Prologue

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PDV Hermione :

    La souffrance, les meurtres, la colère et la peur ont fait de moi celle que je suis aujourd'hui : une fille de 19 ans brisée, traumatisée qui essaie tant bien que mal à avancer.

Après la guerre, les mois ont défilé sans que je m'en aperçoive. Prise dans ma bulle de solitude, je me laisse emporter par le courant, en luttant juste assez pour éviter de me noyer. Les seuls signes qui montrent que le temps passe, sont les livres et les journaux qui s'accumulent un peu partout dans la maison et bien sûr les visites hebdomadaires de Luna Lovegood.
Luna, la seule personne que j'accepte de voir. La seule qui arrive à me faire penser à autre chose qu'à cette guerre qui m'a tout pris. Surtout, la seule qui atténue la douleur qui me broie la poitrine et m'empêche parfois de respirer et de dormir. Et encore, la seule à éloigner ce sentiment de solitude, même les livres que j'avale à longueur de journée n'y font rien.
Luna la seule amie qui me reste. En effet, Harry est mort à la guerre touché par un sortilège impardonnable envoyé par se lâche d'Antoin Dolohov. Harry l'a reçu dans le dos juste après sa victoire contre Voldemort. Ensuite, le mangemort a été réduit en cendres deux secondes après par Molly Weasley. Mais le mal a été fait: Harry Potter est mort. Lui qui maintenait l'espoir dans le cœur des sorciers, lui qui a vaincu deux fois l'un des plus grands mages noirs du monde, lui, mon meilleur ami, est mort.
Puis il y a Ron. Ron qui n'est au courant de rien puisqu'il est dans le coma depuis la fin de la guerre, un sortilège inconnu l'a frappé de plein fouet, juste avant la victoire. Je passe souvent le voir à l'hôpital, je lui parle, je lui raconte tout pour partager ma peine.
Il y a des moments où je rêve qu'il se réveille, je revois ses beaux yeux noisette, j'entends son rire et surtout, je l'entends râler comme avant. Puis je me réveille et me souviens qu'il n'est pas au courant.
Pas au courant pour Harry, pas au courant pour ses frères : Fred, Bill et Percy, non, il n'est pas au courant qu'ils sont morts, tous morts. Il ne sait pas non plus que sa mère est en dépression et qu'elle pleure tous les jours ce que Dieu fait sur son corps sans réaction, en priant pour qu'on ne lui enlève pas un autre fils.
Alors je suis jalouse. Jalouse de le voir étendu le visage paisible, sans signe de douleur, jalouse de son ignorance, à l'abri de la peine dans un sommeil sans fin.
Et oui, le trio d'or n'est plus, il ne reste plus que moi, la sorcière la plus brillante de sa génération. Haha la bonne blague, il ne reste plus rien d'elle, juste une coquille vide, vide de sentiments, vide de courage.
Les journalistes auraient de quoi faire la Une: "La jeune lionne de Gryffondor a peur du noir".
Et oui, pathétique.
Même Ginny m'a laissé tomber, pour fuir sa tristesse et ne pouvant supporter celle des autres, elle est partie avec Charlie en Roumanie. Bien sûr, elle m'a proposé de l'accompagner, mais j'ai décliné son offre. Partir et tout laisser derrière une solution trop facile ou trop difficile. Laisser la maison de mes parents, laisser les souvenirs, laisser Ron, non.
Alors je suis restée en espérant un changement, en espérant une raison de continuer, une raison de se battre, une raison de vivre tout simplement.

PDV Severus:

Harry Potter est mort, et je n'ai rien pu faire. Je n'ai pas su le protéger, j'ai trahi ma promesse. Voilà ce qui tourne en boucle dans ma tête depuis des mois, quand j'ai eu le malheur de me réveiller à Ste Mangouste.
J'aurais dû mourir ce jour là, mais pas lui. Lui avait un avenir, une famille à construire, des personnes qui tenaient à lui. Ça n'aurait pas dû se passer comme ça, non j'aurais vraiment dû mourir et c'est ce qui se serait passé, si cette Miss-je-sais-tout n'était pas intervenue. Sans elle, je serai en paix, sans elle, je ne serai pas bouffé par la culpabilité.
Je ne suis plus rien, je suis pathétique, je suis vide, il n'y a plus que de la colère, de la haine et de la rancœur qui remplit mon esprit.
Je suis seul, désespérément seul. Avant, j'avais mon mentor, horripilant et manipulateur certes, mais mon ami tout de même. Avant, je voyais à travers les yeux verts émeraudes d'un jeune garçon, le souvenir d'une ancienne amie, le regard d'un amour perdu depuis bien longtemps maintenant. Même ça, on me l'a pris.
Alors depuis des mois, je reste dans mon cachot, le seul endroit où je me sens chez moi. Et puis partir ? Pour aller où ? Non, je reste là cloîtré, à me défouler sur les imprudents qui osent me déranger. Je leur crache toute ma colère, mon sentiment d'injustice, ma haine de la vie. Car oui, j'aurais dû mourir dans cette foutue cabane, mais surtout, je le voulais.
Mais comme le sort en a décidé autrement, je vie. Je vis en espérant un changement, une raison de continuer, une raison de se battre encore, une raison de vivre tout simplement.


Les Âmes BriséesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant