Prologue

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Que voulez vous devenir plus tard ? 

Deuxième cycle. Primaire.

Une question des plus simples.

Auquel on répond simplement.

A cet âge, on ne se sent pas encore concernés par la question.

Après tout, le "plus tard" semble si loin.

Pourtant, ce jour là j'ai eu la naïveté de répondre sincèrement.

Quelle drôle d'idée.

Une des ambiguïtés infantiles je suppose.

Les enfants sont parfois des plus étranges.

Et il a été étrange d'être enfants.

On ne se rend pas toujours compte des évidences d'aujourd'hui.

Que voulez vous devenir plus tard ?

Quand j'étais gosse, ma réponse était immédiate.

Un seul mot me venait à l'esprit.

Une seule et même réponse que je répétais à qui voulait l'entendre.

Maintenant...

Ça fait bien longtemps que plus rien ne me semble simple.

Les complications des adultes je suppose.

-Mais Shinsou ! Tu ne peux pas être un héro !

-Et pourquoi pas ?

Questions légitime, que je ne réitère plus depuis. 

-Mais parce que tu es un méchant de nature...

C'est étrange.

Dès le début de la primaire, les enfants commençaient déjà à se sentir obligés d'exprimer leurs opinions.

Leurs préjugés.

Leurs stéréotypes.

Bref, des embarras qui auraient dû faire surface du moins lors de l'adolescence.

Si jeunes et déjà si cons.

Les enfants parlent sans réfléchir.

Ils ne sont pas bêtes.

Juste inachevés.

Ils ne traitent pas l'information, ne camouflent que très peu les mensonges et les insultes indécentes.

Ils parlent.

Et c'est tout.

Le babillage est rarement hypocrite.

On pourrait penser que les relations en sont plus complexes, mais au contraire tout devient plus simple.

Comme par exemple, tu sais sur qui tu va jeter ton chewing-gum à la récré.

Mais je ne l'ai pas fait.

J'étais bien trop occupé à retenir mes larmes.

Les larmes suivent les même règles que la parole.
Aucun enfant ne peux les retenir bien longtemps.

Elles se déversent alors tout comme les remarques immatures.

Je ne regrette pas cette époque.

Même si parfois, j'ai tendance à envier la simplicité de l'enfance à la sévérité du "plus tard".

Les Fleurs Du MalOù les histoires vivent. Découvrez maintenant