Le Précieux.

Le Précieux - /!\ SPOILER /!\

J'ai enfin décidé de mettre cette courte fanfiction en oeuvre propre. Elle faisait partie de mon Rantbook mais bon, elle méritait sûrement d'évoluer seule, au même titre que d'autres petits écrits. Il s'agit d'un texte très court sur les aventures de Frodon et Sam, en compagnie de la tourmente de l'Anneau Unique. C'est un texte écrit il y a quelques années de cela auquel je n'ai pas voulu retouché, par respect pour l'écriture originale.

Tout se situe au niveau du Retour du Roi. 

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Il brillait aussi intensément que le plus beau des joyaux.

Frodon fit glisser son précieux entre ses doigts tremblants, sous l'emprise de son pouvoir inestimable. Son regard bleu azur se plongea dans les mailles d'or de cet Anneau maléfique. L'Anneau de Sauron. L'Anneau dominant ses confrères. L'Anneau de pouvoir.

« Il est... Dangereux... » le prévint son esprit circonspect, luttant pour garder un fragment de raison dans ce voile hypnotique. « Non... Il est grand. Oui, grand de pouvoir. Il est à moi. Mon précieux... » murmura-t-il, corrigeant ses dits infâmes tout en caressant l'objet contre sa joue froide.

Ce dernier mot fit l'écho dans sa tête. Des paroles de serpent. Serpent avide de pouvoir ondulant entre les limbes des ténèbres, manquant à chaque virage de se faire happer par les forces du mal suprême. Un écho rappelant au Hobbit un autre de ses semblables. Lui-même, abus de la puissance de l'Anneau, s'était plongé dans une profonde solitude, le dépouillant jusqu'à l'os. Il ne se souvenait d'ailleurs pas de son prénom.

« Précieux... Oui, mon précieux... A moi... » Souffla Frodon, ses yeux se perdant un peu plus dans les profondeurs ténébreuses. Dans sa cacophonie envoûtante, le Hobbit se laissa tomber à même le sol, oubliant peu à peu l'étreinte entre l'Anneau et sa main. Il continua de tenir fermement son joyau dans sa paume salie par la terre, tout en répétant sans cesse ses divagations, entrant lui-même dans une transe qu'il pensait jusqu'ici impénétrable. Seuls les gens fous y avaient accès, mais n'en revenaient jamais. Et se fut ce qu'allait faire Frodon s'il ne reprenait pas rapidement ses esprits.

Sam, dérangé par les incantations de son camarade, entrouvrit un œil. Ce qui lui suffit largement pour comprendre l'état critique de son ami. Le voyant trembler sur le sol et souffler des mots dans un jargon elfique – vocabulaire que ne maîtrisait pas Frodon pourtant, du moins à sa connaissance – Sam bondit de la pierre sur laquelle il fut bien calé puis accourut vers le porteur du fardeau, afin de le sortir de sa digression. Il le secoua tout en l'appelant mais il ne sembla pas l'entendre. Sam vit alors sa main solidement refermée, prise de secousses. Ce fut alors qu'il comprit. Le Hobbit se jeta sur la main de son ami et se dépêcha de la lui ouvrir. Il y mit toute sa force alors que Frodon résistait à ses vaines tentatives tout en hurlant : « Voleur ! Voleur ! ». Mais pour autant, Sam n'abandonna pas et alla au bout de sa démarche. Déchirant presque sa main, il l'ouvrit brusquement et récupéra aussitôt l'Anneau qu'il maintint fermement dans la sienne, toutefois attiré par sa brillance. Une si belle pièce en sa possession ne serait pas un refus. Un bel objet. Une convoitise. Comme la plus belle pierre au monde.

Cependant, sa main se referma sur l'Anneau, comme un verrou qui cadençait un merveilleux trésor : « Et pourtant, un bijou si dangereux. » Conclut-il, essayant d'oublier cette idée trop noire qui serait de le garder pour lui. Sam reporta immédiatement son attention sur Frodon qui semblait s'être calmé.

- Monsieur Frodon, vous allez bien ? S'enquit de demander Sam.

- Oui, je crois. Où est l'Anneau ? Demanda-t-il précipitamment.

Sa question eut aussitôt sa réponse lorsqu'il déposa ses grands yeux bleus sur la main refermée de son ami. Celui-ci, dans le même geste, reposa un regard méfiant sur le maître de l'Anneau qui ne détachait pas ses yeux des doigts de son camarade, pensant qu'il allait les lui arracher pour récupérer son fardeau. Au lieu de cela, il murmura entre deux souffles éraillés :

- C'est ma tâche Sam. Lâche cet Anneau.

- Vous êtes sûr Monsieur Frodon ? Je vous ai vu pourtant il y a encore quelques minutes ! Tenta de convaincre l'intéressé.

- Je vais mieux Sam. Lâche-le maintenant.

Avec ses paroles, Frodon posa sa main faible sur celle de son ami tout en le regardant d'un air suppliant. Sam s'exécuta, et libéra doucement l'Anneau de son emprise. Le laissant glisser le long de sa chaîne, l'objet retomba lourdement contre le torse du Hobbit. Les deux petits hommes soufflèrent longuement, épuisés par l'effort, puis se levèrent avec difficulté. Le manque de nourriture et de sommeil se fit sentir, tant et si bien que Sam manqua de retomber après n'avoir fait que deux pas. Frodon le regarda et s'exclama :

- Nous devons regagner notre route vers le Mordor !

- Est-ce bien raisonnable Monsieur Frodon ? Demanda Sam, sceptique devant les volontés de son ami.

- Sam. Le Hobbit s'approcha de son camarade et le prit par les épaules. J'ai choisi de porter ce fardeau. Je le ferais jusqu'au bout. Toutefois, je ne t'empêche pas de rentrer à Cul-De-Sac.

- Je vous suivrais jusque bon vous semble Monsieur Frodon. Mais je ne veux pas que vous souffriez pour cette quête.

- Si je ne le fais pas, personne ne sera en mesure de le faire Sam. Lui dit-il dans le blanc des yeux, voulant presque insister.

Sam confirma d'un simple hochement de tête et les deux Hobbits, une fois prêts, partirent vers leur lutte finale.

Les portes du Mordor.

Ou la destruction de l'Anneau.

Source /Auteur du dessin : Yuuza (DeviantArt)