Chapitre [75]

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Junot tournait en rond dans sa tente. Il avait cette lettre, qu'il frappait à intervalle régulier contre sa main. Cette lettre qui le préoccupait.

- Mon... général...? Vous m'avez demandé...?

Ah, enfin! Il se retourna vers le soldat.

- En effet! J'ai demandé un soldat italien, ou connaissant une langue qui s'en rapproche, c'est bien vous? Hm, je crois vraiment vous avoir déjà aperçu....

- Oui, mon général... je me nomme Francesco, et je suis napolitain, et fier de l'être!

- Donc vous parlez forcément cette langue.

- Évidemment, mon général.

Francesco regardait Junot avec fascination. Le voir de près, seul... c'était totalement autre chose que de le voir à travers une foule. Il renvoyait quelque chose... pas forcément du charisme, mais une certaine lumière, qui ornait son visage et son sourire. Et nombre de soldats comme Francesco étaient attirés par elle comme des papillons de nuit. Et puis Andreas avait raison, c'est vrai qu'il était beau garçon. Andreas... Francesco était sûr que ce dernier donnerait tout pour être à sa place. D'ailleurs, il se questionnait encore sur la raison de sa venue ici... c'était à croire que qu'il intéressait tous les généraux. Bon, d'accord, c'était exagéré.

Junot s'avança vers lui, et fut on ne peut plus direct dans ses propos.

- Très bien ; j'aurais besoin de vous pour me traduire en français une lettre écrite en Corse.

- ...Pardon?

Francesco ne s'attendait pas vraiment à ça.

- C'est langues ne sont pas exactement pareilles mais... je pourrai tout de même en comprendre une grande partie des mots. Du moins j'essaierai et je ferai de mon mieux.

- Très bien! Je vous remercie d'avance.

Il lui tendit la feuille que Francesco commença à lire, mais il s'arrêta au bout de quelques lignes.

- Ce... excusez-moi, mais... c'est assez difficile...

- Ne venez-vous pas de me dire que le napolitain et le corse comptaient beaucoup de ressemblances?

- Si, mon général, mais... c'est que ce n'est pas la langue qui est incompréhensible dans cette lettre... mais l'écriture.

- Oh, voyons, faites un effort! Ce n'est pas la mer à boire!

Bon sang, mais cette écriture était illisible... pouvait-on déjà appeler ça une écriture?! L'auteur de cette lettre avait dû écrire avec son pied pour que ce soit si mal écrit... même un droitier écrivant de la main gauche aurait pu faire mieux.

Francesco continua de lire avant de devenir rouge de gêne.

- M-Mon Général... êtes-vous certain que ces mots vous sont bien adressées..?

- Bien sûr! Pourquoi en doutez-vous?

- C'est qu'ils sont... un peu osés...

- Comment cela? Traduisez-moi.

Francesco hésitait. Il ne pouvait tout de même pas dire de telles choses à voix haute...!!

- Alors?! Allez! Le pressa-t-il.

- ..E-Eh... "T... Ton corps contre le mien... est une immense source de bonheur et de chaleur, car c'est là d'où naît mon désir qui n'est à son paroxysme... que quand je suis... en toi... et qui ne s'éteint que lorsqu'il m'est impossible d'entendre les battements de ton cœurs... tes baisers... tes caresses... sont des rimes à mon corps qui est une poésie sur laquelle le poète que tu es rajoute des vers sensuels et érotiques éternels... tout ce avec quoi tu es né m'appartient, le matériel comme l'immatériel, et jamais tu ne seras en possession d'un autre..."

Folie rime avec irréfléchiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant