Chapitre [104]

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- Lilian, ma chérie, je pars pour Paris dans une semaine ; j'y rejoindrai mon frère qui s'y trouve déjà, nous y avons des affaires.

La jeune femme, qui était plongée dans son livre, leva les yeux vers son époux.

- Mais... me laisses-tu seule ici...?

- Malheureusement oui, ce n'est pas du repos que j'aurai là-bas.

- Je souhaite venir avec toi.

- Tu ne t'amuseras pas, nous allons présenter nos tissus à plusieurs boutiques parisiennes.

- Ce commerce est aussi le mien, et je souhaite y apporter mon aide.

- Je souhaiterais t'épargner cette souffrance. Nous serions chez un client en particulier, je n'aurais pas refusé, mais là nous allons additionner les boutiques en répétant à chaque fois le même discours, ce sera plus fatiguant qu'autre chose. Tu seras mieux à t'occuper ici, pourquoi pas en envoyant les chiffres d'affaires aux partenaires extérieurs.

- S'il te plaît... même si je ne t'accompagne pas au travail, je souhaiterais t'assister dans ce voyage.

- Je ne peux rien te refuser, ma tendre chérie... très bien, j'accepte ; mais tu vas t'ennuyer.

- Ce n'est rien, je visiterai. Puis les théâtres et opéras français doivent être intéressants. Paris est une ville où on ne s'ennuie jamais, paraît-il.

- Comme tu le désires, mon amour. Je vais demander à ce que l'on te prépare tes bagages.

~ ☘ ~

Sous la chaleur parisienne, Francesco enseignait à ses nouveaux élèves, dans la cour de derrière. Ces enfants étaient trop pauvres pour accéder à l'éducation, il s'était donc proposé de leur offrir. Il n'y avait au début que les enfants des prostituées et les enfants des rues, mais d'autres enfants du quartier étaient venus assister à sa classe. Mais cela ne le dérangeait pas, après tout, chacun était libre de venir apprendre.

Il faisait face au groupe, avec comme tableau le mur de pierre sur lequel il avait dessiné la carte de l'Italie à la sauce tomate. Oui, on fait comme on peut.

- Naples est une ville portuaire et très prisée des commerçants, dit-il en montrant la ville sur son croquis. Depuis des siècles et des siècles, elle prospère dans son commerce et dans son économie.

- Ça fait combien d'années, ça, Monsieur Francesco? Demanda un petit garçon.

- Plus de mille ans! Déjà depuis les Romains et les Grecs, vous souvenez-vous, avec Jules César, dont nous avons parlé il y a quelques jours. La ville s'appelait alors Parthénope. Mais elle n'a pas été toujours indépendante, depuis elle a vu traverser des invasions et beaucoup de rois et de reines qui on fait des alliances.

- Le premier consul, il va envahir Naples comme il a envahit l'Italie?

- Bien sûr que non! Nous avons fait la paix, Antoine. La France n'envahira plus aucun pays avant longtemps, sauf s'ils nous attaquent. Et puis l'Italie et Naples, c'est très différent! L'on n'y parle même pas la même langue et la culture y est très différente. Ne vous l'ai-je pas déjà enseigné?

- Si!!

- Enfin, revenons à notre Royaume de Naples. Il a actuellement comme Roi Ferdinand IV et Marie-Caroline. La mère de Marie-Caroline, c'est Marie-Thérèse, l'impératrice d'Autriche, et Marie-Antoinette était sa petite sœur.

- Marie-Antoinette, c'était une méchante?

- On lui a coupé la tête, comme à un cochon!

- T'es bête! C'est aux poules qu'on coupe les têtes!

Francesco riait.

- C'est trop facile de dire qu'elle était méchante, dit-il. Disons qu'elle a fait des choses qui n'ont pas plu au peuple. Des choses gentilles mais aussi des choses méchantes. Comme tout le monde.

- Moi, je ne veux faire que des choses gentilles.

- C'est très bien. Bon, reprenons, maintenant, nous allons parler de l'art et l'architecture napolitaines.

Comme il était heureux, lorsqu'il faisait la classe ainsi.

Folie rime avec irréfléchiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant