Chapitre 11

1.6K 97 17
                                    

Ambre

De légers bruits se font entendre dans l'appartement mais je suis totalement concentré sur ce que je fais. Ce que je me fais.

La douleur est si fascinante, si différente de d'habitude. C'est presque un réconfort de me faire ça, de me sentir libre de ma propre douleur. Mes gémissements sortent par mes gestes, mes larmes coulent à cause de cet horrible instrument qu'est cette petite lame: elle reflète mon âme avec sa couleur grise argentée.

Assise à même le sol de la salle de bain, je me taille les veines jusqu'à ne plus éprouver la douleur de ce que j'ai vécu hier. Il a recommencé, il a forcé le barrage que je ne voulais absolument pas qu'il franchise de nouveau. Mes hurlements n'arrêtaient pas ces gestes, tout était calculé : son emprise de ses mains autour de mes poignets, ses coups de bassin. Il savait ce qu'il faisait, ça le rendait fier de lui.

Son ego se remplissait à vue d'œil, il était si satisfait de pouvoir prendre son pied sur une personne qui n'était pas consentante. Une de ses mains a fini par quitter mes poignets pour venir serrer ma gorge jusqu'à y laisser une trace : sa marque est sur moi, en moi.

Les bruits ne changent pas de volume mais ça met égal, je suis en train de me satisfaire en voyant ce sang coulé jusqu'à former une petite flaque sur le carrelage. Cette douleur, cet épanouissement de voir tout ça : morbide direz-vous, mais vous ne comprenez sûrement pas ce que c'est de se faire prendre sans son consentement.

Une question que vous vous posez sûrement, c'est Pourquoi je n'en parle pas autour de moi ?

Ma meilleure amie le sait mais elle est totalement impuissante face à cette situation, personne ne la croirait si elle portait plainte. Tout ce qu'elle sait, c'est ce que je lui raconte. Kol peut tout nier, mon frère peut nier : tout son entourage le peut alors je ne fais rien.

Pourquoi est-ce que je n'en parle pas à Nate ?

Parce que j'ai peur de son jugement sur moi, sur ma personne. Je sais qu'il pourrait y avoir quelque chose, il pourrait m'aider comme il me l'a dit, mais les mots ne sortent pas. J'aimerais qu'il voie les faits, qu'il comprenne par mes gestes. Qu'il aille voir plus loin que mes bleus sur mon corps. Je ne peux pas le blâmer de ne rien voir, je cache mon jeu à tout le monde.

Personne n'est réellement de mon côté, plus aucune âme bienveillante ne m'entoure.

Je veux, je souhaite par-dessus tout parler de ce que j'ai vécu, de ce que je vis mais ça met impossible. Les mots restent bloquer, mes émotions me trahiraient. Et puis, comment ferais-je pour aller porter plainte ? Kol est tout le temps sur mon dos ainsi que mon frère et ses copains de beuverie.

Ma liberté est conquise, mes gestes sont contrôlés. Plus rien ne m'appartient, je suis désormais seule contre les autres. Ma vie n'est pas aussi joyeuse qu'on pourrait le croire, je suis une boule de tristesse à moi toute seule. Ma propre mère m'a reniée, mon propre père n'est plus là pour moi, mon frère est contre moi : je suis presque orpheline, sans amour familial.

Avec toutes ces choses, ces moments si tristes, je n'arrive plus à voir le bon côté de la vie, de ma vie. Pour moi, il n'y a qu'enfer et obscurité qui entourent mes mouvements, mes émotions, qui encerclent mon âme qui aimerait se rebeller contre tout.

Alors que je suis dans mes pensées, la porte de la salle de bain s'ouvre mais ça ne sert pas à m'arrêter dans ce que je fais. Je continue mes coups : une coupure, un sentiment de bien-être. Du sang coule, la douleur commence à ne plus se faire ressentir tellement j'en suis habitué. Trop à mon goût.

De suite, des mains viennent m'arracher ma lame et un essuie vient entourer mon poignet droit alors que le gauche saigne toujours. Relevant la tête, mes yeux rencontrent ceux de Nate qui sont complètement paniqués.

Do You Want To Save Me ?Où les histoires vivent. Découvrez maintenant