ses pieds, leurs emballages claquant au vent contre la balustrade.
— Encore en train de manger des chips...
— C'est plus fort que moi, je ne peux pas rester sans rien faire !
— Fais comme tu veux.
Minoru leva un sourcil.
— C'est tout ? Tu ne me disputes pas plus ? m'interrogea-t-il, visiblement très étonné.
— Comme tu le souhaites, répétai-je en fourrant mes mains dans les poches de mon imperméable.
Le vent qui plaquait mes cheveux sur mon visage m'empêchait de voir quoique ce soit.
— En tout cas, repris-je, je ne viendrai plus ici lorsque l'hiver arrivera.
Minoru m'adressa un petit sourire. Ses grands yeux marron pétillèrent :
— Nous non plus ! T'en fais pas, les réunions auront bientôt lieu dans la classe de Takeo. Lui, c'est vrai qu'il ne tombe jamais malade mais les autres, ils ont beau faire genre, ils crèvent vite de froid. Dans la classe, y' aura un peu plus de monde, un peu moins d'intimité mais on sera au chaud.
Je rabattis mes cheveux derrière les oreilles :
— Tu changes, Minoru. Il y a quelques mois, tu te serais moqué de moi en me traitant de nouille congelée.
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Octopus - Tome 3 : La Pieuvre a le sang bleu
Ficción GeneralLe filet autour du trafic de drogue à Nintaï se resserre. La tension monte et la loyauté entre les factions est mise à rude épreuve. Lucie se lance à corps perdu dans les abysses des relations torturées entre les étudiants et s'intéresse de près aux...