Vous vous trouvez dans une pièce bien apprêté. Aux contours noirs et indicibles, et pourtant commun à vos souvenirs. Vous vous sentez à l'aise, sur un siège plutôt confortable, que vous percevez à peine. En réalité, vous ne pouviez dire si vous étiez debout, assis ou couché. Mais cela n'importait peu.
Du rideau du fond, qui avait la même apparence que le mur, en sortit une silhouette bien vêtu. Sobre et élégant, une touche familière, les cheveux plaqué et noir, le visage glabre, il vint s'asseoir en face de vous à un bureau que vous n'aviez pas encore remarqué. Un bureau modeste mais encombré. Il feuilleta un instant ses papiers, sans pour autant les regarder, et s'arrêta net. Il leva les yeux vers vous, d'un vairon splendide.Bonjour. Comment allez vous? Bien je l'espère. Désolé de vous avoir fait venir ici. J'ai quelque chose à vous raconter, cela ne prendra pas bien longtemps je vous en rassure.Il se racla la gorge.Permettez mois donc de commencer.La lumière s'éteint, et vous ne voyez plus que son visage au sein de votre esprit.
C'était il y a un temps impossible, dans un lieu qui vous sera de toute façon familier mais profondément inconnue. Il faisait une nuit bien sombre et pourtant d'une clarté singulière. Clarté porté par des étoiles resplendissantes, et une obscurité soutenue par les lumières silencieuses et endormis de la ville. Il y avait une jeune fille, vêtu d'une simple nuisette, qui était assise sur sa fenêtre, à regardé ce ciel si enchanteur sans pour autant sortir réellement de son enclos familiale. Le sommeil n'était pas présent, et au fond elle elle ne savait pas si elle le cherchait en regardant cet infinie, ou si simplement elle cherchait à rêver. Peut être les deux. Son chien gratta à la porte un instant. Peut être voulait il venir dormir, mais elle ne pouvait, il était trop gros pour dormir dans son si petit lit avec elle, et surtout ses parents ne le voulaient pas. Elle n'a jamais su pourquoi. Il y a tant de chose qu'elle ne sait pas, ni elle ni nous. Des choses qui nous dépassent tellement, que l'idée même d'en être sidéré serait risible et impossible. Au delà d'un rapport de grain de sable face à l'univers, il est question de rapport si gargantuesque, que la folie ne serait même pas en mesure de la saisir. La folie ne saisit rien, elle ne fait qu'en être victime.Soudainement, de ce ciel emplit de facettes, descendit une lumière arrachée, qui s'affaissa au sol. Durant sa chute, elle semblait tirer avec elles des faisceaux infinies, comme des lambeaux d'un ciel qu'on ne voulait point quitter, comme des éraflures insupportables et douloureuses. Ces traînées s'estompèrent dans la chute, laissant cette clarté solitaire.
La petite fille était littéralement sidérée. Son attention, mais aussi son courage avait été comme aspiré par cette chute, et elle n'osait ni fuir ni aller au devant. Mais elle ne pouvait s'empêcher de pleurer. Sur ces joues fines et d'albâtre, perlait une tristesse étrangère et indicible. Son coeur était noyé de mots et de sentiments inconnues, qui n'étaient ni d'elle ni de ce monde. Ce qu'elle ne savait pas, c'était que cette tristesse était partagé par la réalité même. A cet instant, tout être et toute chose était assaillit par cet abîme infinie, et partageait dans le silence et l'incompréhension ce sentiment.
La fumée de atterrissage se dissipait enfin, laissant apparaître une silhouette humaine, inanimée. La petite fille, comme mue par un impossible espoir, descendit de sa fenêtre par la gouttière, et commença à courir, pied nue, sur un gazon encore humide. Arrivant à la hauteur de l'étoile tombée du ciel, elle s'agenouilla et instinctivement prit sa main. Peut être pour y déceler un pou, sans pour autant réellement savoir comment faire. Et c'est là, qu'elle aperçut. C'était un jeune garçon, de son âge sûrement, dû moins déduisait elle. Des cheveux blanc, des vêtements blancs aussi, mais surtout une légère lueur. Il ouvrit légèrement la bouche, mais semblait à bout de force. Alors elle décida de le lever, se mit sous son épaule et arriva à le faire tenir debout. Et sans s'en rendre compte, elle avait déjà fait les premiers pas vers sa maison. Il était à la fois léger et lourd, comme ayant le poids d'un enfant lambda mais avec l'étrange impression qu'il était allégé. Mais surtout, sa masse ne paraissait pas importante. Comme si, même avec des kilos en plus, elle aurait eu le même entrain pour le porter. Le rendant existentiellement léger.