Chapitre [11]

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28 Juillet 1794

- Robespierre... a été exécuté...

- Pardon?

Assis sur le lit, le Corse releva la tête de son livre vers le bourguignon qui venait de rentrer et qui tenait fermement un journal entre les mains.

- Vous m'avez très bien entendu!

- Exactement, lui aussi est passé sous la guillotine.

Cela n'avait pas l'air de le choquer plus que ça, et son visage arborait cette éternelle expression stoïque. Comme s'il s'était toujours attendu à entendre cette phrase un jour ou l'autre.

- Tssk, tous ces massacres... enfin moi je n'en ai que faire, mais la France est devenu un bien beau pays..! Au lieu de faire la guerre à nos ennemis, nous nous la faisons à nous-mêmes!

Il n'eut pas de réponse.

- ....J'aime voir que vous vous intéressez beaucoup à l'avenir de notre pays.

- Je m'y intéresse plus que tu ne le crois... Je ne porte surtout pas grand intérêt à ces jacasseries futiles.

- Mes jacasseries futiles?! Robespierre vient d'être exécuté et tout Paris est en flammes!!

- Je ne veux pas te faire de peine mais c'est la vérité. Cela ne changera pas beaucoup de d'habitude, quand Paris sera-t-elle donc en paix? Jamais.

- Il faut pourtant qu'elle le soit si l'on ne veut pas se faire envahir par l'ennemi qui profitera de cette faiblesse et disparaître des cartes.

- Il nous faut un meilleur gouvernement pour cela. Et ce n'est pas avec les imbéciles que nous avons au pouvoir actuellement...

- Au pouvoir, actuellement, il n'y a plus PERSONNE!! leurs corps gisent dans les fossés!! Vous comprenez, cela?! Morts, crevés, la tête coupée, tous les membres de la Convention!

- Cette folie a tout simplement prit fin... Si j'étais à la tête du pays, ha, comme les choses seraient différentes, plus personne n'oserait nous railler! On craindrait la France!

- Tssk, vous rêvez... Un général comme vous, devenir Roi? Ce n'est pas que je ne crois pas en vous et en vos capacités, au contraire, c'est même pour cela que je vous suis, mais nous ne sommes pas dans un livre.

- Moi, roi, veux-tu rire? Ce mot est encore beaucoup trop faible pour mes ambitions! Sache un jour mon bon Junot que je gouvernerai la France, et la façon dont je la gouvernerai ne sera en rien royale. Elle sera noble, mais noble comme le meneur d'une République. Je suis amené à faire de grandes choses pour elle...

- En effet, vous rêvez bien trop... mais ça passera, moi aussi, durant mon adolescence, j'ai rêvé d'être maître du monde. Même si... Pour vous, le stade de l'adolescence est déjà bien passé... enfin, c'est bien d'avoir des rêves, même à l'âge adulte. Que serions-nous sans eux?

- Me suivras-tu dans cette entreprise?

- ...Je sens que je vais vite y passer.

- Junot tu me sembles bien sage, soudain.

- C'est juste que je ne veux pas que vous, vous y passiez, avoua-t-il en rougissant légèrement de gêne.

- Ho, tant de tendresse à mon égard me touche...

- Alors j'en ferai preuve pour vous mille fois plus que quiconque s'il faut cela pour que vous me gardiez à vos côtés et me guidiez.

- Ju... Junot...

Ces joues devinrent rouges. Ce n'était pas tous les jours qu'on lui disait de tels mots. Enfin, avec Junot... presque.

- Eh bien, mon général, êtes-vous tant gêné de l'admiration et du courage que vous générez en moi~?

Folie rime avec irréfléchiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant